La succession, littéralement sans interruption, de suspects en tous genres entre le QG de la Financial Crimes Commission (FCC) et les tribunaux de la République, a un dénominateur commun. Invariablement, les inculpations provisoires logées, en attendant les Formal Charges, s’articulent autour des articles 3 (1) (b), 6 et 8 de la Financial Intelligence and Anti-Money Laundering Act (FIAMLA), soit l’item vedette du blanchiment de fonds.
Si le blanchiment de fonds constituait des activités économiques licites et reconnues dans les livres de comptes, le poids au sein du Produit intérieur brut, l’étalon de la richesse nationale d’une économie, aurait été non négligeable. Serait-il exagéré de dire que le montant de fonds, faisant l’objet d’enquêtes multiples dans le cadre de la lutte contre le Money Laundering, frise la centaine de milliards, si ce n’est déjà pas le cas ? À la Financial Crimes Commission, version Titrudeo Dawoodharry, de faire le point après une année d’opérations.
Mais l’année, qui tire à sa fin, marquant également le premier anniversaire de l’installation du gouvernement de l’Alliance du Changement, qui a fait de la réforme un leitmotiv, se distinguera comme étant celle où le nombre de cas de délits de blanchiment de fonds, avec des suspects — innocents jusqu’à la condamnation par des instances judiciaires compétentes et appropriées — bien au-delà de tout soupçon jusqu’à tout récemment, a littéralement explosé.
Surtout que le montant de fonds blanchis a véritablement augmenté crescendo au fil des cas exposés. Vers la fin de l’année, soit presque un an déjà, tout avait commencé avec les Rs 45 millions de Menlo Parks Ltd et les sondages fictifs de Pulse Analytics en faveur du gouvernement sortant. Pour la consommation interne.
Aujourd’hui, ce chiffre se compare défavorablement avec les Rs 7,3 milliards, le montant inscrit dans le Criminal Attachment Order à l’encontre de l’homme d’affaires malgache, Mamy Ravatomanga, avec des ramifications à l’international encore à déterminer et susceptible de mettre à mal le Global Business Sector. La FCC a sollicité l’assistance d’instances officielles à l’étranger pour établir les tenants et aboutissants de la fortune amassée par ce protégé de l’ancien président malgache déchu, Andry Rajoelina.
Puis, depuis la semaine dernière, avec l’entrée en scène de Sattar Hajee Abdoula, l’homme de tous les coups, de l’opération Daylight Robbery du groupe BAI à la gestion sous administration du fleuron de l’île Maurice post-indépendante, Air Mauritius, en passant par la State Bank of Mauritius, un nouveau chapitre de lutte contre le Money Laundering s’ouvre. Attendons voir pour éviter des thèses savantes en Trial by the Press.
Dans la conjoncture, l’équation de la lutte contre le blanchiment de fonds ne se résout nullement avec le nombre de cas démasqués ou l’étoffe des suspects inculpés. Les Law Enforcement Agencies, qu’elles soient la Financial Crimes Commission, qui deviendra bientôt la National Crimes Agency, ou encore la police, se retrouvent avec un devoir de résultats concrets des enquêtes initiées. Et probablement, très bientôt, les instances judiciaires pourraient être saisies de demandes de radiation de charges provisoires, compte tenu du délai accumulé. La maxime Justice delayed is justice denied en dit long.
Il est aussi vrai de concéder que ces enquêtes dans la lutte contre le blanchiment sont des plus complexes, avec des tentacules Laliann Kanbar sans limite et nécessitant une expertise qui ne court pas les rues à Maurice.
Mais le rendez-vous crucial se précise déjà. Et l’Hôtel du Gouvernement en est pleinement conscient. Le pays a un devoir de produire des résultats concrets de sa détermination en la matière, avec la prochaine évaluation mutuelle du cadre de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme (AML/CFT) de Maurice, qui sera menée par l’Eastern and Southern Africa Anti-Money Laundering Group (ESAAMLG) en 2027.
L’énumération des enquêtes initiées par la FCC, avec des suspects — pas n’importe qui surtout — parvenant jusqu’ici à contourner des Rulings préliminaires de la justice avec le paravent de santé précaire, ne sera nullement suffisante pour convaincre l’Eastern and Southern Africa Anti-Money Laundering Group lors de la prochaine évaluation, presque à mi-chemin du mandat de l’Alliance du Changement.
2026, qui se profile à l’horizon, pour ne pas dire qui arrive à grands pas, s’avère être une année charnière. Maurice a besoin de s’appuyer sur un bilan de réalisations, avec pour enjeu d’assurer sa réputation de « the only one in the region to be rated largely compliant and compliant on 40 recommendations ».

