Deux protagonistes confirment la réunion secrète chez Hassen Fakim
– Pressions sur le DG par intérim de la FCC quant à une communication présumée avec l’ex-commissaire Junaid Fakim
Deux protagonistes ont confirmé la tenue d’une réunion au domicile de Hassen Fakim, président du conseil d’administration du Central Electricity Board (CEB), à Quatre-Bornes, le 16 octobre. Il s’agit de Nasser Osman Bheeky (65 ans), activiste politique, et de David Christian Thomas (38 ans). Ce dernier a, d’ailleurs, participé hier à un exercice de reconstitution des faits, au cours duquel il a indiqué la maison où la rencontre s’est tenue. Il a ensuite été reconduit au Réduit Triangle pour la poursuite de son interrogatoire, en présence de Me Arassen Kallee.
D’après les informations recueillies, la Financial Crimes Commission (FCC) dispose d’éléments laissant entendre que plusieurs figures publiques auraient également assisté à cette réunion, qui aurait eu pour objectif d’obtenir des renseignements auprès de la commission sur des dossiers impliquant l’homme d’affaires malgache Mamy Ravatomanga.
Dans sa déposition au Réduit Triangle, Nasser Osman Bheeky a fait d’importantes révélations. Il en ressort qu’à son arrivée à Maurice, Mamy Ravatomanga aurait appris que la FCC avait ouvert une enquête à son sujet, notamment concernant ses sociétés offshore. Disposant de peu de contacts sur le territoire, son entourage aurait sollicité l’aide de certains intermédiaires, dont David Christian Thomas, employé au sein du groupe Sodiat, appartenant à Ravatomanga.
Les informations obtenues par Le Mauricien indiquent que Christian Thomas aurait alors approché Nasser Bheeky, les deux hommes étant tous deux engagés en politique. Ce dernier aurait promis de contacter Hassen Fakim, connu lui aussi pour sa proximité avec un parti politique. À noter que le fils de ce dernier occupait alors le poste de commissaire à la FCC.
C’est ainsi qu’un rendez-vous a eu lieu chez Hassen Fakim, à Quatre-Bornes. Y auraient assisté des membres de l’entourage de Mamy Ravatomanga, Junaid Fakim, David Christian Thomas, un autre homme d’affaires malgache influent ainsi que des figures publiques mauriciennes. Le contenu exact des discussions du 16 octobre n’a pas encore été entièrement établi par les enquêteurs du Réduit Triangle.
L’un des deux suspects arrêtés a avancé que Mamy Ravatomanga souhaitait quitter Maurice, craignant une collaboration entre Port-Louis et le gouvernement de transition malgache.
Des allégations font également état d’un appel téléphonique entre Junaid Fakim et Sanjay Dawoodharry, directeur général par intérim de la FCC, après la réunion. La teneur de cette conversation n’est pas encore connue. Fait notable : pendant près d’une semaine après cette rencontre, aucun développement majeur n’a été observé au sein de la FCC, alors que Mamy Ravatomanga avait été admis dans une clinique privée.
Cependant, le National Security Service (NSS) suivait discrètement les déplacements du Malgache et de ses proches depuis son arrivée sur le territoire mauricien. Les agents du NSS auraient informé leur hiérarchie de la réunion tenue à Quatre-Bornes. L’information serait ensuite remontée jusqu’aux plus hautes sphères de l’État, alertant les participants, qui ont appris que leur rencontre du 16 octobre n’était plus un secret.
Face à cette situation, Nasser Osman Bheeky a pris l’initiative de se rendre au Prime Minister’s Office (PMO), le 22 octobre, afin de livrer sa version des faits. C’est à la suite de cette démarche qu’il aurait déclaré, samedi, à sa sortie de la cour durant le week-end, la phrase à double tranchant… : « Kan mo’nn tir la sonet dalarm pou trafik inflians, azordi sa pe retourn kont mwa. »
Résident de Vallée-Pitot, Nasser Bheeky s’apprêtait à quitter Maurice pour Dubaï à la fin de la semaine dernière lorsqu’il a été arrêté à l’aéroport international Sir Seewoosagur Ramgoolam. Il a soutenu être celui qui a alerté les autorités sur cette affaire, tout en minimisant son rôle dans les événements.
Au Réduit Triangle, les enquêteurs ne se sont toujours pas expliqués sur les raisons ayant conduit Junaid Fakim à soumettre sa démission le 25 octobre, alors qu’il aurait eu, plus d’une semaine auparavant, une conversation téléphonique avec Sanjay Dawoodharry. Des rebondissements majeurs sont attendus dans cette affaire au cours des prochains jours.
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CLINIQUE PREMIUM CARE
Un médecin du public a ausculté Mamy Ravatomanga hier
Un médecin du ministère de la Santé a fait le déplacement à la clinique Premium Care, hier, pour ausculter Mamy Ravatomanga. Étant donné que ce dernier est sous le coup d’une arrestation, l’exercice s’est déroulé en présence d’officiers de la FCC. Ces derniers se sont assurés qu’aucun acte illégal ne se déroule.
Par la suite, l’homme d’affaires malgache a passé une nouvelle nuit en observation alors que le médecin a communiqué ses observations aux enquêteurs. Selon nos renseignements, Mamy Ravatomanga ne devrait pas tarder à emprunter les marches de la FCC en vue d’être confronté à un interrogatoire.
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Christian Thomas, un contracteur
de Mamy Ravatomanga
Christian Thomas (38 ans) a déclaré à la FCC qu’il a fait la connaissance de Mamy Ravatomanga il y a quelques années par hasard. Le trentenaire a réalisé la construction de quelques villas dans le Nord et l’homme d’affaires a été impressionné par la qualité de son travail. Les deux hommes ont parlé business car Mamy Ravatomanga est aussi impliqué dans l’immobilier dans la Grande Île. Ce dernier devait réaliser un important projet de villas de luxe sur place et il avait fait appel à Christian Thomas pour agir comme contracteur.
Selon ce dernier, il était payé pour ses services. D’où des transferts d’argent sur son compte depuis Madagascar. Christian Thomas dit avoir gagné la confiance de Mamy Ravatomanga grâce à son travail. Et ce, avant d’ajouter qu’il rencontrait ce dernier lorsqu’il venait à Maurice.

