Assemblée Nationale — Débats sur le Dangerous Drugs (Amendment) Bill — XLD : « Des Assises de la toxicomanie dès janvier »

Le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, intervenant sur le Dangerous Drugs (Amendment) Bill à l’Assemblée nationale hier, a plaidé en faveur des Assises de la toxicomanie pour trouver des solutions face au ravage de la drogue dans le pays. Il a déploré les difficultés et les manquements au projet de loi, notamment quant à l’importation et la prescription du cannabis médical.

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D’entrée de jeu, le leader de l’opposition a déclaré qu’il dédie son discours aux victimes, à leurs familles et à tous ceux engagés dans la lutte. Il a précisé qu’il a pris le temps de consulter des documents officiels et de discuter avec des professionnels avant d’avancer ses arguments. En premier lieu, il a insisté sur l’importance des Assises de la toxicomanie dès janvier prochain. Un événement qui réunirait les autorités compétentes, les professionnels, les chercheurs, la police, les Ong, les politiciens et les rastas, entre autres.

Soutenant qu’il faut prendre le taureau par les cornes et aborder la problématique de la drogue de manière holistique, Xavier-Luc Duval fait ressortir : « Il y a une montée de la drogue synthétique dans le pays. Quatre ans après le rapport Lam Shang Leen, nous avons une petite loi que certains considèrent comme un pas en avant, et d’autres qui disent “Too Late”. »

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Il a évoqué une Over Supply de l’héroïne sur le marché, en dépit des saisies spectaculaires. En conséquence, le prix de cette drogue a chuté sur le marché. Selon ceux sur le terrain, le gramme d’héroïne se vend aujourd’hui à Rs 3 500, contre Rs 5 500 par le passé. Soit une baisse de Rs 2 000 par gramme. « Ce qui veut dire qu’une dose d’héroïne coûte Rs 100. Dépendant des régions et de la période », dit-il.

En revanche, le prix du cannabis a pris l’ascenseur, soit Rs 2 500 par gramme, contre Rs 1 500 auparavant. « Le pouliah de gandia se vend donc à Rs 300. Ce qui explique qu’il y a un mouvement des jeunes vers le chimique et le synthétique, qui coûte trois fois moins cher que le cannabis », trouve-t-il. Se référant au rapport du National Drug Observatory, il a indiqué que 62% de personnes hospitalisées pour overdose avaient consommé de la drogue synthétique. Il a également cité l’article du Mauricien sur le décès de quatre jeunes par overdose de drogue synthétique en cinq jours.

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Xavier-Luc Duval a regretté que la dépénalisation pour usage personnel et récréatif n’ait pas été considérée. Il a cité une liste de pays, dont le Canada, l’Afrique du Sud, l’Allemagne et 19 États américains, entre autres, qui ont déjà appliqué la dépénalisation. Revenant sur sa proposition pour des Assises de la toxicomanie, le leader de l’opposition a fait référence à sa PNQ d’avril 2022, où le ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal, avait déclaré qu’il y avait 62 000 toxicomanes recensés, dont 7 000 s’injectaient de la drogue et 55 000 fumaient ou sniffaient. « En réalité, les professionnels disent qu’il y en a deux fois plus.

D’où l’importance de ces Assises pour discuter et trouver des solutions. Selon le National Drug Observatory, 2% des toxicomanes admis à l’hôpital sont des jeunes de 15 à 19 ans. Aujourd’hui, la drogue est même présente dans nos meilleures écoles. La situation est très grave », affirme-t-il.

Xavier-Luc Duval s’est appesanti sur l’importance de la prévention et de la réhabilitation. Il a souligné qu’il n’y a que 50 lits pour 62 000/120 000 toxicomanes dans les hôpitaux, et que ceux-ci sont souvent vides par manque de planification. De plus, 80% des patients en réhabilitation rechutent, a-t-il ajouté. La politique de prévention a été également critiquée. « Dans le budget 2021-22, Rs 23 M avaient été allouées par le ministère des Finances pour la prévention, mais que seules Rs 13 M ont été utilisées. On a retourné Rs 10 M au ministère des Finances. Voilà avec quelle désinvolture on fait de la prévention. »

Xavier-Luc Duval a également fait un plaidoyer pour une politique de réinsertion. Un toxicomane qui sort de réhabilitation, a-t-il précisé, se retrouve malheureusement avec un casier judiciaire. Ce qui l’empêche de trouver un emploi et l’affecte psychologiquement. Il finit souvent par rechuter, a fait ressortir XLD.

Le leader de l’opposition est revenu sur la lenteur des enquêtes, avec sur 120 grosses saisies, seules trois ont fait l’objet de procès en cour. « Les 117 autres étaient à différents stages, sauf en cour. Malgré les différentes saisies, les unes plus sensationnelles, choquantes, que les autres, la drogue continue à entrer dans le pays », laissera-t-il entendre.

Concernant le cannabis médical, il a déploré le fait qu’une loi en ce sens n’intervient que trois ans après une décision de l’Organisation mondiale de la santé. Il a déploré les procédures pour une prescription du cannabis médical. « C’est tout un parcours du combattant. Il faut attendre que le Regional Health Director trouve le temps d’appeler un comité, mais entre-temps, il y a des gens qui souffrent. Ce sont des malades, pas des drogués. »

Pourtant, a-t-il précisé, d’autres médicaments plus dangereux, comme la morphine ou les psychotropes, sont prescrits plus facilement par des médecins, sur un formulaire spécial du ministère de la Santé, et même pas des spécialistes. « Pourquoi mettre autant de bâtons dans les roues ? Pe fer akoz ki afer. »

De même, le leader de l’opposition a regretté que l’importation ne soit réservée qu’au ministère de la Santé, avec le risque de se retrouver avec des scandales à la Molnupiravir. Selon lui, on aurait pu permettre aux compagnies bien établies d’importer le cannabis médical. « Il y a 53 pays qui ont adopté le cannabis médical, et aucun n’a de procédures aussi compliquées qu’à Maurice. »

Il considère qu’il y a également de la « méchanceté » dans ce projet de loi, car la liste des maladies pour lesquelles l’usage du cannabis médical est autorisé se trouve dans la loi. « Cela aurait dû être dans un Schedule de la loi, ce qui aurait permis des ajustements, au fur et à mesure qu’il y a des recherches sur la question. Là, tel que c’est, il faudra revenir à l’Assemblée et faire des amendements à chaque fois qu’il y aura un changement dans la liste », fait-il comprendre.

 

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