Guerre qui s’éternise en Ukraine, génocide institutionnalisé à Gaza, guerre économique instituée par un président américain devenu hors de contrôle, haute tension entre l’Inde et le Pakistan, conflits armés au Nigeria, en Éthiopie, au Soudan, combat contre des virus et variants émergents… Les conflits font rage sur la planète. À cela, l’on pourrait aussi y ajouter les multiples crises sociales, la montée générale de l’extrême droite, l’invasion des cartels de drogue, les trafics en tout genre, et on pourrait ainsi continuer longtemps. Pourtant, au risque d’en choquer plus d’un, tout cela n’est rien, ou alors si peu de choses. Sans dire, comme le disait un ancien dirigeant de parti français récemment décédé (l’homme autant que le parti), qu’il s’agit là de « détails de l’histoire », toutes ces atteintes à la liberté, et à la vie en général, pèsent très peu face à la probabilité de plus en plus grande de voir disparaître à relative courte échéance toute trace du vivant de la surface du globe.
C’est pourtant ce qui nous attend si nous ne changeons pas immédiatement notre « perception de l’urgence ». Ce n’est en effet un secret pour personne que la planète se réchauffe, au point que chaque année, la hausse des températures s’accélère à des niveaux alarmants, allant même jusqu’à dépasser les projections des climatologues. Ce qui se vérifie d’ailleurs depuis 2013, chaque année surpassant à chaque fois la précédente pour devenir « l’année la plus chaude enregistrée dans le monde depuis le début des relevés ». Et 2025 semble hélas prendre la même trajectoire. D’où la question : combien de temps durera encore le réchauffement climatique ?
Avant d’y répondre, encore faut-il d’abord en connaître la cause et fixer certains paramètres. Fort heureusement, l’origine du phénomène est connue depuis longtemps, puisqu’il s’agit des activités humaines (et non d’un phénomène épisodique naturel, comme la planète en a déjà vécu), et plus particulièrement de nos émissions de gaz à effets de serre. Avec pour seules solutions donc de réduire nos activités, et par ricochet nos émissions (CO2, CH4, etc.), et de généraliser des sources énergétiques non polluantes, existantes ou encore à inventer. Quant aux paramètres, il s’agit d’abord de savoir si nous sommes prêts à enclencher la généralisation de ces solutions et, si oui, quand nous le ferons. Deux sous-questions essentielles et qui, pour l’heure, n’ont toujours aucune réponse. Et auxquelles viennent s’ajouter d’autres sources de réchauffement naturel, comme El Niño, La Niña ou l’activité solaire.
Ceci étant clarifié, nous pouvons désormais tenter de répondre à la question principale, à savoir de situer dans le temps le moment où nous retrouverons un taux de réchauffement nul, voire retrouverons les températures moyennes qui prévalaient sur l’ensemble de la planète il y a encore quatre ou cinq décennies. Pour ce faire, imaginons le scénario le plus optimiste (certains diront utopiques) où nous arrêtions subitement, et immédiatement, d’émettre des gaz réchauffant. Que se passerait-il alors ? Si cette question fait toujours débat, certains scientifiques l’ont déjà abordée, et même si leurs réponses diffèrent, tous s’accordent à dire, dans les grandes lignes, que le changement ne sera pas pour tout de suite. Car le climat prend… du temps pour évoluer, dans un sens comme dans l’autre.
Ainsi, selon Climate Adam – nom d’emprunt d’un climatologue britannique exerçant sur les réseaux sociaux –, la réaction de l’océan et de l’atmosphère ne sera pas immédiate, et la température mondiale continuera de monter avant de finir par stagner. Oui, mais combien de temps cela prendra-t-il ? Eh bien au moins plusieurs dizaines ou centaines d’années, estiment d’autres scientifiques. Et ce, même si la Nasa (mais elle fait presque cavalier seul) opte, elle, pour une vision plus court-termiste.
Encore une fois, l’on ne parle ici que de stagnation, autrement dit du maintien de températures hautes dans un espace de temps indéfini, mais aucunement d’une baisse des températures mondiales. Oui, mais alors, quand pourrait-on espérer vivre à nouveau les étés et les hivers d’antan sans s’inquiéter de bouleversements soudains ? Probablement pas avant 2500, voire l’an 3000, répond le Climate Portal du Massachusetts Institute of Technology. Autant dire qu’il vous faudra nous armer de patience. Preuve que la célérité avec laquelle l’homme aura détruit son environnement ne connaîtra jamais de similitude temporelle contraire, quand bien même nous retrouvions un tant soit peu de lucidité. Et que, réchauffement aidant, les carottes sont déjà cuites et archi-cuites à ce sujet !
Michel Jourdan