ZONE ROUGE | Vécu au quotidien — Quinze-Cantons et les environs « Nou dan geeto net ! Nou santi nou anprizone ! »

– Veer et Ameena, jeunes parents : « Les couches et le lait que nous donnons à notre bébé, nous n’en trouvons  pas dans les boutiques du coin, et nous ne pouvons aller au supermarché…»

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La Caverne (depuis la Route Tranquille), Quinze-Cantons, Glen-Park, Camp-Mapou, Camp-Savanne, Henrietta, La Marie, Diolle : ces quartiers de Vacoas sont maintenus en zone rouge, bien que le reste de Vacoas/Phoenix ne le sont plus, depuis vendredi soir. Le lendemain, samedi, plusieurs des habitants de ces différentes régions ne comprenaient toujours pas totalement la situation.

« Les explications, à la télé, étaient très confuses. Et quand le représentant du commissaire de police , le CP Servansing, a donné des précisions, on a un peu mieux compris… » Mais, déclarent ces personnes, « ce samedi, quand plusieurs d’entre nous sont sortis et ont vu les barricades et les Road-Blocks, où les policiers nous ont expliqués qu’on n’avait pas le droit de traverser, là nous avons commencé à réaliser que les autorités nous ont… emprisonnés! Nou dan geto net ! » Ces personnes élaborent : « Ena baraz partou ! Pena sime sorti… Kouma pou al tir rasion ? Kot sa ? Bann ti la boutik isi la gayn inpe zafer, me pa tou… »

Le plus difficile, expliquent des habitants, « c’est pour les jeunes couples… »

Explications : « Dans la région où nous nous trouvons, expliquent deux jeunes femmes, mères de famille, l’une habitant Henrietta, l’autre, Quinze Cantons, il y a, c’est vrai, plusieurs petits commerces. Des demi-gros, comme on les appelle, couramment. Les supermarchés les plus proches, sont ceux de London Way et Abedeen, à La Caverne. »

Or, expliquent-elles, « il y a des barrages, partout. Comment s’y rendre ? Avons-nous le droit, le jour de notre sortie par ordre alphabétique, de nous y rendre, d’ailleurs ? » Ces jeunes femmes sont inquiètes, car étant mamans de nourrissons, « le lait et les couches que j’achète pour mon bébé, on n’en trouve pas dans les petits commerces du coin… Comment faire, dans ce cas ? On n’a pas prévu de stocks… On n’a pas pensé qu’on allait être comme enfermées dans nos quartiers !»

Jusqu’ici, ces personnes se déplaçaient et se rendaient dans ces supermarchés mentionnés, « de même qu’à Winners de Vacoas, qui se trouve à Réunion Road, ou même, à celui de la route Saint-Paul. Mais là, est-ce qu’on nous laissera passer ? »

Veer et son épouse avouent vivre « le même calvaire ! On comprend tout à fait ce que ressentent ces mères de famille. Nous avons nous aussi un bébé, et s’approvisionner en lait et couches est devenu plus compliqué, cette année. »

Durant le premier confinement de 2020, continue-t-il, « j’avais un gros souci parce que le lait manquait dans les grandes surfaces… Et je ne voulais pas prendre plus de deux boîtes, car je pensais aux autres parents qui étaient dans la même situation que moi. Je ne suis pas égoïste au point de ne penser qu’à moi ! »

De surcroît, explique le jeune homme, « cette année, du fait que Vacoas a été décrétée zone rouge depuis le début, ça a fortement impacté sur nos vies. » Il poursuit : « Ma femme et moi sommes tous deux employés dans une entreprise du privé, qui se trouve dans la région de Port-Louis. Depuis le début du confinement, comme je suis dans le département de comptabilité, j’avais constamment des réunions en ligne et des documents à faire suivre. Ce qui est très gérable. Mais depuis une dizaine de jours, Ameena, qui est davantage impliquée avec les commandes et les livraisons, doit être plus active, puisque avec la reprise des activités économiques, on fait davantage appel à elle. »

En temps normal, explique la jeune maman, « nous avons embauché une personne qui s’occupe de notre bébé pendant que nous allons travailler. Et là, depuis que j’ai repris le travail, cette dame, qui habite la région de Solférino, venait s’occuper de notre enfant, pendant que Veer et moi devons travailler.» Mais depuis cette semaine, « c’est foutu, Elle ne pourra traverser le barrage ! »

Rien qu’à cette idée, indique encore Veer, « depuis cette situation compliquée, et le fait que Ameena doit également faire la cuisine, être présente pour bébé, et travailler, elle a commencé à pleurer… Elle dit que la situation va aller en empirant et qu’elle va finir par faire une dépression ! Ce que je crains aussi pour elle… » Le couple explique encore que « l’unique solution qui nous reste, c’est qu’elle fasse valoir ses droits à son congé annuel. Mais ce serait perdre tous ses congés… c’est plutôt injuste ».

Dans la région de Diolle/Glen Park, plusieurs habitants sont confrontés à un autre problème commun : « Kan nou al kot marsan legim, ki nou fer ? Pey ar kart ?! », ironisent-ils. Le souci est ceci : « À part les ATM qui se trouvent à La Caverne, près de London Way et d’autres, dans le centre de Vacoas, nous les habitants de ces quartiers n’avons qu’un unique ATM qui se trouve près des locaux des bureaux de la poste, à Glen-Park. »

Et, soutient une jeune femme qui vit dans la région, « la plupart du temps, cet ATM est défectueux ! » Commentaire confirmé par plusieurs autres habitants des quartiers de la région. Vishal, qui s’y est rendu samedi après-midi, quand « je me suis rendu compte que nous étions comme emprisonnés dans nos régions et que nous n’avions qu’un ATM pour… tout le monde », confie que « quand je suis arrivé, j’étais seul, et quand j’ai fini de faire mon retrait, il y avait huit personnes qui attendaient… Dans quelques jours, ici, avec tous ces problèmes, la situation va devenir explosive. Et je peux dire qu’il y a quelques têtes brûlées, ici… Prions que les autorités rectifient le tir, rapidement, et donnent aux habitants des alternatives. »

 

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