Maneesh Gobin : le rapport prêt dans un mois…
Alteo plaide pour l’indépendance énergétique du pays
Fabien de Marrassé Enouf, Chief Executive Officer (CEO) d’Alteo, a évoqué les défis qui se posent au secteur cannier lors de la cérémonie marquant la certification Bonsucro d’Alteo, étape qualifiée de « jalon important de l’histoire de notre groupe ». Cette certification confirme, selon lui, le niveau et la qualité de la production sucrière d’Alteo et « n’a pas été reçue du jour au lendemain mais résulte de plusieurs années de travail acharné » afin de répondre aux normes strictes de Bonsucro.
Venant au contexte dans lequel opère le secteur sucrier et cannier, Fabien Enouf explique que le potentiel de l’industrie ne s’arrête pas au sucre, et qu’en ces temps où les cours du charbon et de l’huile lourde sont en constante hausse, menaçant de faire grimper la facture d’électricité, « la notion d’indépendance énergétique de notre pays prend toute son importance. » Il soutient que la bagasse, la paille de canne et d’autres types de biomasse ont un rôle incontournable à jouer dans le mix énergétique.
Pourtant, en 2015, la bagasse et la paille de canne comptaient pour 17% de l’électricité produite à Maurice et en 2020, elles ont reculé à 13,3%. « Il s’agit là de sources d’énergie locales, renouvelables, que nous devons valoriser ! » souligne le CEO d’Alteo. S’il reconnaît qu’un pas a été fait avec la rémunération de la bagasse annoncée dans le dernier budget et les travaux lancés sur le Biomass Framework, il estime toutefois que cela ne suffit pas.
Le CEO d’Alteo rappelle que les travaux sur le Biomass Framework ont été annoncés « il y a près d’un an maintenant et que nous sommes toujours en attente de conclusions ». Il affirme qu’il y a « urgence à communiquer sur ces travaux, à donner de la visibilité aux opérateurs sur la rémunération de toutes les formes éventuelles de biomasses, et surtout sur les mécanismes d’indexation afin d’éviter de reproduire un Bagasse Transfer Price qui avait du sens dans les années 80, mais qui ne représentait plus rien ces dernières années faute d’un mécanisme d’indexation adéquat. »
Davantage de visibilité permettra aussi le lancement d’essais à plus grande échelle concernant des sources de biomasse moins explorées à ce jour et à la mise en place graduelle d’un nouvel écosystème qui comprendra production de biomasse, récolte, tri et collecte de déchets verts, transformation, transport et logistique ; finalement la création d’un nouveau secteur, d’un nouveau moteur de développement économique vertueux et créateur d’emplois, fait-il ressortir. Dans le même souffle, Fabien Enouf demande « pourquoi ne pas évaluer une nouvelle fois le potentiel du bioéthanol produit localement ?» poussant ainsi l’idée d’une économie circulaire de la canne jusqu’au bout.
Il insiste qu’il faut penser aux dix à vingt prochaines années, et à la meilleure façon de préserver et de consolider l’avenir du pays : « A ce titre, il est clair qu’un mix énergétique avec moins, ou pire, sans biomasses produites localement, serait catastrophique pour notre pays qui serait alors à la merci des cours mondiaux des sources d’énergie fossile. »
Satisfait de l’annonce du zéro charbon et de 60% d’énergies renouvelables d’ici 2030, le CEO d’Alteo prévient cependant que « pour y arriver, il faudra que nous nous donnions les moyens de nos ambitions et que nous mobilisions toutes nos ressources dès maintenant. »
Le ministre de l’Agro-industrie, Maneesh Gobin, souligne qu’il y a un alignement entre la politique du gouvernement et « ce que disent les opérateurs » : « il n’y a aucune fausse note, whatever we have heard today is aligned with our policy. » Au sujet du Biomass framework, le ministre répond : “yes, it is taking a little bit longer than expected, but I am expecting the report in about a month’s time.” Il a admis qu’il y a « quelques fois de fausses notes » mais qui sont liées, selon lui, au climat : « La période de janvier à mars a enregistré trop de pluie. Il faudra voir si ça s’améliore dans les prochaines semaines. »