Ramgoolam dénonce la Political Weaponization de la police sous le gouvernement Jugnuath
Le Premier ministre, Navin Ramgoolam, a annoncé hier après-midi la réouverture de l’enquête sur le meurtre de Soopramanien (Kaya) Kistnen, ancien chef agent politique du leader du MSM à Quartier-Militaire/Moka (No 8), Pravind Jugnauth, assassiné et dont le corps carbonisé avait été retrouvé dans un champ de cannes à Telfair. C’était lors de la Private Notice Question du leader de l’opposition, Joe Lesjongard consacrée à la situation du Law and Order dans le pays. « The investigation into unlawful killing of Mr Soopramanien Kistnen will be formally reopened next month and the government intends to introduce legislation soon to permit, in certain limited and controlled circumstances and in matters of great public interest, the use of specialist and expert investigators from abroad », ajoute-t-il.
Le leader de l’opposition avait demandé au Premier ministre si concernant les agressions, il pouvait obtenir des informations quant au nombre de cas signalés depuis janvier 2025, indiquant le nombre de décès, les personnes arrêtées en lien avec ces agressions et précisant si les suspects sont des criminels arbitraux ou soupçonnés d’avoir commis ces mêmes actes alors qu’ils étaient en liberté sous caution pour d’autres infractions ou en liberté conditionnelle ; les agressions perpétrées sur des policiers dans l’exercice de leurs fonctions ainsi que les affaires non résolues.
D’entrée de jeu, le Premier ministre s’est appesanti sur la situation chaotique qui prévalait au sein de la police lors de l’entrée en fonctions du nouveau gouvernement en novembre 2024. « L’ancien commissaire de police était devenu la risée de la nation par ses actes et ses agissements pour le moins caractérisés par la malversation et l’incompétence. Comme je l’ai déjà dit, au cours de la dernière décennie, la police est devenue un exemple typique de décrépitude institutionnelle », dit-il. Navin Ramgoolam a fait mention des conversations scandaleuses révélées par Misie Moustass ainsi que les informations à l’effet que le quartier général de la police se trouvait non plus aux Casernes mais à Angus Road. « Ils étaient davantage intéressés par la satisfaction de leur soif insatiable d’argent », s’indigne-t-il.
Par ailleurs, le Leader of the House a mis en avant la tactique aberrante du commissaire de police d’alors, qui a contourné le bureau du Directeur des Poursuites Publiques pour les procédures pénales. « Le commissaire de police a préféré retenir les services de conseillers et d’avocats du secteur privé, issus du cercle des avocats et des procureurs au service du MSM, ainsi que du Conseil du Roi du Royaume-Uni, pour un montant total de Rs 14 288 825, une pratique totalement inédite », affirme-t-il.
Le chef du gouvernement a aussi fait mention des révélations concernant le scandale de Reward Money et les allégations de trafic de drogue visant des membres de la société civile critiques du gouvernement de l’époque, illustrant « l’instrumentalisation politique » des forces de police sous le régime précédent. « L’implication de l’ancien commissaire de police et de ses plus proches collaborateurs à la tête des forces de police a provoqué une onde de choc dans le pays », a-t-il dit. « Voilà l’état de putréfaction des forces policières que le gouvernement précédent a légué à la nation. Aujourd’hui, heureusement que cette époque est révolue. Nous rétablissons l’orientation, la discipline et la dignité au sein des forces policières. L’époque où les ordres de la police émanaient d’adresses privées plutôt que des Casernes est bien révolue. Madame la Présidente, dès mon arrivée au pouvoir, nous avons pris une décision ferme et sans équivoque : la police doit à nouveau incarner l’intégrité, l’équité et le professionnalisme. Nous modernisons la police en redynamisant le cadre stratégique national de la police, qui s’articule autour de six piliers clés », poursuit-il.
Répondant au leader de l’opposition, le Leader of The House a énuméré le nombre de cas de janvier 2025 au 10 octobre 2025, soit : voies de fait simples: 4 247, voies de fait avec préméditation: 112, coups et blessures causant la mort sans intention : 1, voies de fait contre un agent de l’autorité civile: 104, tentatives de meurtre: 24. meurtres: 24. Malgré l’impression créée, les statistiques de cette année montrent clairement une tendance à la baisse sur le plan de Law and Order par rapport aux années précédentes. Le nombre total d’arrestations mortelles, comprenant meurtres, blessures et coups ayant entraîné la mort sans intention de donner la mort, s’élève à 25.
Le nombre d’arrestations liées à ces affaires s’élève à 1 185. Parmi elles, 108 récidivistes. Le nombre de suspects soupçonnés d’avoir commis l’infraction alors qu’ils étaient en liberté sous caution ou en liberté conditionnelle est de 100. Il y a eu 95 cas d’agression contre des policiers. D’autre part, 24 des 25 cas mortels, soit de janvier à octobre 2025, ont déjà été résolus.
Ainsi, il n’y a qu’un seul cas pour lequel l’enquête est en cours, soit un taux de réussite de 96 %. C’est à ce stade que le Premier ministre a annoncé la réouverture de l’affaire Kistnen : « Le gouvernement ne permettra pas aux meurtriers de se reposer en paix dans leur lit. Je peux annoncer que l’enquête sur l’homicide involontaire de Kistnen sera officiellement rouverte le mois prochain et que le gouvernement compte bientôt introduire une loi autorisant, dans certaines circonstances limitées et contrôlées et pour des questions d’intérêt public majeur, le recours à des enquêteurs spécialisés et experts étrangers », révèle-t-il. Il dira plus loin : « Depuis l’arrivée au pouvoir de mon gouvernement et la nomination du nouveau commissaire de police, la police a été profondément remaniée pour le rendre plus efficace. » Il citera le dernier meurtre en date, soit celui de Baie-du-Tombeau, qui a été résolu en 24 heures avec l’arrestation de cinq suspects.
« Cette tendance à la baisse résulte des mesures prises par le commissaire de police pour assurer le maintien efficace de l’ordre public, la sécurité publique, la prévention de la criminalité, les interventions d’urgence et l’aide aux victimes. J’ai déjà énuméré les mesures prises et celles qui seront mises en œuvre dans ma réponse à la PNQ du 19 juin. Parmi les autres mesures figurent la création d’une agence nationale de lutte contre la criminalité et le dépôt d’un projet de loi sur la police et la justice pénale. Madame la Présidente, mon gouvernement ne ménagera aucun effort pour améliorer l’efficacité de la police. Comme je l’ai dit plus tôt, nous avons déjà pris plusieurs mesures pour atteindre cet objectif », dira-t-il en conclusion à sa réponse liminaire.
Lesjongard : La situation est alarmante. Ma première question supplémentaire concerne les chiffres communiqués à la Chambre. Et lorsque je me réfère à certains chiffres, la situation est assez alarmante. Je constate que nous avons 15 cas d’agressions par jour et 10 policiers agressés par mois. C’est pourquoi je dis que la situation est alarmante. Depuis ma dernière intervention, je crois que nous sommes tous d’accord que la situation dans les rues s’est aggravée. Rien que pour le mois de septembre, nous avons recensé des cas d’agression au métro, de violence conjugale, un cas de meurtre, et même d’utilisation d’armes à feu et d’agression avec des armes dans l’enceinte d’un hôpital. Le Premier ministre en a d’ailleurs informé la Chambre. Quelles mesures supplémentaires compte-t-il prendre ?
Ramgoolam : Le leader de l’opposition sera peut-être surpris d’apprendre que j’ai donné les chiffres, mais si vous les comparez à ceux de l’année dernière, lorsque vous étiez au pouvoir, permettez-moi de vous rappeler qu’il y avait eu 4 247 agressions simples. En 2024, vous savez combien il y en avait ? 5 458. Plus de 1 000, 1 300 de plus.
L’agression avec préméditation est de 112. En 2024, c’était 143. Quant aux cas d’agression contre un agent de l’autorité civile, j’ai dit 104. En 2024, c’était 133. Permettez-moi de le dire aussi : nous légiférerons. Il est inacceptable que quelqu’un puisse agresser un policier. C’est un problème auquel nous devons remédier. Nous devons renforcer la loi. C’est totalement inacceptable. Pour ce qui est des meurtres, il y en a eu 24 cette année, contre 35 en 2024. C’est pourquoi j’ai dit qu’il y avait une impression. Mais avec les chiffres, c’était bien pire. Je ne veux pas tout donner en détails. Vous direz que je prends mon temps. J’ai indiqué les mesures que nous prenons. Comme je l’ai dit, il y a encore des progrès à faire. Mais nous avançons dans cette direction.
JL : En réponse à une interpellation supplémentaire de mon collègue, mardi dernier, le Premier ministre a déclaré qu’il ne voulait pas donner l’impression que nous sommes un État policier parce que notre pays attire les touristes. Le Premier ministre est-il conscient que même des touristes ont été agressés en plein jour ?
NR : Il donne l’impression qu’aucun touriste n’a été agressé au cours des dix dernières années. Comme je l’ai dit, il y a matière à amélioration. Nous nous attaquons au problème et le commissaire de police se pence sur cette situation. Je ne veux pas donner l’impression que nous sommes un État policier, mais nous utilisons la SMF. Nous effectuons des contrôles de routine, etc., mais pas partout sur l’île. Nous changeons de place de temps à autre.
JL : Lors de ma précédente PNQ le Premier ministre a mentionné le manque de policiers. Alors qu’aujourd’hui nous demandons aux policiers d’enregistrer les chiens, pouvons-nous savoir où en est le recrutement de nouveaux policiers ?
NR : Je sais, que vous m’avez déjà contacté la dernière fois. Nous venons de recruter, je ne me souviens plus du nombre, tde oute une cohorte de nouveaux policiers. Nous sommes en train de voir, mais il y a une chose à faire. Nous voulons que les policiers soient à la hauteur. Nous voulons que les citoyens les respectent, mais les policiers véreux les élimineront.
JL : Pourrions-nous savoir quelles propositions le Cabinet du Premier ministre a formulées au Pay Research Bureau et à la Disciplinary Financial Services Commission pour améliorer les conditions de travail des policiers, c’est-à-dire les horaires, l’équipement et les salaires ?
NR : Je sais que le commissaire de police met de l’ordre. Bien sûr, certains ne seront pas contents lorsqu’il le fera. On ne peut pas simplement décider de travailler le dimanche juste pour gagner un peu d’argent. Il met de l’ordre dans tout cela. L’affaire Reward Money. Nous ne pouvons plus donner de récompenses comme cela. Vous avez vu combien de millions ? Vous avez dû être choqué vous-même. Puisque vous n’étiez pas ministre de l’Intérieur, je ne pense pas que vous l’étiez…
Concernant le PACE, le Premier ministre a indiqué « que nous avons travaillé d’arrache-pied et avons présenté la loi sur la police et les preuves criminelles au Parlement. Elle a été lue en première lecture. Le DPP d’alors avait soulevé quelques questions, puis les élections ont eu lieu. Ce projet de loi avait déjà été lu en première lecture. Vous étiez au pouvoir depuis dix ans. Le projet de loi était là et vous n’avez rien fait. »
Concernant l’agression dans le métro, le PM a dit que cette question a déjà été abordée : « Le problème c’est que, comme vous le constatez, la FCC demande davantage de policiers pour accomplir leur travail, car il y a tellement de personnes qui volaient au gouvernement précédent qu’il faut les retrouver. Et ces personnes doivent être formées. »
À la question de savoir si un presque an après le début de son mandat, le Premier ministre est satisfait des mesures prises par son gouvernement pour lutter contre la criminalité au pays Navin Rampgoolam a répondu: « je croyais avoir tout expliqué au début. Nous avons des résultats à montrer, des chiffres comparatifs. Par exemple, j’ai donné un chiffre concernant ce crime : 96 % de réussite, un chiffre qui n’a jamais existé sous votre gouvernement. »
Le Premier ministre a finalement déclaré qu’il est trop tôt pour dire si le mandat du commissaire de police sera renouvelé ou non.