ACCA Budget Forum – Pierre Dinan : « Nous devons être très prudents avec la dépréciation de la roupie »

-       « Quite damning » si le Climate Levy de 2% est appliqué au Global Business, affirme Dheerend Puholoo (PwC) -       GIFT City, une menace grandissante pour Maurice, d’après le fiscaliste

Rendez-vous très attendu chaque année par les comptables et économistes, l’ACCA Budget Forum a encore une fois fait salle comble lundi soir. L’impact des mesures annoncées – ou pas – a été abordé. D’emblée, la Head of ACCA Mauritius, Madhavi Ramdin-Clark, a évoqué l’objectif du Produit intérieur Brut (PIB) à Rs 1 trillion, lancé par le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, soulignant qu’il « faut garder en tête la valeur de la roupie lorsqu’on cible cet objectif. » La valeur de roupie est d’ailleurs revenue comme un leitmotiv au cours de ce forum. De plus, la hausse constante de la Basic Retirement Pension a été qualifiée de « very serious problem » par l’économiste et comptable Pierre Dinan.

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L’économiste a analysé les chiffres et projections budgétaires, avec un PIB qui devrait atteindre Rs 800 milliards l’année prochaine, puis Rs 1 trillion en 2026, « bearing in mind that rupees are not the same year after year. » Il a parlé du taux d’investissement, du niveau du compte courant et des External Reserves, sans oublier la Public Sector Debt qui est à Rs 460 milliards et qui atteindra Rs 502,8 milliards l’an prochain.

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Au chapitre des revenus de l’État (Recurrent Revenue), ils s’élèvent à Rs 173,4 milliards, incluant Rs 153,5 milliards de taxes. L’économiste a fait ressortir que « in our system, direct taxes are much lower than indirect taxes. Overall, approximately one third of taxes are direct taxes and two thirds are indirect taxes. I leave you to conclude whether this is fair or not.»

Pierre Dinan a parlé des dépenses en hausse entre 2023/24 et 2026/27, dont +10% de plus pour l’éducation, + 33% pour l’économie bleue et +57% de plus pour le Land Transport : « I leave you to imagine what for… The Metro is behind all that. »

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La valeur de la roupie donne une autre perspective

Au sujet de la dépréciation de la roupie, un volet très suivi par l’assistance, il a affirmé que « nous devons être très prudents avec la dépréciation. La valeur de la roupie dégringole chaque année.» D’après son analyse, la roupie a cédé 14,14% en 2015, puis 15,7% en 2016. Il a compilé tous les chiffres par la suite, mais ne les a pas tous mentionnés. En 2021, la roupie s’est dépréciée de 35,5%, ensuite de 44,1% en 2022 et enfin de 46,9% en 2023, « this is just to show you how we need to be very careful. La valeur de la roupie donne une autre perspective à tous les chiffres avancés par le gouvernement. »

Dheerend Puholoo, Tax Leader chez PwC, a parlé de la CCR Levy (Corporate Climate Responsibility) de 2% pour les entreprises dont le chiffre d’affaires est supérieur à Rs 50 millions, et se demande si cette taxe va s’appliquer aux entreprises du Global Business, « qui traverse une passe difficile avec le BEPS et le Global Minimum Tax etc. It is quite serious.» Il précise que si cette taxe s’applique au global business, « it will be quite damning. »

« If we don’t react quickly…”

À l’heure des questions, Premila Dewoo, Chief Financial Officer d’IQ-EQ, qui animait le débat, lui a demandé de préciser son propos, surtout que le Global Business fait face à une rude compétition venant notamment de certaines juridictions et de GIFT City, et Dheerend Puholoo a joué cartes sur table en répondant que : « we need to improve. Coming with a Blueprint is an acknowledgement that we have a serious problem. BEPS has been a tough change. We have managed to make the business survive, but OECD is not satisfied and has come up with the Global Minimum Tax. We have yet to feel the effect of the GMT… If we don’t react quickly, it will be very difficult for Mauritius.”

Le Tax Leader de PwC a évoqué sans détour la menace grandissante de GIFT City pour la juridiction de Maurice, qui est IndiaCentric » : « GIFT City is a bit struggling in terms of getting its marks, but once they operate full swing, I think we need to forget about investments in India through Mauritius.” Il a ajouté que “I am afraid we might be late, unless Africa opens. But it is a difficult ground, there are many issues starting with connectivity.”

Il a mentionné les exemptions fiscales sur la vente d’actifs numériques et de jetons, comme une bonne initiative, « this measure is welcomed, it is an opportunity to sell Mauritius as a platform for virtual assets ».

Irshad Mallam-Hassam, Managing Director de Realign Consulting Services, s’est montré un peu déçu par le budget, surtout sur le plan du développement technologique, « there could be much more. » Pour lui, ce secteur pourrait devenir un important pilier économique, « provided we put the right strategy. » Car il ne faut pas négliger le potentiel de croissance que donne la technologie si une stratégie appropriée est déployée dans le pays : « Le ministre des Finances l’a lui-même reconnu lorsqu’il a parlé de Blueprint de 5 ans, c’est une façon d’admettre qu’il manque une stratégie pour le secteur. » Il aurait également souhaité des Bold Measures en matière de facilitation des affaires, afin d’attirer des investisseurs à Maurice.

À l’heure des questions, Pierre Dinan était interrogé sur le manque de main-d’œuvre, la population vieillissante et le coût du paiement de la pension qui est en constante hausse. Il a répondu que « you all know the answer… concerning aging population, we are very late as the birth rate started going down since 1995, many years ago. Now we are realizing, and the youth is going abroad also so we are left with an ageing population. It is a serious matter, and we have to bear in mind, this question of pension is a very serious problem ».

 

 

 

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