Une opération de contrôle à bord du bateau de pêche Perfect One, menée le précédent week-end, a débouché à la saisie de 650 kg d’ourite et 28 kg de poisson salé, entre autres. La coopérative gérant le bateau conteste cette saisie, car elle estime n’avoir rien fait d’illégal. Ayant essayé en vain d’avoir une explication auprès du ministère de la Pêche, la coopérative a porté plainte au poste de police du port pour saisie illégale.
Accompagné de son conseil légal, Me Mahen Saulick, Eshan Hoosenee, secrétaire de la Colette Blanche Offshore Fishermen Cooperative Society ,a porté plainte contre les officiers du Fisheries Protection Service du port pour saisie illégale. Les représentants de la coopérative ont essayé en vain, pendant deux jours, d’avoir une réunion d’explication.
Judex Rampaul, qui fait partie de la coopérative, explique : « le bateau est arrivé au port dans la nuit de dimanche. Les officiers ont vérifié le log book et le capitaine y avait bien précisé qu’il y avait 650 kg d’ourite. On nous a fait comprendre que ce n’était pas autorisé et nous avons été contraints de rayer les ourites du log book. Ceux-ci ont par la suite été saisis. »
« Or, nous ne sommes pas en période de fermeture de la pêche à l’ourite actuellement. Celle-ci dure en effet du 15 août au 15 octobre. La raison évoquée est que nous n’avons pas de permis pour pêcher l’ourite. Ce qui est une aberration, car si nous, pêcheurs mauriciens, n’avons pas le droit de pêcher l’ourite pour notre population, qui peut le faire ? » Il précise que cette question avait été évoquée au ministère de la Pêche lors de l’octroi du permis. « On nous avait dit que cela pourrait compter comme by-catch. D’ailleurs, les bateaux étrangers pêchant dans nos eaux ont bien des by-catchs », ajoute-t-il.
Il n’y a pas de permis spécial pour pêcher l’ourite à Maurice. « Les pêcheurs côtiers pêchent l’ourite avec leur carte de pêcheur artisanal. Pourquoi ceux qui pêchent en haute mer ne peuvent le faire ? » Et même s’il fallait avoir une permission spéciale, dit-il, le ministère aurait pu le préciser sur le permis. « Nous n’avons rien fait d’illégal. Au contraire : nous avons joué la carte de la transparence en le précisant sur le log book. »
Le président du Syndicat des pêcheurs rappelle également que dans son discours du budget 2022-2023, le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, avait déclaré que Maurice importe trop de poissons et que c’est pour cela qu’il donnait des facilités aux coopératives pour acheter des bateaux semi-industriels. « Aujourd’hui, le ministère de la Pêche vient faire tout le contraire en limitant nos activités. Est-ce pour privilégier les importateurs d’ourite ? » dénonce-t-il.
Lors de l’opération, 28 kg de poisson salé ont également été saisis. Judex Rampaul rappelle que lorsqu’ils font escale à Saint-Brandon, les pêcheurs en profitent pour saler du poisson. « Là également, ils n’ont rien fait de mal. Aujourd’hui, on vient mettre des bâtons dans les roues de personnes qui sont en train de gagner leur vie honnêtement. Est-ce ainsi qu’on veut aider le secteur de la pêche ? »
Judex Rampaul déplore également que suite à cette opération, une vidéo montrant le Perfect One arrivant au port dans la nuit, avec pour titre pêche illégale, a été diffusée par certains médias. Il se demande ainsi qui a fait cette vidéo et si c’était planifié d’avance. « Venir ainsi taguer nos pêcheurs, qui ont eu une dure campagne hivernale, de pêche illégale relève d’un manque de respect. De plus, je le répète, ils n’ont rien fait d’illégal. »
Il concède toutefois, qu’il y avait bien quelques poissons catégorisés Under Size qui ont été saisis. Il explique qu’il peut en effet arriver que de plus petits poissons soient aussi pris dans les casiers, comme c’est le cas d’ailleurs pour les gros bateaux industriels.
Pendant deux jours, les membres de la coopérative ont essayé d’avoir une réunion d’explication avec le ministère de la Pêche sur cette affaire. « Pendant combien de temps nos pêcheurs locaux seront ainsi inquiétés pour rien. J’espère que le ministère de la Pêche viendra nous préciser qui a le droit de pêcher l’ourite dans notre zone économique exclusive», fait-il comprendre.