Bail Motion : Me Mohamed évoque un « manque de preuve » contre Laurette

Une somme de Rs 80 000 offerte à l’activiste politique mensuellement pour assurer ses dépenses

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Les débats sur la motion de remise en liberté conditionnelle en faveur de Bruneau Laurette se sont poursuivis au tribunal de Moka, hier. Lors des échanges, ses sources de revenus ont été abordées. L’activiste politique a confirmé qu’il reçoit un total de Rs 80 000 mensuellement pour assurer ses dépenses personnelles. Cette somme est contribuée par trois bailleurs de fonds, dont Eshan Patel, l’ancien ambassadeur de Maurice en Malaisie. Ce dernier a déposé à la barre de témoin hier. L’audience a également vu la Submission de la défense alors que celle de la Poursuite est prévue pour jeudi.

Intervenant en Cour après l’audition de Bruneau Laurette, Me Shakeel Mohamed soutient avec force qu’il n’y a « aucune preuve » contre Bruneau Laurette. Il a d’abord évoqué la substance saisie par la police dans la voiture de son client lors de la perquisition du vendredi 4 novembre 2022 à Petit-Verger, Saint-Pierre.

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Citant le rapport mondial des Nations unies sur le prix de drogue au niveau des pays, il avance que Maurice ne prend pas en compte certaines données scientifiques, comme le taux de pureté de la drogue.

« C’est la raison pour laquelle la défense s’est appesantie sur ce dernier aspect de l’enquête. Qui dit que les 44 kg de haschich valent Rs 250 millions et non pas Rs 10 000 ? »se demande-t-il.

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Il trouve regrettable que la police n’a pas été en mesure d’éclairer la Cour à ce sujet. Le Leading Counsel de la défense est revenu sur le fait qu’il n’y ait aucune empreinte de Bruneau Laurette sur le coffre de sa voiture et les sachets de drogue saisis. « La police n’a même pas trouvé de gant chez l’accusé », devait-il renchérir.

L’homme de loi a profité de l’occasion pour dresser un parallèle entre ce cas et celui de Me Akil Bissessur. « Sans entrer dans les Merits of the Case, dans le cas d’Akil Bissessur, la Poursuite n’a pas objecté à sa remise en liberté conditionnelle. Mon client est lui toujours en détention. Pourquoi ? Parce qu’il s’appelle Bruneau Laurette ?» ajoute-t-il.

Me Mohamed a aussi déclaré que son client a collaboré avec la police en donnant son consentement pour l’examen de ses outils informatiques et comptes bancaires. « La police dit que l’accusé va interférer avec les témoins et les preuves. Mais, jusqu’ici la police ne se base que sur des appréhensions à l’effet qu’il y aurait de la drogue quelque part et d’autres accusés dans la nature. Trois mois sont passés depuis l’arrestation de mon client et aucun témoin n’a été identifié » , fait-il comprendre.

L’avocat a aussi mis l’accent sur les liens familiaux de Bruneau Laurette pour écarter la thèse de fuite en cas de liberté conditionnelle. Il ajoute que l’activiste politique a travaillé comme Sea Marshal et qu’il n’a aucune connaissance de navigation en mer.

Par ailleurs, la séance d’hier a débuté avec les questions à Bruneau Laurette surtout au sujet des appréhensions de la police à l’effet qu’il puisse s’enfuir s’il est remis en liberté conditionnelle.

Me Mohamed: Une des raisons évoquées par la police pour objecter à votre remise en liberté conditionnelle est que vous pouvez fuir. Qu’avez-vous à dire à ce sujet?
Bruneau Laurette : À chaque fois que la justice a besoin de moi, j’ai toujours répondu présent. J’ai un lien avec les citoyens de ce pays avec qui nous avons marché ensemble il y a deux ans et demi de cela après le naufrage du Wakashio. Mo ena enn konba pou amene ou sa pe-la.
Q: Quand avez-vous fait votre entrée en politique?
R: Après l’affaire du Wakashio.
Q: Expliquez à la Cour l’implication de l’affaire Wakashio et votre entrée en politique.
R: En 2020 j’ai organisé une grande marche à Port-Louis et une autre à Mahebourg la même année avec l’aide d’autres personnes. J’ai aussi fait d’autres rassemblements pour des causes publiques comme en 2021 où des partis politiques y avaient participé à la Place d’Armes. Sans compter mon dernier rassemblement en octobre dernier pour dénoncer la drogue qui entre à Rivière-Noire et l’implication de certains policiers.
Q: Comment décrivez-vous votre relation avec la société mauricienne?
R : C’est une relation fusionnelle pour le changement. Je défends les Mauriciens et prends position pour eux.

Par la suite, l’accusé a expliqué ses relations familiales où il dit être père de quatre enfants dont une mineure de huit ans et bientôt grand-père. Concernant sa fillette, il avance qu’il subvient à d’autres dépenses en sus du versement d’alimony mensuellement.
Puis. Bruneau Laurette a évoqué ses sources de revenus en disant qu’il détient deux comptes bancaires, l’un pour ses dépenses personnelles et l’autre qu’il utilise pour les donations sociales.

« Plusieurs personnes m’aident financièrement pour le combat que je mène pour la société mauricienne», ajoute-t-il.

Auparavant, Bruneau Laurette avance qu’il a déjà loué ses services de Personal Coaching en arts martiaux (Krav Maga) pour les officiers de la prison à Maurice et aux Seychelles. C’est alors que Me Roshan Santokhee, représentant de la Poursuite, s’est intéressé à ses sources de revenus.

Me Santokhee: Vous dites que vous faites du Personal Coaching à Maurice et à l’étranger. Vous n’avez donc aucun employeur?
Bruneau Laurette: J’ai fait du In-House Training pour une société locale et j’ai aussi offert mes services aux compagnies de Shipping. Mais, c’était il y a quelques années de cela.
Q : Vous avez donc beaucoup voyagé?
R: C’était la nature de mon travail.
Q: Vous avez donc avoir de bons contacts comme aux Seychelles?
R: Des contacts à la prison des Seychelles.
Q: Qu’avez-vous fait de l’argent que vous gagnez de vos contrats ?
R: J’ai dépensé une bonne partie pour aider des enfants en Afrique. Je n’ai gardé que le strict minimum pour moi. Depuis l’épisode Wakashio, beaucoup de personnes versent de l’argent sur mon compte.
Q : C’est avec cet argent que vous vivez?
R : J’ai deux comptes. Un pour mes dépenses personnelles et l’autre utilisé pour les gens dans le besoin.
Q: Est-ce qu’il y a beaucoup de personnes qui versent de l’argent sur votre compte personnel?
R : Trois ou quatre, dont un ancien ambassadeur de Maurice en Malaisie qui me donne Rs 30 000 mensuellement et deux autres donateurs qui me donnent chacun Rs 20 000.
L’un de ses bailleurs de fond, Eshan Patel, a déposé. Il a confirmé qu’il a commencé à donner Rs 30 000 à Bruneau Laurette pour ses dépenses personnelles à partir de janvier 2021. « Bruneau Laurette est mon ami et je soutiens son combat », dit-il.
Ce témoin avance que ses sources de revenus proviennent de l’argent de location de quatre maisons, d’un fonds de pension, et des dividendes d’une compagnie. Il dit n’avoir aucune objection si les autorités souhaitent examiner ces informations.
La prochaine séance est prévue jeudi où la poursuite fera sa Submission.

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