BALL JOINTED DOLLS: Nouveau “craze” des collectionneurs, des poupées articulées en résine

Vous n’en reviendrez pas si vous voyez une de ces BJD Dolls. Elles pèsent 2 kg. La dernière en date mesure plus d’un mètre. Connues comme les poupées aux articulations rondes, capables pour certaines d’effectuer des mouvements, les BJD sont constituées de résine et les différentes pièces sont maintenues ensemble par un élastique qui passe à l’intérieur du corps et des membres. Ces poupées sont customisables et s’adressent plus particulièrement aux collectionneurs avertis. C’est Christelle Barbe, connue pour ses magnifiques illustrations de BD, qui a fait découvrir les BJD aux Mauriciennes.
À les observer de près, les Ball Jointed Dolls semblent réelles. Et la résine leur donne un aspect proche des humains. Étant malléable, cette matière peut-être poncée et percée, permettant ainsi de mieux affiner les courbes et le visage. Elles existent en trois teints : porcelaine, brun chocolaté ou blanc. Ces poupées pouvant être customisées, leurs membres, variant entre 15 et 70 cm, sont vendus séparément : tête, yeux, cheveux, mains, pieds.
La tête ressemble à un masque en plâtre version « Fantomas » avec le nez et la bouche. Quant aux yeux, explique Christelle Barbe, ils ne sont pas collés : c’est une sorte de Putty (comme du Blu-Tack) qu’on applique. Les yeux sont disponibles en acrylique, en verre et en silicone, permettant ainsi à l’utilisateur de varier le look de la poupée de collection.
S’agissant de la chevelure, les perruques existent en noir, blond, auburn. On peut les avoir hirsutes, bien peignées, lisses, drues ou crépues.
Fantaisie d’artiste
Christelle Barbe explique que le maquillage entre aussi en ligne de compte lors de la réalisation d’une BJD. « On peut utiliser de l’acrylique, de l’aérographe, du pastel, mais à proscrire des encres à base d’alcool, car la poupée étant en résine cela risque d’endommager sa parure. Il faut au minimum avoir une certaine connaissance en maquillage pour rendre la poupée plus esthétique. » La collection de Christelle Barbe est la plus impressionnante. Eden, le Strawberry Boy rose avec son allure d’androgyne et son teint en porcelaine, Isenberg, le vampire au prénom celte se distingue par ses crocs. Sa particularité: il est un hybride, possède un corps humain et des pattes de cerf. Angelus, le prince blond charmeur qui a un côté sombre, son château étant un antre pour d’autres vampires.
Christelle Barbe aime bien les histoires de vampires proches des mythes de la Roumanie. « Beaucoup de bédéistes ont rejoint cette petite communauté de BJDeuses. Les dessins et la collection BJD permettent la création des personnages. L’idéale avec ces poupées, c’est qu’on peut leur donner une âme. Chaque pièce est vendue séparément et c’est à l’artiste de créer son modèle de poupée. Volks a été le pionnier dans cette filière et au fil des années, les BJD sont devenues pour les Japonais un vrai hobby. »
Tout comme Christelle Barbe, Kateleen Ah Tsang Chee et Emi Lee, deux jeunes femmes, qui se sont laissées imprégner de l’univers des BJD. Emi Lee, tout comme sa BJD, préfère mettre un masque sur son visage. « C’est ma signature artistique. Ma Ball Jointed Doll se prénomme “Lloyd”. Elle est arrivée en pièces détachées et concernant ses yeux, c’est Christelle Barbe qui lui a donné du relief. Ma BJD représente un prince, je m’en inspire pour mes BD. Elle est plus craze qu’une Barbie. »
Faire ses propres “photostories”
Chaque BJD a un aspect différent selon le goût et l’humeur de son propriétaire. Avec leur touche personnelle, leur fantaisie d’artiste, Christelle Barbe, Emi Lee et Kateleen Ah Tsang Chee ont créé des BJD et les ont fait vivre une histoire, presqu’un scénario. Les membres de certaines BDJ étant assemblés avec un élastique, cela leur permet de s’articuler. Toutefois, prévient Christelle Barbe, les élastiques doivent être changés tous les six mois. « Je donne aussi un bain à ma poupée pour lui donner un air de fraîcheur et pour la dépoussiérer. Avec un peu de bicarbonate dans l’eau cela permet d’enlever les taches jaunes. Il ne faut jamais exposer sa poupée sinon la résine fond ; toujours la conserver dans sa boîte.
Pour les trois amies bédéistes, quand elles cherchent un sujet à dessiner, leurs BJD regroupées leur permettent d’avoir de l’inspiration pour donner forme à une histoire et l’enjoliver. Celle de Kateleen Ah Tsang Chee, baptisée « Cross », fait référence à un ange déchu venu sur Terre pour retrouver ses ailes.
Quant à Lloyd, la BJD d’Emi Lee, elle fait référence à Gavroche dans Les Misérables. Les trois jeunes filles accordent aussi une attention particulière aux vêtements de leurs poupées. « On aime leur faire porter des tenues différentes afin de varier leur look. Aujourd’hui Cross est blonde, demain, je la verrai bien en brune. »
Cette rencontre avec la BJD, Christelle Barbe l’a vécue en 2006. « Je me suis fait de nombreux amis sur internet et le petit cercle de fan club des BJD s’est bien agrandi depuis. À Maurice, l’engouement ne va pas crescendo, juste quelques initiés surtout chez les artistes. »
Kateleen Ah Tsang Chee, elle, parle de faire de sa BJD une des héroïnes de sa prochaine BD. « Ce genre de poupées permet de créer ses propres Photostories. Cross, l’ange déchu, veut retrouver ses ailes sur Terre et mon personnage de résine passe parfois en 2D pour me permettre de vivre avec lui des aventures rocambolesques. » Avis que partage Emi Lee. Christelle Barbe a déjà eu d’autres idées, réaliser des sculptures du même genre, mais cette fois en glaise. « Un artiste doit toujours évoluer, réinventer son univers. J’en ferai une en version grande que je compte lancer lors de mon expo Animu. »
Abordant le coût de ces figurines, Emi Lee lancera : « C’est un investissement onéreux… mais qui n’a pas de prix, c’est comme une oeuvre d’art. » Et Christelle Barbe d’ajouter que le prix va de pair avec la conception de la figurine. « Les entreprises d’Asie les conçoivent en  quantité restreinte, moi, j’aime les BJD en collection unique et forcément, le coût sera beaucoup plus élevé. »
La texture de la poupée entre aussi en ligne de compte : elles sont fines, délicates avec un charme fou à la fin de la réalisation. Parlant des caractéristiques des BJD, Emi Lee précise qu’elles varient selon que la poupée est une fille ou un garçon, un elfe, un ange, un centaure, un vampire. La vente se fait par correspondance à partir des sites des fabricants japonais ou sur des sites d’enchères.
Parvenir à faire un objet inanimé, traduire des émotions différentes selon la conception de la BJD, c’est en cela que se résume le succès des BJD. Gageons que dans quelques mois, ces poupées de collection feront des émules et tout comme le phénomène Harry Potter, les BJD feront également un carton à Maurice.

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