Arif Currimjee : « L’avenir de notre économie repose sur la solidarité et l’innovation »

Arif Currimjee a été reconduit à ses fonctions de président de la MEXA lors de la dernière assemblée générale de l’association, revenant ainsi aux affaires institutionnelles après avoir occupé la présidence de la MEPZA, il y a 32 ans. Poste qu’il a d’ailleurs aussi occupé au Joint Economic Council, précurseur de Business Mauritius. Économiste de formation, il est actuellement un des directeurs de Currimjee Ltd. Il fait partie de ceux qui pensent que la situation géopolitique actuelle donne lieu à de nouvelles opportunités pour les pays de la région de l’océan Indien, en particulier pour Maurice et Madagascar, deux îles complémentaires, et non pas concurrentes, selon lui. Ces deux pays peuvent ainsi, à son avis, attirer de gros acheteurs américains et européens. Dans l’interview qu’il nous a accordée cette semaine, Arif Currimjee souligne que le Covid a permis de démontrer la résilience de l’industrie textile. Néanmoins, pour assurer l’avenir de l’économie mauricienne, il convient de renforcer, dit-il, la solidarité et l’innovation.

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Après avoir connu une année difficile l’année dernière, comment se présente la deuxième partie de votre mandat ?
Nous sommes passés par une période extrêmement compliquée durant la pandémie de Covid-19. Toutefois, avec le recul, nous constatons que l’industrie de l’exportation, dans son ensemble, a très bien navigué dans cette tempête. Il est vrai que le premier confinement, en 2020, avait provoqué beaucoup d’inquiétudes concernant les perspectives, et ce, en raison du manque de visibilité qui prévalait à ce moment-là et de la méconnaissance du virus. Mais au fil des mois, nous nous sommes resaissis et nous avons terminé l’année 2020 sur une bonne note. Et en 2021, l’industrie a connu un véritable rebond, au point de retrouver le niveau d’avant-Covid de 2019.

En termes de roupies ou en dollars ?
En roupies. Il est vrai que durant 2020 et 2021, nous avons vu une dépréciation de l’ordre de 10% de la roupie par rapport au dollar. Mais il faudrait prendre en compte d’autres facteurs. Par exemple, Esquel, qui était acteur majeur dans le secteur textile à Maurice, a fermé en 2020 et ne figurait pas dans les chiffres de 2021. Cependant, sur une Like to Like Basis, il faut reconnaître qu’en termes réels, nous avions connu une croissance importante.

Vous n’êtes pas nouveau à la MEXA, et vous êtes revenu aux affaires institutionnelles après 32 ans. Vous dites aujourd’hui encore qu’il y a des leçons à tirer par rapport aux années 90’. Pouvez-vous nous en parler ?
J’étais encore assez jeune lorsque j’ai pris la présidence de ce qu’était alors la MEPZA durant les années 1990, et qui clôturait une décennie durant laquelle les bases de l’industrie textile et de l’industrialisation en général avaient été jetées. À partir de 1983-1984, beaucoup d’entrepreneurs se sont lancés dans l’industrie textile, qui était la seule industrie tournée vers l’exportation à l’époque. Certains sont toujours là et ont des productions significatives. Cela avait été rendu possible parce que le gouvernement d’alors, sous le leadership de sir Anerood Jugnauth, avait une vision consistant à ouvrir les opportunités entrepreneuriales à un maximum de personnes.

À travers les actions de la DBM, la MEDIA entre autres, de nombreux entrepreneurs ont investi dans ce secteur. On a alors assisté à une explosion dans le développement de l’industrie textile. Cela s’est poursuivi durant les années 90’. À cette époque, les banques commerciales étaient plus ouvertes pour prendre certains risques. Et elles ont prêté de l’argent à de nouveaux venus dans un secteur qui était relativement jeune. Sans ce soutien capital, le secteur n’aurait pas pris son envol.

Je me souviens que la MEDIA, précurseur de l’EDB d’aujourd’hui, avait investi dans des foires organisées à Maurice, comme la SITTEX, organisée à la citadelle à l’hôtel Trou-aux-Biches. Les clients étrangers venaient à Maurice. Il y avait également des Roadshows pour attirer les investisseurs étrangers, dont de grosses compagnies basées à Hong Kong, comme Esquel, Crystal et Novel, qui avaient investi dans des industries à intensité de capitaux. MEDIA, à travers la DBM, avait pris le risque d’investir dans la construction de bâtiments industriels à travers le pays, aussi bien dans les régions urbaines que rurales. Ils avaient compris qu’il fallait mettre la capacité en attendant que l’offre arrive. De fait, tous les bâtiments ont été occupés. Ce qui a permis à beaucoup de Mauriciens, dans toutes les régions du pays, de trouver de l’emploi. Toutes ces actions ont permis à l’industrie de s’épanouir.

Qu’est-ce qui s’est passé par la suite ?
Il y a eu plusieurs étapes dans l’industrie. Lorsque l’accord multifibres a été démantelé, à la fin des années 90, beaucoup d’entreprises chinoises et hongkongaises ont quitté le pays et sont retournées en Asie, notamment en Chine, au Cambodge, au Viêt-Nam et ailleurs. Toutefois, l’industrie avait atteint une telle maturité et un tel niveau de développement, avec des investissements locaux, que la croissance s’est poursuivie.

L’offre mauricienne a aussi évolué, passant de la production de produits basiques à faibles valeurs ajoutées à des produits plus sophistiqués. On a aussi assisté à une intégration verticale, avec la création de filatures, de teintureries, de tricotages électroniques… Ces investissements ont été effectués au début des années 2000. Par la suite, il y a eu le krach financier, qui a affecté tout le pays. L’industrie avait enregistré une baisse sensible des demandes. Le problème, c’est que durant la période qui a suivi le krach, la roupie était très forte, et elle l’est restée pendant cinq ou six ans. Cette roupie, qui était à mon avis surévaluée, a eu un impact significatif sur tous les secteurs d’exportation, y compris l’hôtellerie ou l’industrie manufacturière.

Cette dernière a été frappée de plein fouet parce qu’elle avait perdu sa compétitivité. La roupie était trop forte. On a eu du mal à maintenir nos marchés. Cela a eu un effet sur la profitabilité, et les investissements ont chuté complètement. Cette situation a duré cinq ou six ans. Si on prend les 12 dernières années, soit entre 2010 et 2022, je suis convaincu que si on avait eu une dépréciation graduelle de 2,5% de la roupie par an, le taux de la roupie aurait été au même taux qu’elle est actuellement. C’est vrai que la roupie aujourd’hui est de l’ordre de Rs 42 contre le dollar. Si on l’avait dépréciée graduellement depuis 2010, cela aurait amorti le choc qu’on ressent actuellement, et on aurait gardé notre compétitivité. Cette politique a eu des effets à long terme sur l’industrie.

Avez-vous l’impression que la volonté de créer une base industrielle forte fait défaut aujourd’hui ?
Jusqu’à tout récemment, les gouvernements successifs n’ont pas cru dans le potentiel de l’industrie. La politique monétaire a été négative de ce côté-là. Ce n’est que durant le Covid que nous avons senti un fort regain d’intérêt pour le secteur industriel. Nous croyions que c’était une Sunset Industry, qu’il n’y avait pas d’opportunités pour que l’industrie augmente la part du gâteau. Or, le Covid a permis de mettre en lumière la fragilité de toutes les autres industries. Nous avins vu ce qui est arrivé à l’industrie touristique.

Le classement de Maurice sur la liste grise du GAFI et la liste noire de l’Union européenne a ébranlé le secteur des services financiers. Mais le secteur industriel, lui, a démontré sa résilience durant le Covid. Il a répondu à l’appel. Nous avons pu maintenir nos emplois avec l’aide du gouvernement. Je me souviens que lorsque nous sommes du premier confinement, en juin 2020, beaucoup d’entreprises allaient faire face à de graves difficultés, ne serait-ce que pour payer les salaires de leurs employés, faute de revenus durant les trois derniers mois.

La situation était compliquée. Je dois remercier le ministre des Finances et le gouverneur de la Banque de Maurice, qui ont répondu rapidement à notre appel pour aider le secteur en général. Il y a eu le Wage Assistance Scheme. La DBM est également arrivée avec un plan financier avec un système de prêts pour financer nos salaires. Sans ces aides, beaucoup d’entreprises n’auraient pas pu continuer. Lorsque la demande est revenue, les usines étaient prêtes pour répondre à l’appel.

Lors de notre dernière assemblée générale, le ministre des Finances a bien fait comprendre que le gouvernement a une nouvelle vision et qu’il compte apporter tout son soutien au secteur industriel. Nous sentons qu’il y a une vraie volonté de trouver des solutions, non seulement pour défendre l’industrie, mais également pour saisir les opportunités qui se présentent.

Quelles sont les contraintes auxquelles l’industrie est confrontée ?
En fait, il y a deux importantes contraintes. Nous voyons aujourd’hui que la plupart de nos membres ont des carnets de commandes bien remplis. Toutefois, ils sont confrontés, en premier lieu, au problème de la main-d’œuvre. Durant la pandémie, beaucoup d’expatriés sont rentrés chez eux à la fin de leur contrat. Et nous ne pouvions faire venir des remplaçants, parce qu’il n’y avait pas de vols. Finalement, à la réouverture des frontières, l’année dernière, nous avions cru que nous aurions pu facilement faire venir les travailleurs étrangers pour remplacer ceux qui sont partis. Le processus a été malheureusement trop lent. Résultat : nous avons perdu trois ou quatre mois.

Aujourd’hui, la situation est plus fluide, mais beaucoup d’entreprises attendent encore l’arrivée de leurs employés. Une étude effectuée l’année dernière indique que les entreprises ont dû refuser des commandes d’une valeur de Rs 1 milliard faute de main-d’œuvre. Ce problème peut être résolu si nous adoptons un processus plus transparent en place en ce qui concerne les permis de travail.

Qu’en est-il de la main-d’œuvre mauricienne ?
Durant la pandémie, nous avons fait beaucoup d’efforts pour attirer la main-d’œuvre mauricienne dans notre secteur. Nous nous étions dits qu’étant donné que les hôtels étaient fermés, et comme beaucoup de gens étaient passés du secteur industriel à l’industrie touristique, peut-être que noius aurions pu les amener à revenir. Mais notre campagne n’a pas connu les résultats escomptés. Nous pouvons dire que les Mauriciens ne sont plus intéressés par d’un certain type de travail, dont la Production Floor. Il est également très difficile d’attirer de la main-d’œuvre locale dans le secteur du seafood. En revanche, il est facile de les attirer dans d’autres secteurs, comme celui des équipements médicaux.

Vous avez parlé d’une deuxième contrainte ?
En effet. L’autre contrainte concerne le Working Capital. Lorsque nous avons des commandes qui augmentent, nous devons pouvoir acheter des matières premières et attendre le paiement des clients. Or, le cycle financier devient de plus en plus long et de plus en plus lourd. Aujourd’hui, le système bancaire traditionnel scrute le bilan des entreprises et leur profitabilité. Or, nius savons que durant la pandémie, et le bilan et la profitabilité ont été affectés en raison des prêts obtenus de la DBM. Malheureusement, les banques refusent de donner des facilités additionnelles, même si elles voient les commandes s’accumuler.
Au niveau de la MEXA, nous avons essayé de trouver d’autres sources de financement. Le Factoring est une des solutions. Ainsi l’Industrial Finance Corporation of  Mauritius (IFCM) constitue un nouvel instrument qui permet aux entreprises de financer l’achat des matières premières et d’avoir des revenus plus rapides pour leurs exportations.

La MEXA avait fait une demande dans ce sens l’année dernière, lorsqu’elle avait demandé au gouvernement de mettre en place une banque industrielle pour soutenir l’industrie. L’institution a été lancée au début de l’année, et elle a aujourd’hui beaucoup de demandes de financements. Elle joue un rôle très important pour le Cash-Flow et le Working Capital des entreprises.

La Mauritius Investment Corporation (MIC) a aussi été un instrument intéressant durant la crise et a permis de maintenir une certaine stabilité. À l’avenir, elle pourrait s’engager dans des projets dans tous les secteurs et prendre des risques que les banques commerciales ne sont pas disposées à prendre, comme l’avait fait le gouvernement dans les années 1980 pour donner un élan au démarrage de l’industrie. Il faut se rendre compte que les nouvelles industries seront plus Capital Intensive et technologique. La MIC devrait avoir une vision différente tournée vers l’avenir et être disposée à investir dans les nouvelles technologies et les nouvelles idées.

Vous êtes très critique concernant la situation dans le port. Pourquoi ?
Un des dangers auxquels le pays est confronté est la situation en ce qui concerne la liaison maritime avec l’étranger. Nous avons tiré la sonnette d’alarme depuis l’année dernière. Aujourd’hui, Maurice n’est desservie quepar deux lignes maritimes uniquement. Nous avons perdu beaucoup de lignes maritimes parce que le port mauricien n’est pas compétitif. Nous sommes dans une sécurité critique et la sécurité nationale est en danger, car si une de ces deux lignes décide, pour une raison ou pour une autre, de ne plus desservir Maurice, cela aurait des répercussions sur l’économie du pays.

Où est-ce que le bât blesse, parce qu’il a eu beaucoup d’investissements dans les portiques, etc ?
Les investissements dans les portiques datent de très longtemps. Il y a des portiques qui datent de plus de 20 ans, et il faut les remplacer. Il y a une possibilité pour le port de se positionner comme un Hub régional. Lorsque les lignes maritimes voient ce qui se passe à Durban, elles cherchent des possibilités d’investissements dans d’autres Hubs.

Malheureusement, Port-Louis est perçue comme un port qui n’est pas productif. Les gouvernements successifs ont été confrontés à ce problème, mais personne n’a eu le courage de prendre les décisions appropriées. Une des propositions budgétaires de la MEXA est la mise en place d’un Regional Feeder Vessel, qui nous permettrait d’avoir un meilleur contrôle sur les liens maritimes régionaux. Au niveau aérien, nous pensons qu’il est important d’avoir une stratégie cargo et de faire de la région portuaire un hub régional avec La Réunion, entre autres.

La MEXA a récemment fait des propositions au niveau de la production énergétique. Pouvez-vous nous en parler ?
L’énergie est un point très important. Aujourd’hui, les industries en général ont peu de visibilité concernant le coût des énergies. Nous sommes confiants que les tarifs industriels sont plus bas par rapport aux tarifs commerciaux. Le CEB est en train de perdre de l’argent sur l’industrie. Nous parlons de pertes de l’ordre de Rs 100 millions par mois. Nous sommes conscients que l’industrie doit revoir sa stratégie énergétique.

C’est la raison pour laquelle nous souhaitons une transition vers les énergies renouvelables. Ce qui nous permettrait de faire des économies sur l’importation des produits fossiles, et par conséquent sur les devises étrangères, et permettrait à l’industrie de rester compétitive sur le long terme. Cela permettrait aussi au gouvernement de respecter son engagement concernant la décarbonation qu’il a pris au niveau international.

Que proposez-vous concrètement ?
Dans le mémorandum soumis au gouvernement, on demande la création d’un encadrement approprié qui permettrait aux industriels qui le souhaitent d’investir dans des capacités photovoltaïques pour assurer leurs besoins existants. Aujourd’hui, l’industrie consomme à peu près 28% des besoins énergétiques du pays. On pense que 50% peuvent être renouvelables. Cette capacité pourrait également être mise en place Off Site. Dans l’éventualité où un surplus d’électricité est produit, nous proposons de le remettre sur le Grid du CEB gratuitement.

Quelles sont les industries qui pourraient se lancer dans cette production ?
Cela peut être les usines textiles, les usines de transformation du thon et toutes les usines locales qui utilisent de l’énergie. L’AMM et la MEXA sont alignées sur cette stratégie. Au niveau de la MEXA, nous avons déjà consulté nos membres. La quasi-totalité d’entre eux sont prêts à investir. On estime pouvoir arriver à 15% des besoins énergétiques locaux. Nous avons fait un calcul et nous estimons que les investissements privés pourraient être de l’ordre de Rs 10 milliards. Si tout se passe bien, on pourrait commencer la production dès la fin de l’année.

Êtes-vous satisfait du dialogue entre la MEXA et le gouvernement ?
Au niveau de la MEXA, nous avons un dialogue positif et constructif. Aujourd’hui, on sent que le gouvernement est conscient de l’importance de l’industrie. Il y a de vraies opportunités qu’on doit essayer de saisir. Nius voulons aussi avoir un positionnement de l’industrie qui soit perçu comme socialement éthique et transparent.

Des actions concrètes ont déjà été lancées avec la mise en place d’un code de gouvernance pour tous les travailleurs étrangers. À ce sujet, nous travaillons étroitement avec l’International Migration Office du Bureau international du travail pour le mettre en place. Il y a un système d’assurances pour les travailleurs étrangers, auquel tous nos membres pourront adhérer.

Au-delà de tout cela, les consommateurs de l’industrie textile sont très concernés par les nouveaux enjeux. Ils veulent savoir dans quelles conditions les produits ont été manufacturés. Ce sont de gros défis à relever par les distributeurs. Nous aimerions positionner Maurice comme une source d’approvisionnement durable au niveau de l’environnement, mais aussi totalement au niveau éthique et social. Ce positionnement peut être un avantage compétitif pour l’industrie.

Comment la situation politique et sociale vous interpelle-t-elle ?
Il est clair que dans la situation actuelle, il y a une grosse pression sur la flambée des prix à Maurice. Il faut savoir que tous les pays sont affectés par ces problèmes. Le fait qu’il y ait des personnes qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts a un impact sur le cadre social. Il faut faire un appel à la solidarité.
Business Mauritius a commencé un travail à ce niveau. La situation du secteur de l’exportation est assez positive, mais l’économie, en général, passera par des moments difficiles. Les prix des produits pétroliers resteront élevés pendant au moins 18 mois encore. Ce sera aussi le cas pour les commodités. Nous ne voyons pas la situation en Ukraine se stabiliser de sitôt. Souhaitons que l’industrie touristique revienne au niveau pré-Covid. C’est une industrie qui représente quand même 20% de notre économie.

Votre souhait pour le pays ?
Je souhaite que la solidarité prévale. Nous devons tous œuvrer dans la même direction. Nous savons que nous passons par des moments difficiles. L’avenir de l’économie mauricienne reposera sur notre capacité à innover. La solution ne consiste pas à faire ce qu’on faisait dans le passé ou avant le Covid. Il faudra de nouvelles idées, de nouvelles façons de faire. Le secteur privé à un rôle très important à jouer, car on ne peut pas toujours demander au gouvernement de nous aider. Le gouvernement a aussi un rôle important pour soutenir de nouvelles initiatives. J’espère que nous aurons l’opportunité d’initier de nouveaux secteurs, de rester ouverts à de nouvelles idées et d’accueillir des étrangers porteurs de nouvelles idées.

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