Assurance Automobile : Hausse des primes de 50 % entre 2019 et 2024

• L’assurance médicale désormais considérée comme « un produit de luxe »
• L’IAM lance un appel à la Banque de Maurice pour revoir le système de Primary Dealership

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Les Mauriciens sont en colère. Le coût de l’assurance automobile et médicale explose. Dans un souci d’éclairer la population, l’Insurers Association of Mauritius a avancé certains arguments lors d’une conférence de presse. Représentée par son secrétaire général, Vasish Ramkhalawon, l’association a dressé un état des lieux préoccupant. Elle voulait répondre aux critiques grandissantes de la population. « C’est vrai que les primes ont bien augmenté entre 2019 et 2024 », a reconnu d’emblée Vasish Ramkhalawon. Selon lui, la hausse s’élève à près de 50 % en cinq ans. Une réalité que l’IAM ne nie pas, mais qu’elle replace dans un contexte de coûts structurels croissants, de risques accrus et d’équilibre fragile pour les assureurs.

 

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Le dossier le plus brûlant concerne l’assurance automobile, qui représente la part la plus importante du portefeuille de plusieurs compagnies. « Certaines compagnies d’assurances font de bons chiffres, mais dans d’autres Lines of Business. Pour certains, 95 % de leurs activités reposent sur l’automobile, et dans la situation actuelle, c’est intenable », a souligné le secrétaire général. L’IAM explique que la flambée des prix des voitures, qu’elles soient neuves ou reconditionnées, a mécaniquement alourdi la facture pour les assurés.
Après les dernières annonces budgétaires, une ruée vers les concessionnaires a même été constatée, accentuant la pression sur le marché. Or, dans un contrat d’assurance, la valeur assurée (sum insured) joue un rôle clé. « Beaucoup d’assurés prennent une police valable pour un an, avec une valeur fixée au moment de la signature. Si la valeur de la voiture augmente entre-temps et qu’il y a un Total Loss, l’assuré sera perdant. Notre devoir, c’est d’expliquer cela clairement à la population. C’est pour cela que plusieurs compagnies d’assurances ont envoyé un courrier à leurs assurés », dit-il.

La réalité des chiffres est parlante : en 2019, le Claims Ratio dans l’automobile atteignait déjà 71 %, dépassant largement les seuils de rentabilité. En 2024, il a bondi à 80 %, du fait de la hausse des coûts de réparation, de la valeur des véhicules et d’un nombre croissant de sinistres. « Le public doit être bien avisé : si la valeur des voitures a augmenté, la Liability des assureurs aussi », poursuit le secrétaire général, ajoutant que « les compagnies d’assurance doivent investir leur capital pour soutenir leurs opérations. Sans diversification et investment income, certaines rouleraient à perte. »

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Un autre sujet de préoccupation majeure demeure la santé. Le coût de l’assurance médicale explose, au point d’être désormais « considérée comme un produit de luxe », selon les mots mêmes de Vasish Ramkhalawon. En 2019, ce segment paraissait encore soutenable : le Claims Ratio s’établissait à 63 %, malgré un volume impressionnant de réclamations – près de 300 000 cette année-là. Les assureurs pouvaient alors absorber les coûts administratifs élevés liés au traitement des dossiers. Mais la tendance s’est inversée à partir de 2023. « À partir de 2023, nous avons été contraints d’augmenter les primes », admet l’IAM. En 2024, la hausse a été encore plus marquée et le Claims Ratio était à 66 %. Résultat : de plus en plus de Mauriciens dénoncent un coût exorbitant.

Près de 250 000 à 300 000 vies sont aujourd’hui couvertes par une assurance médicale, dont 95 % via des contrats collectifs financés par les employeurs. Mais l’équation devient difficile à tenir pour les classes moyennes. « Le pays opère l’État providence et la réalité est que les cliniques privées ont augmenté leurs tarifs considérablement », affirme Vasish Ramkhalawon.

Pour lui, il est urgent de mettre en place un système « bien réglementé », comme annoncé dans le budget. L’IAM accueille favorablement les mesures annoncées par le gouvernement, parmi lesquelles la création d’un Office of Ombudsperson for Health Services et l’introduction d’audits dans les hôpitaux. « Tout le monde se plaint que l’assurance médicale coûte plus cher, mais c’est dû à l’inflation. Si nous voulons maintenir la qualité des soins, il faut que les réformes se concrétisent », dit-il.

Le troisième dossier abordé par l’IAM concerne la réforme du système de pension. L’IAM ne souhaite pas commenter la dimension politique du sujet, mais tient à rappeler son importance pour la stabilité économique et sociale. « Il est essentiel que la Commission of Experts annoncée dans le budget engage un dialogue approfondi sur les différents piliers de notre système de retraite », estime le secrétaire général. Trop souvent, le débat se focalise uniquement sur la Basic Retirement Pension (BRP), alors que la Banque mondiale et l’OCDE identifient cinq piliers dans un système moderne. Pour l’IAM, une réforme globale et transparente est nécessaire, afin d’assurer la pérennité des retraites, mais aussi de garantir que l’épargne des assurés soit investie de manière efficace et sécurisée.

Au-delà des enjeux sectoriels, l’IAM s’est également exprimée sur un sujet plus technique mais tout aussi crucial : le fonctionnement du Primary Dealership sur les obligations d’État. Aujourd’hui, seules certaines banques, désignées comme Primary Dealers, peuvent acheter directement les titres émis par le gouvernement, avant de les revendre sur le marché secondaire. Or, selon l’IAM, ce système ne fonctionne pas correctement.

« Nous prenons l’argent de la population et nous allons donner aux plus riches, cela fait du tort à notre système de pension », a dénoncé Vasish Ramkhalawon, accusant certaines banques de ne pas « jouer le jeu » en matière de redistribution des titres. L’IAM appelle la Banque de Maurice à revoir ce mécanisme, estimant que les compagnies d’assurances doivent pouvoir accéder plus facilement aux obligations d’État pour investir les fonds de leurs assurés sur le long terme. « Le système de Primary Dealership doit être revu », plaide-t-il.
Au-delà de ces défis nationaux, l’IAM a aussii fait état des ambitions internationales de Maurice dans le secteur. Le pays a été membre fondateur de l’Africa Insurance Organisation (AIO) et souhaite renforcer sa position comme hub régional. En 2026, la deuxième édition de la conférence 3i International se tiendra à Maurice, avec 250 à 300 participants attendus. En parallèle, le Reinsurance Forum de l’AIO aura également lieu à Maurice, renforçant la visibilité du pays. Objectif affiché : accueillir l’assemblée générale de l’AIO en 2028 et s’imposer comme un Reinsurance Hub africain.

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