Cris, pleurs et anxiété étaient au rendez-vous hier à l’hôpital Sir Seewoosagur Ramgoolam (SSRN), à Pamplemousses, où les familles des victimes du naufrage du remorqueur Sir Gaëtan Duval ont laissé éclater leur émotion. Très tôt le matin, les proches des victimes s’étaient en effet rendus à l’hôpital pour s’enquérir de l’état de santé de trois membres de l’équipage du remorqueur, arrivés, eux, vers minuit. La famille Bheenick de Bon-Accueil s’était aussi déplacée pour venir chercher le capitaine du bateau.
Les proches se sont rendus à l’Intensive Care Unit (ICU) et autres salles d’admissions sans pour autant obtenir d’informations précises sur la présence ou non du capitaine du bateau, Mowsadeck Bheenick, à l’hôpital. Âgé de 58 ans, ce dernier est père de deux enfants. Son neveu, Nabir, est inconsolable, déplorant en effet que les membres de la famille aient été informés tardivement de cet accident en mer.
« C’est après 12 heures qu’on a appris la disparition de mon oncle. C’est très regrettable. Je souhaite que justice soit faite pour savoir qui a donné l’ordre de faire ce remorquage en pleine soirée. En sus de cela, je demande à savoir qui a autorisé cette embarcation à faire une telle opération. Je veux que justice soit faite », lance-t-il.
Plus loin, toujours à l’hôpital, se trouvait la famille Eleonor. « Peser finn gagn letan al tir dimounn ki Coast Guard pa ankor vini. Pa bon ditou sa ! » explique un membre de la famille. La fille de Mowsadeck, elle, n’a pu contenir ses larmes. Elle explique ainsi que son père lui avait dit quelques mots avant de prendre la mer le jour du drame.
Eric, fils d’Elvis, un membre de l’équipage, confie pour sa part que l’état de santé de son père s’est amélioré, se disant malgré tout très affecté par le fait que celui-ci soit resté dans l’eau « pendant de longues heures ». Il explique avoir appris de son père que le remorqueur se trouvait à côté de la barge lorsque l’accident s’est produit. « Kan barj-la finn tap ek lacok remorker-la, lerla finn fer enn trou dan bato-la », explique-t-il. Son père, dit-il, travaille comme marin depuis « plus de 30 ans » et opère pour le compte de la Mauritius Ports Authority depuis « plus de dix ans ». Il poursuit : « Des gens m’ont expliqué que c’est un hélicoptère de la police qui est venu secourir mon père. Li finn resi debatt mem si lao sink her tan li finn rest dan delo. Letan li finn sorti, li ti in pe inkonsian. Li ti finn perdi nosion ler. »
Il devait également souligner que c’est la première fois que son père fait face à ce genre de temps en mer. « Letan pa fer li per. Li temerer. Li pa per travay. Li sor vaiker dan tou kalite sitiasion », reprend-il, expliquant que son père s’en sort avec « quelques égratignures » sur le corps et qu’il « se porte bien ». Ce qui ne l’aura pas empêché d’être mis sous respiration artificielle « un certain temps, car il souffrait au niveau des bronches », et ce, « sans doute parce qu’il avait avalé de l’eau de mer ». Il souligne aussi qu’après l’accident, certains membres d’équipage étaient « inconscients et ne répondaient pas à l’appel ».
Yan Sun Fong Kwong Fo, 54 ans, un autre membre de l’équipage admis à l’hôpital, admet de son côté avoir eu « beaucoup de chance ». Même si hier, il disait être « toujours sous le choc ». De son côté, le directeur de l’hôpital, le Dr Bhoosun Ramtohul, a rappelé que, depuis, hier, trois membres de l’équipage du remorqueur ont été admis. « Leur état de santé est stable. Ils ont reçu aussi la visite de psychologues Quant aux deux personnes décédées, leurs corps se trouvent à la morgue, et cela ne tombe pas sous ma responsabilité », a-t-il expliqué.