Pour la Journée internationale de la femme célébrée le 8 mars, Max, de son vrai nom Anish Gowriah, a choisi d’exposer ses tableaux sous le titre Ma le 8 mars au Caudan Arts Center. Quatorze tableaux et 300 dessins qui culmineront en une minute d’animation digitale. Ces mêmes tableaux feront par la suite objet d’une animation qui figurera dans la deuxième saison du House of Digital Arts à Port-Louis. Max, l’artiste, sait célébrer la beauté de la femme.
Déconstruire son visage et son corps pour voguer vers la quête identitaire. Au lieu de se contenter d’observer un modèle, Max a choisi de devenir son propre objet d’étude et de création. Dans sa tête, plusieurs figures de femmes se dessinent. Lui s’appuie sur une pluralité de moyens pour mettre à nu les valeurs et les structures de ses portraits.
Et s’il était dans la peau de ces femmes, que ressentirait-il ? « Il faut être soi, pour s’aimer et aimer d’un amour inconditionnel. Telle une mère. Dans mes tableaux, j’expose la dualité qui s’oppose en moi à travers des portraits de femmes dont les regards sondent l’âme », lâche l’artiste.
La démarche de Max est limpide et ses traits de crayon épousent à merveille la femme avec chacune leur parcelle de vie, tout en gardant pour fil conducteur le même regard qui les unit. Dans ces portraits de femme, selon Max, il est à la recherche de la mélancolie maternelle, le désir d’enfantement jusqu’à s’imaginer dans un corps d’homme… donner la vie. C’est cette image qui l’a conduit à tisser son fil d’Arianne. Il s’est imprégné de cet amour filial entre une mère et son enfant, une sorte de cri d’amour qui le porte à chaque instant de sa vie.
Cette dualité d’un homme qui parvient à sonder l’amour féminin est intéressante à bien des égards. Max, ou Ma, l’artiste et son sujet fait corps, entraînant son public dans des tournoiements de l’âme. Est-ce plus facile d’être femme ou homme ? Et si les deux fusionnaient pour mettre en exergue toute une palette d’émotions. Max, artiste pluriel, qui séduit ou dérange. Lui préfère rester dans la contemplation de ces sujets. « Dans tous mes portraits de femmes, elles sont toutes liées par leur regard qui traduit ce besoin d’amour. »
Couleurs pour magnifier la femme
Max raconte que lorsqu’il s’est mis à son chevalet pour peindre, il s’est laissé guider par ses émotions, avec ce besoin viscéral de choisir des couleurs qui magnifieraient la femme, en leur donnant chacune leur propre personnalité. À travers l’art, Max se libère. Lui, l’écorché vif, est aussi en perpétuelle recherche sur sa vie, son devenir.
L’Art lui a permis de s’extérioriser. Enfant, il reconnaît que sa sensibilité à fleur de peau lui a joué plus d’un tour. Max ne s’est jamais vraiment senti libre du choix de sa vie. Dans ses portraits et ses esquisses, il fuit le quotidien et raconte qu’il devait, adolescent, cacher ses croquis pour que ses parents ne découvrent pas ses escapades en feuilletant par mégarde ses cahiers.
À 16 ans, il opte pour le sobriquet de Max, une sorte de dédoublement de sa personnalité. Pour l’état civil, il est Anish Gowriah, et pour le monde artistique Max. Max, son sobriquet, est devenu son meilleur allié pour s’exprimer sans effort. Car Max avait peur de l’abandon et des conflits. Florence, la ville italienne, l’a sauvé.
Lauréat d’un concours de photographie de mode, il restera sept ans à Florence et fera un stage chez Agnès B à Paris avec dans son escarcelle la réalisation de plus de 3 000 dessins en six mois. Son retour à Maurice en pleine pandémie de Covid met ses idées en ébullition et lui permet de générer quelque 2 000 dessins qui seront exposés avec celles d’Emmy Lim Hon à la galerie Imaaya. Étant présent sur tous les fronts avec les collectifs d’artistes, sa renommée s’accroît. Mais l’artiste réfute : «Il y a de la place pour tous les artistes aussi longtemps qu’il y a de l’amour pour le métier et les gens. »
Passionné de l’art digital, les animations numériques, Max doit son exposition au Caudan Arts Centre à Chloé Mayotte. « Chloé a vu mes tableaux de femmes et senti une connexion entre chacun de ces portraits différents de femme. De là est né Ma, ces femmes héroïnes. Et mon exposition viendra présentement rendre hommage à ces femmes vibrantes de vie, le 8 mars, lors de la Journée de la Femme. »
La force de Max repose sur son authenticité, sa créativité et son aisance picturale. Ses peintures sont comme une mise en scène théâtrale. Anish Gowriah est un artiste prometteur qui gagnerait de s’affirmer davantage et cela ne pourra se faire que le jour où il mettra son pseudonyme de Max au placard pour révéler le vrai Anish qui sommeille en lui. Car comme il le dit lui-même : « Max est un personnage que j’ai créé, qui m’a permis de m’exprimer de manière authentique, de me libérer et qui me permet aujourd’hui de réunir mes identités plurielles en un soi. »
Entre-temps, Max sera présent jusqu’au 28 mars à The Basement, au Caudan Arts Centre, pour présenter Ma qui sera une ode à la femme. L’artiste s’attelle déjà à un autre projet qui s’articule autour d’une animation pour la deuxième saison du House Of Digital Art, prévue en avril.

