Au parlement ce mardi — BRP à 65 ans : nouvelle charge contre le vote du Finance Bill

Des syndicats font appel aux parlementaires pour faire échec à la réforme de la pension

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Le Finance Bill sera présenté en deuxième et troisième lectures ce mardi à l’Assemblée nationale. Les syndicalistes font un appel aux parlementaires de la majorité » de ne pas voter ce texte qui donnera force de loi à la Basic Retirement Pension (BRP) à 65 ans au lieu de 60 ans à partir de ce 1er septembre.
La Confédération des Travailleurs des Secteurs Public et Privé (CTSP) a adressé une lettre ouverte aux parlementaires pour demander à ces derniers de ne pas voter ce projet de loi qui aura des conséquences sur leur carrière politique. « If you vote in favour of this measure, you will carry the burden of having made thousands of senior citizens suffer. Many of them are physically handicapped, housewives who have worked unpaid all their lives, people who have endured difficult and precarious working conditions, and those who have contributed to building this country but now stand to lose their basic protection. This is not just a policy change – it is a fundamental shift that will leave deep scars on our social fabric. The people who elected you did not give you a mandate to dismantle their right to a dignified retirement. There is still time. We appeal to your conscience, your humanity, and your sense of duty to the people of Mauritius: do not vote for this measure. Stand with the elderly, the vulnerable, the workers, the women, and the disabled who depend on this pension to survive. History will remember this moment, and so will your constituents. Please act now to prevent unnecessary hardship and uphold the principles of solidarity and compassion that have long defined our nation », écrit Reeaz Chuttoo, président de la CTSP.
Par ailleurs, le mouvement STOP – Pa Tous Nou Pansion de Dave Kissoondoyal a réitéré dans un communiqué émis hier que ce mouvement a porté l’affaire à l’échelle internationale en soumettant des plaintes officielles auprès de l’United Nations Special Rapporteur on Extreme Poverty and Human Rights, de l’International Labour Organization, de  l’United Nations Committee on Economic, Social and Cultural Rights, du HelpAge International, United Nations Development Programme et de l’African Commission on Human and Peoples’ Rights.
« This is not just a political issue – it is a human rights emergency. Our elders, many of whom worked informally, are now being told to wait five more years to live with dignity. We will not remain silent while social contracts are broken », écrit Dave Kissoondoyal, le fondateur du mouvement.
Le président du Mauritius Labour Congress (MLC), Haniff Peerun, s’adresse, de son côté, aux parlementaires. « Je lance un appel à chaque parlementaire. Exercer vos votes d’après votre âme et conscience. Je vous demande de ne pas suivre la ligne directrice de votre parti car leurs dirigeants considèrent leur intérêt avant celui de la nation mauricienne. La souffrance du peuple continue à faire écho dans chaque coin et recoin du pays. Malheureusement, nous avons affaire à des dirigeants politiques qui sont devenus plus arrogants que jamais car le pouvoir leur est monté à la tête. La population continue à faire des sacrifices alors que les politiciens continuent de voyager et de gaspiller l’argent des contribuables. La leçon à retenir est de ne jamais plus faire confiance aux promesses électorales. C’étaient au final des assoiffés du pouvoir qui ont pris le pouvoir pour protéger leurs poches et leurs proches. L’idéologie de protéger les plus faibles n’existe plus lorsqu’ils ont pris le pouvoir et le maître-mot est le suivant : Sacrifice pour les travailleurs et largesse pour les pauvres et largesse pour les riches, Bizin aret amen rol mouton ek aksepte tou seki inpoze par bann onorab. L’arrogance du pouvoir peut mener à la destruction de leur carrière politique », a-t-il dit.
Le président de la General Workers Federation (GWF), Clency Bibi, a déclaré que la BRP à 60 ans est un droit acquis vieux de 67 ans qui est remis en question. « C’est d’autant plus triste de constater que la BRP avait été recommandée par une commission qui était présidée par feu Guy Rozemont, père du syndicalisme mauricien et figure emblématique du PTr. Aujourd’hui c’est malheureusement sous le PTr et ses partenaires le MMM et REA (issus de la classe laborieuse) que vient se poser la question de cet acquis. »
D’autre part, avec le vote du Finance Bill, il y aura une cascade d’augmentations des prix touchant les voitures, les polices d’assurance, etc. « Aussi, nous appréhendons une augmentation sur les loisirs comme Netflix, etc. Par contre, le gouvernement a reculé sur d’autres mesures fiscales comme la taxe sur les bénéfices de plus de Rs 24 millions sous pression du grand capital. Autre déception, c’est que ceux qui étudient à temps partiel à l’université ne seront plus remboursés, plus de subventions.  Pour conclure, les mesures votées à travers le Finance Bill auront un impact sur le pouvoir d’achat de la population », a déclaré Clency Bibi.
Le président du Conseil des Syndicats, Sanjay Sembhoo, demande aux parlementaires de ne pas voter la BRP à 65 ans. Il trouve chagrinant qu’au sein de la majorité gouvernementale, personne n’ait un point de vue différent.
Pour le président de la Federation of Parastatal Bodies and Other Unions, Deepak Benydin, l’adoption du Finance Bill sera un coup de massue sur la tête des travailleurs. « La BRP à 65 ans est un gros recul. L’Interim Allowance de Rs 10 000 est ce qu’on appelle adding insult to injury. 70% de la classe laborieuse n’arrivent pas à économiser car ils sont surendettés. Ils ont dû contracter des dettes pour meubler leurs maisons et pour acheter de la nourriture. Ils ont du mal à joindre les deux bouts à chaque fin de mois. Ces travailleurs pensaient qu’à l’âge de 60 ans, ils auraient une aide financière. Cet espoir est tombé à l’eau. Le gouvernement a commencé à démanteler l’État-Providence, à remettre en question la Child Allowance, la CSH allowance, la gratuité des frais d’examens pour élèves du cycle secondaire et les Part-timers de l’université de Maurice. On va finalement créer une société à deux vitesses avec des gratte-ciel d’un côté et les pauvres de l’autre. Le Finance Bill ne doit pas être voté », déclare le syndicaliste.

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