L’artiste-plasticien Saïd Hossanee expose 40 tableaux pour commémorer les 40 ans de la mort de Malcolm de Chazal, artiste, poète et écrivain mauricien décédé en 1981. L’exposition a lieu à l’Alliance française de Maurice, à Bell-Village.
En raison des restrictions sanitaires, l’exposition n’a pu avoir lieu l’année dernière, fait ressortir Saïd Hossanee au Mauricien. Or, les restrictions sanitaires, notamment avec les deux confinements qui se sont succédé en 2020 et 2021, ont favorisé l’émergence de cette exposition d’art inédite, inspirée de l’homme et de son art et ses écrits. « Pendant le confinement, j’ai fait une série de gravures. Et comme je m’ennuyais parce que je ne pouvais pas sortir, j’ai repris “Sens plastique” (Édité en France en 1948, Ndlr), que j’ai relu à plusieurs reprises. À partir de ce livre et de “Pétrusmok”, j’ai fait une série de compilations des pensées de Malcolm, dont je me suis inspirées et que j’ai reprises sur chaque toile peinte », affirme l’artiste au Mauricien.
Saïd Hossanee a démarré avec une vingtaine de tableaux sur papier. « C’était des petits formats et je ne m’épanouissais pas. J’ai alors fait une deuxième série sur des toiles de grande dimension », indique-t-il.
Pour l’artiste, le lieu d’exposition est symbolique : « La première exposition en hommage à Malcolm de Chazal pour son centenaire était à l’Alliance française. Je me suis dit : “pourquoi ne pas en faire une deuxième là-bas ?”. » Parmi les 40 tableaux exposés, le visiteur aura ainsi l’occasion de revoir la majestueuse œuvre intitulée 50 motifs et 50 pensées de Malcolm, qui fait 145 x 290 cm. Un travail entamé en 2002 et achevé en 2014.
Pour cette exposition-hommage, Saïd Hossanee a gardé le style de Malcolm, mais en y apportant sa touche singulière, avec tantôt des traits qui lui sont propres, tantôt du collage. Il explique : « J’ai ajouté des détails qu’on ne verra pas dans l’œuvre de Malcolm. Aussi, il travaillait à la gouache sur le papier, et travaillait à la prima : chaque espace avait une couleur déjà définie. Moi, je travaille des motifs, je rajoute des détails dessus, je travaille à l’acrylique. »
Saïd Hossanee a découvert Malcolm de Chazal l’artiste en 1972. Il avait alors 19 ans et fréquentait la bibliothèque du Centre culturel d’expression française (CCEF), à Curepipe. « Comme tous les samedis j’y étais, j’ai vu une exposition de gouache avec des couleurs fortes. J’ai demandé aux plantons qui était cet artiste, et ils m’ont dit que c’était Malcolm de Chazal. J’ai bien aimé ces œuvres et les motifs me sont restés dans la tête. J’ai ensuite trouvé un livre sur les peintures de Malcolm de Chazal, signé Guillemette de Spéville, et dont le titre était “L’île Maurice, protohistorique, folklorique et légendaire”. Je l’ai acheté et il m’a permis de me familiariser avec les œuvres de Malcolm et de connaître ses pensées. Plus tard, j’ai acheté “Sens plastique” et “Pétrusmok“. “Sens Plastique” m’a marqué, j’ai dû relire le livre une quinzaine de fois. »
Saïd Hossanee se définit comme un peintre thématique. Il se souvient d’une exposition collective où les artistes devaient s’exprimer sur l’harmonie du peuple mauricien. « J’ai incorporé dans ce travail un dodo, et par la suite j’ai remarqué que cela ressemblait au style de Malcolm. Cela m’a permis de pousser ma réflexion davantage, ce qui m’a amené à l’exposition de 2002, pour son centenaire. »
La présente exposition est visible dans la salle polyvalente de l’Alliance française, à Bell-Village, jusqu’au 29 octobre. Les samedis, l’exposition est ouverte de 10h à 12h. Elle est fermée les dimanches et les jours fériés. L’entrée est gratuite.