À l’Alliance française : Les Gaillarts, ou la créativité foisonnante

L’Alliance française de Maurice, sise à Bell-Village, a accueilli fin octobre l’exposition d’envergure Tour des îles 2025 : 70 œuvres picturales de 25 artistes du groupe Les Gaillarts, qui sillonnent l’île tous les mois pour peindre un lieu sur le motif. Une motivation qui génère une interfertilisation entre les pratiquants et que le public, amateur d’art a pu admirer le temps de la petite semaine d’exposition.
S’il y a des noms qui reviennent et qui sont associés à des techniques artistiques particulières, cette 3e exposition d’envergure des Gaillarts, depuis sa création, en 2022, réunit des œuvres originales où ils en explorent d’autres avec des résultats éblouissants, à l’instar des travaux de l’instigateur du projet lui-même, Siddick Nuckcheddy. Ce maître-pastelliste de renommée internationale montre ainsi trois huiles (La Mangrove, Rivière La Chaux et la rivière Tombeaux), tout aussi imposantes que ses pastels.
Sa signature ne change pas. À se demander dans un premier temps ce qui rend le travail spectaculaire. Loin de la douceur sobre du pastel sec où l’artiste explore le clair-obscur avec une habileté remarquable, incorporant d’autres effets à son travail, ces trois toiles captivent le regard par la brillance du vernis sous la lumière. Le visiteur se rend vite compte qu’il ne se trouve pas devant un pastel sec. Le choix de l’artiste, qui continue d’explorer d’autres techniques, est motivé par une multitude de facteurs, dont celui du climat, surtout la pluie, fait-il ressortir au Mauricien.
Bernard Charoux, qui a longtemps exposé des aquarelles rehaussées à l’encre de Chine, montre cette fois deux aquarelles pourtant quelques touches de pastel sec. Cela fait quelques années, soit depuis qu’il s’est joint aux Gaillarts, qu’il a commencé à expérimenter cette technique mixte. « Ce n’est pas systématique. Si je vois que cela demande une petite touche de pastel sec, je l’ajoute », soutient-il.
Un mélange de techniques qui se marie bien. « Il est bon de connaître le médium, mais ce n’est pas le plus important. Le plus important est de pouvoir s’exprimer et le résultat. ». Pour lui, le fait d’être dans le groupe et de voir travailler d’autres artistes avec des médiums différents donne des idées. « On peut faire des expérimentations. D’ailleurs, moi-même j’ai eu l’idée d’intégrer le pastel sec dans mon travail en regardant mes confrères, et cela a engendré ce résultat. »
Outre le fait de favoriser de nouvelles idées, ce côtoiement sert donc sans nul doute à faire tomber les barrières. Plus aucune peur pour expérimenter et intégrer de nouvelles techniques à son art ! Pour Bernard Charoux, « cela donne lieu à des résultats dus parfois au hasard ». Ajoutant : « Ce qui est intéressant, c’est qu’on peut aussi rattraper des erreurs, même pour les artistes expérimentés. On les met à son avantage; au lieu de dire que ce tableau est raté, je le mets de côté et j’en commence un autre. »
Sous le pinceau de Manoj Munbodh, ingénieur de carrière qui s’est joint aux Gaillarts il y a trois mois, le visiteur découvre trois huiles (Racines et reflets, Terre en vue et La barque de Ville-Noire). L’art est pour Manoj Munbodh une passion. « Depuis que je suis enfant, je m’intéresse à la peinture, mais je n’ai jamais eu l’occasion d’en faire. » Ainsi, à la retraite depuis quelque temps, il décide de s’y mettre, commençant par l’aquarelle.
Autodidacte, Manoj Munbodh s’est beaucoup documenté sur YouTube pour développer son art. Après avoir suivi un cours au Centre culturel d’expression française, où il a eu l’occasion d’apprendre plusieurs techniques, sauf la peinture à l’huile, il décide de se lancer dans ce médium de prédilection, notamment pour le résultat qu’on en obtient. « C’est beau ! Cela donne une certaine texture », dit-il.
Encore une fois, YouTube devient son allié. Une fois plus à l’aise, il se joint aux Gaillarts. « On sort une fois par mois. Je peins sur les motifs et j’essaie d’en faire le maximum à l’extérieur. Les touches finales sont réalisées à la maison. »
La majorité des participants ont ainsi montré trois œuvres travaillées selon la technique et le médium de leurs choix. Une véritable merveille pour les sens.