Assemblée nationale : Échanges électriques Assirvaden/Lesjongard sur le CEB

Le ministre Assirvaden : « Le leader de l’opposition sait très bien que les centrales de Port-Louis ont déjà eu plus de 30 ans, les centrales des IPP, plus de 35 ans et celles de Saint-Louis et autres, plus de 37 ans »

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Le leader de l’opposition, Joe Lesjongard, a choisi un terrain où il peut afficher une certaine maîtrise pour sa nouvelle Private Notice Question (PNQ), la sixième de la série budgétaire. Mais, le ministre de tutelle, Patrick Assirvaden, a fait preuve d’une farouche résistance dans une ambiance des plus électriques au point où le fusible de l’ancien ministre a sauté, comme dans le cas de Dirty Energy avec la mise en opération d’une Powership dans le port pour assurer une fourniture d’énergie électrique adéquate en perspective. Et cela en guise de flèche du Parthe.

Ainsi, la récente mission effectuée par le ministre de l’Énergie, Patrick Assirvaden en Turquie le mois dernier a fait l’objet, hier, de la Private Notice Question (PNQ) du leader de l’opposition, Joe Lesjongard. Ce dernier voulait savoir les contacts établis et si les discussions ont porté sur la location à bail d’une barge électrique. Il a également souhaité avoir des indications sur le coût de la mission, et les membres de la délégation, ayant accompagné le ministre.

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Patrick Assirvaden a expliqué que suite au récent changement de gouvernement en novembre 2024, son ministère a fait le point sur la situation du secteur énergétique et s’est depuis évertué à trouver des solutions pour répondre à la demande énergétique croissante du pays et éviter toute interruption de l’approvisionnement en électricité. Il a indiqué qu’après le changement de gouvernement en novembre 2024, son ministère s’efforce activement de répondre à la demande croissante en énergie et d’éviter toute interruption de l’approvisionnement électrique.

Dans ce contexte, son ministère, avec l’approbation du gouvernement, a sollicité l’aide des pays amis et partenaires internationaux stratégiques pour faire face à cette situation critique et urgente. C’est ainsi que le soutien des autorités turques, chinoises, françaises, l’intermédiaire de l’AFD et indiennes a été sollicité. Une délégation indienne est actuellement en mission à Maurice et a rencontré les responsables du CEB, de Marena et d’autres parties prenantes. Il a affirmé s’être rendu en Turquie en compagnie du président du CEB du 21 au 23 avril 2025 afin d’explorer les possibilités de collaboration dans le domaine de l’énergie.

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Accompagné du président du CEB. Patrick Assirvaden a eu l’occasion de rencontrer le ministre de l’Énergie et des ressources naturelles de Turquie. « Ce pays a connu une transformation significative dans son secteur énergétique grâce à une importante production hydroélectrique, à la déréglementation de son marché de l’électricité et à d’ambitieux projets d’énergie renouvelable », dit-il.

Il a affirmé avoir sollicité l’aide de ce dernier pays pour relever les défis immédiats auxquels le secteur énergétique est confronté et afin de trouver des solutions plus durables. La Turquie possède une expertise significative dans la technologie des barges électriques qui ont été déployées avec succès dans d’autres pays car elles offrent des solutions flexibles pour la production d’électricité immédiate. Il a également rencontré le vice-ministre des Transports et des Infrastructures publiques. Les discussions avec les autorités turques ont porté entre autres sur les moyens et les solutions pour faire face à une situation énergétique immédiate ainsi qu’à celle à moyen et long terme.

Le ministre a noté que le CEB avait lancé en 2022 une Request for Proposals (RFP) en vue d’assurer la fourniture d’électricité par le biais des services de barge. 18 propositions avaient été reçues des candidats potentiels originaires d’Allemagne, des Émirats Arabes Unis, de Hong Kong, de Corée, de Chine, de Finlande, de Malaisie, de la Turquie, des États-Unis, du Japon.

Il a expliqué que le CEB est confronté quotidiennement aux problèmes de vieillissement de ses unités de production et de l’absence significative de ses capacités ainsi qu’à l’augmentation de la demande d’électricité et des retards importants dans les projets d’énergie renouvelables prévus. Sans compter que le CEB accuse un découvert bancaire de Rs 7 milliards alors que la demande a atteint un Peak de 567, 9 mégawatts en 2025

« Les prévisions initiales du CEB pour 2025 étaient de 544 mégawatts et nous avons déjà eu 567, presque 568 mégawatts. Afin d’éviter toute pénurie d’électricité, le CEB a déclenché son protocole d’urgence pour demander aux hôtels de passer leur générateur de secours », déclare-t-il.

Il a révélé qu’entre le 22 et le 25 avril 2025, le CEB a connu un revers majeur. Des unités de production se sont retrouvées hors du réseau simultanément en raison des coupures de courant forcé. De plus, une capacité d’environ 65 mégawatts était indisponible pour cause de maintenance programmée. « Face à ce déficit important de la capacité de production équivalent à 167 mégawatts, le CEB a dû gérer la demande d’électricité pendant la pointe du soir grâce à des hôtels partenaires et leurs générateurs de secours », fait-il comprendre.

Ajouté à cela, le CEB l’a informé qu’il était en présence d’une demande de fourniture d’électricité d’environ 87 mégawatts de la part des développeurs, des projets, des promoteurs d’une centaine de projets en attente car le CEB n’a pas la capacité suffisante pour répondre à une telle demande d’ici à janvier.

Face à cette situation, le gouvernement a recommandé que le CEB utilise en urgence une barge électrique pour alimenter temporairement le pays en électricité jusqu’à la mise en service d’une nouvelle capacité de production. « Compte tenu de la demande croissante en électricité qui pourrait atteindre plus de 600 mégawatts, il est impératif d’avoir recours à des barges électriques. Un appel d’offres internationales a été lancé par le CEB. Elle fonctionnera dans la zone. Le CEB a lancé le 18 juin 2025, un appel d’offres internationales pour l’achat d’énergie électrique à partir de la barge électrique par le biais d’un appel d’offres publiques ouvert dont la date de clôture est le 15 août 2025 », fait-il comprendre.

Le ministère de l’Énergie a établi des contacts avec le ministère des Affaires étrangères pour transmettre le communiqué de presse à nos missions diplomatiques à travers le monde afin d’en assurer une diffusion maximale.

Patrick Assirvaden a indiqué que son ministère et le CEB ont obtenu l’appui, de la Facilité africaine du soutien juridique pour la fourniture d’une assistance technique, entre autres, pour un examen indépendant du document de la demande de proposition relatif à l’exercice et de la préparation d’un modèle de contrat d’achat d’électricité assigné avec le soumissionnaire retenu ainsi qu’un soutien pendant le processus d’appel d’offres et d’évaluation.

« Afin d’accélérer le processus d’autorisation du projet de barge électrique, des réunions de haut niveau ont été organisées avec les ministères concernés. D’autres infrastructures concernant les installations d’interconnexion sont en cours.  Concernant le coût de la mission en Turquie, le ministre a indiqué qu’il s’est élevé à Rs 695 000.

Lesjongard : Le ministre de tutelle est malchanceux. Il parle de délestage de puissance. Entre 2019 et 2025, il n’y a pas eu un seul jour de délestage. Le ministre peut-il indiquer à la Chambre s’il a été invité par le gouvernement turc ? À part les représentants officiels, a-t-il aussi rencontré des représentants des entreprises qui fabriquent des barges électriques ? And if yes, can he provide the names of those companies?

Assirvaden : Non, je n’ai pas été invité par les autorités turques, mais nous avions établi des contacts avant de nous y rendre. Je n’ai rencontré que des officiels, les deux ministres responsables du dossier énergétique en Turquie. Il faudra bien dire que j’ai jugé utile et nécessaire d’effectuer cette mission officielle en Turquie alors que notre pays explore activement des solutions alternatives pour renforcer sa sécurité énergétique.

Nous ne maîtrisons pas cette technologie. À travers la Request of Information lancée en 2022 sous l’ancien ministre, nous avons appris que la Turquie, entre autres, s’est perfectionnée dans ce domaine et dispose de ce fait de l’expérience requise. La Turquie fait aujourd’hui figure de référence mondiale en matière de barge électrique, ces unités flottantes de production d’électricité, offrant une flexibilité opérationnelle précieuse dans des situations d’approvisionnement critique.

Durant mon séjour, j’ai eu l’occasion de rencontrer le ministre turc de l’Énergie ainsi que celui du Transport avec lesquels j’ai eu des échanges approfondis sur le savoir-faire technologique turc, les capacités de production et les cadres réglementaires des conditions de déploiement de ces infrastructures maritimes.

Avant de demander au gouvernement de m’engager dans un tel projet qui n’a jamais encore été réalisé à Maurice, il était de mon devoir de discuter, de partager, d’écouter, d’apprendre de l’expérience d’un pays et d’un gouvernement, maîtrisant pleinement cette technologie. C’était mon devoir de le faire avant de demander au pays de s’engager avec une barge pour quatre ans, cinq ans avec une technologie que nous ne maîtrisons pas. Donc, la mission en Turquie était une d’information pour savoir, pour voir, pour pouvoir pousser le dossier et voir. D’ici à janvier de l’année prochaine, nous sommes condamnés à augmenter plus de 100 mégawatts notre réseau, sinon nous allons subir les délestages partiels ou complets.

Et comme je l’ai dit, c’est important parce que nous avons 87 mégawatts de demande concernant les promoteurs des projets dans le pays qui attendent à ce qu’ils soient connectés sur le réseau.

JL : Est-ce que le ministre peut dire si un EIA a été entrepris avant le lancement du ROP ?

PA : C’est connu, et je l’ai précisé à plusieurs reprises, que ce projet ou d’autres projets vont se faire selon les normes de l’environnement. Nous n’allons rien faire, absolument rien faire, pour mettre en danger notre environnement. Il est clair que l’International Convention for Prevention of Pollution from Ships impose un 0.5% de contenu de sulfure dans l’huile d’énergie depuis janvier 2020.

All non-Mauritian ships coming to Port Louis shall, upon entering the territorial sea of Mauritius, use fuel oil with a sulfur content of no more than 0. 5%. This includes vessels engaged in offshore bunkering operations. In the RFP, potential bidders will be required to compile with all environmental norms prevailing.

JL : Le ministre est-il conscient que les centrales thermiques, opérant dans la région de Port-Louis, ont atteint les limites des émissions acceptables en termes de pollution, et que ces centrales, utilisant de l’huile d’énergie lourde, dont Fort-Georges, Saint-Louis et Fort-Victoria, ont aussi atteint les limites acceptables en termes d’émissions d’oxyde de sulfure et d’oxyde de nitrogène, selon une étude de faisabilité. Je dépose une copie du rapport. Peut-il donner l’assurance à la Chambre et à la population que l’ajout d’une telle barge fonctionnant avec du mazout lourd n’aura pas d’impact négatif sur la qualité de l’air dans la région de Port-Louis ?

Patrick Assirvaden me fait savoir que le promoteur choisi « will have to go through a strategic EIA ». « This will be done. In due course. J’ai écouté la question du leader de l’opposition, mais encore une fois, j’ai l’impression qu’on change de rôle. Qui est responsable de l’état de nos machines aujourd’hui ? Au cours des cinq dernières années, aucun projet énergétique majeur n’a été ajouté au réseau, à l’exception des projets de Saint-Louis mis en service en 2017 », se demande le ministre.

PA : Pendant que la demande augmentait en flèche, pendant que je posais des questions au ministre de l’autre côté de la Chambre, pendant que les observateurs s’inquiétaient de la situation énergétique, aucun effort, aucun renforcement de notre capacité de production n’a vu le jour. Il ne s’agit ni plus ni moins d’une faillite énergétique. Une faillite énergétique de qui ? De l’ancien ministre de l’Énergie qui, aujourd’hui, ose me demander, après six mois comme ministre de l’Énergie, ce qui se passera avec les centrales que nous avons à Port-Louis. Alors qu’il sait très bien que celles-ci ont déjà eu plus de 30 ans. Les centrales des IPP, plus de 35 ans. Celles de Saint-Louis, autres, plus de 37 ans. Des machines qui tombent en panne tous les jours. Et il ose me demander cela alors qu’il a dormi pendant des années. Aujourd’hui, il vient me demander si ces machines vont émettre des émissions non permissibles dans l’île Maurice alors qu’il y a sept mois de cela, vous étiez responsable de ces machines.

JL : Est-il au courant, par exemple, que pour les machines à Fort-George, un rapport du fabricant indique que ces machines peuvent opérer pendant plus de 10 ans ? Est-il au courant de cela ?

PA : Encore une fois l’ancien ministre avait parlé de beaux parleurs. Je vais répondre à votre question. L’ancien ministre sait très bien que ces machines pour citer des rapports d’experts, que ces machines peuvent fonctionner encore 10 ans. J’ai dit dans ma réponse initiale que nous avons eu plus de 167 mégawatts lors de la période de pointe.

Ces machines dont vous parlez, et qui peuvent tenir encore 10 ans, ce sont de vieilles machines qui tombent en panne chaque jour. Aujourd’hui, vous savez que ces machines vont pouvoir rouler 10 ans alors que quotidiennement elles sont en panne ? Je ne suis pas disposé à vous suivre dans votre irresponsabilité. C’est la preuve de l’irresponsabilité pendant cinq ans.

JL: Pouvez-vous informer la Chambre pourquoi l’efficience de la barge électrique n’a pas été mentionnée dans le RFP alors que l’émission de gaz et le coût de production de l’électricité  dépendent directement de l’efficience de la barge ?

PA : Le leader de l’opposition essaye de jouer sur les mots concernant les émissions, détail qui n’a pas été mentionné dans le RFP. Je dois préciser que nous avons eu l’aide d’une agence africaine qui a déjà négocié de tels projets au niveau international. Je dois préciser que le RFP mentionne « the efficiency ».

JL : Pouvez-vous informer la Chambre pourquoi la durée de Leasing sera de cinq ans sachant que les projets d’énergie renouvelable viendront en ligne au cours du premier trimestre de 2026, comme décrit le document du RFP.

PA : Dans le RFP, c’est précisé cinq ans, mais il y a aussi une Exit Clause. Permettez-moi de le dire que devant l’état actuel de notre réseau énergétique national, il serait irresponsable de taire les lacunes structurelles héritées d’une gestion antérieure marquée par l’inaction en termes d’énergie renouvelable, les effets d’annonce, une déconnexion flagrante entre les ambitions affichées et les actions concrètes de l’ancien ministre.

On avait parlé des 60% d’énergie renouvelable en 2060. Aujourd’hui nous sommes à 17,6%, y compris la bagasse. Nous avons reculé de 23 ou 24% en 2014 pour arriver à 17,6% en 2025.  Ce n’est pas une transition énergétique qui a été engagée. C’est une fausse campagne de communication permanente. Ce sont des rêves qu’ils ont vendus durant cinq ans.

Joe Lesjongard a posé l’ultime interpellation pour faire mention du risque de produire de la Dirty Energy. À quoi le ministre a brandi une copie de la Request for Proposal lancée par le ministre de l’Énergie d’alors, en l’occurrence Joe Lesjongard. « Pourquoi parle-t-il de Dirty Energy aujourd’hui ? », se demande Patrick Assirvaden. Il a précisé par ailleurs que les batteries installées par l’ancien gouvernement n’ont produit aujourd’hui que 10% que ce qui avait été annoncé et escompté.

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