Le changement climatique et la transition énergétique ont constitué un volet majeur du discours prononcé vendredi par le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, à l’occasion de l’ouverture du comité consultatif de la Banque de Maurice (BoM) au Jadis Beach Resort, Balaclava. Il a estimé les besoins financiers totaux de la Contribution déterminée nationale pour Maurice s’élèvent à $ 6,5 milliards, soit 50% du Produit intérieur Brut (PIB).
Le ministre des Finances a rappelé qu’en tant qu’Etat insulaire, Maurice est particulièrement vulnérable aux conséquences de l’élévation du niveau de la mer et à l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des phénomènes météorologiques extrêmes. Ces effets, a-t-il fait ressortir, font peser des risques socio-économiques importants sur notre pays. « Le coût d’une non-réponse est hautement supérieur à une prise en main concrète de cette problématique. D’autant plus que les objectifs nationaux sont plus exigeants que ceux de l’Accord de Paris », a-t-il fait ressortir.
Renganaden Padayachy a également fait remarquer que l’objectif en matière d’énergie renouvelable a été augmenté de 40% à 60% d’ici à 2030, ajoutant que l’engagement de l’élimination complète du charbon à la même échéance a été pris. Il a ensuite estimé les besoins financiers totaux de la Contribution déterminée nationale (plan d’action climatique visant à réduire les émissions et à s’adapter aux effets du changement climatique sur une durée de cinq ans) pour Maurice à 6,5 milliards de dollars américains. Les coûts des mesures d’atténuation et d’adaptation identifiées sont respectivement à hauteur de $ 2 milliards et $ 4,5 milliards.
Le ministre des Finances a en outre soutenu que pour répondre à l’urgence climatique, le gouvernement a promu la transition énergétique comme nouveau pilier économique. Il rappelle que « le gouvernement a lancé un grand plan d’investissement pour le verdissement de l’économie mauricienne à hauteur de Rs 20 milliards, soit 3% du PIB. En sus des mesures budgétaires, nous nous attelons en ce moment à la question du cadre de monétisation du crédit carbone .»
Il infique qu’il s’agit d’un « vaste chantier, qu’il nous faut penser hors de nos frontières, dans un monde globalisé et en perpétuelle évolution. Forts de notre engagement à l’international, nous sommes membre du Forum inclusif sur les Approches d’atténuation du carbone de l’OCDE et de son comité de pilotage ».
Le ministre a de fait souligné que « le but du gouvernement est de créer les conditions d’un développement robuste, inclusif et durable ». La stratégie économique du gouvernement pour soutenir la croissance potentielle et réelle se base sur la réduction des inégalités, la consolidation fiscale ainsi que l’ouverture et l’émergence de nouveaux secteurs économiques, tels que les énergies vertes, l’économie numérique et l’industrie pharmaceutique, dit-il encore.
Le gouverneur de la Banque de Maurice, Harvesh Seegolam, a pour sa part relevé que le Comité consultatif a été mis sur pied en 2020, soit au plus fort de la pandémie du Covid-19. « Il a joué un rôle clé dans l’élaboration et la prompte mise en place de stratégies et de solutions innovantes », est-il d’avis.
Au chapitre de l’innovation, « la BoM a toujours été à l’avant-plan en termes d’idées novatrices », poursuit-il. « Depuis la création du Conseil des commissaires de la monnaie, en 1849, et dont la première instance a été créée à Maurice, pour être ensuite répliquée à travers toutes les colonies britanniques, tout au long de son histoire, la BoM a toujours fait preuve de prévoyance et d’ingéniosité. D’ailleurs, la pandémie de Covid-19 nous rappelle non seulement l’importance d’être proactifs et avant-gardistes, mais surtout d’avoir une longueur d’avance dans la compréhension de l’évolution de l’économie et de la transformation sociale », a encore dit le gouverneur.
Harvesh Seegolam a fait état de la volonté de la Banque Centrale de mettre l’accent sur la recherche, le savoir et l’innovation. « C’est dans ce sens que je me suis attelé, dès le début de mon mandat, à mettre sur pied le Comité consultatif, réunissant des experts de renommée mondiale dans divers domaines, allant de l’économie à la technologie informatique, en passant par l’innovation et la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme », continue-t-il.
« Nous poursuivons activement dans cette voie en misant sur l’innovation et la numérisation du système bancaire et financier mauricien. Les nombreuses initiatives à ce niveau, dont l’introduction sous peu de la roupie numérique, notre monnaie numérique de Banque Centrale, et les transformations que nous apportons au niveau des systèmes de paiement, traduisent notre vision. »
L’ouverture de la réunion plénière du Comité consultatif a été marquée par une visioconférence du Pr Jean Tirole, Nobel de l’économie en 2014. Invité par le ministre des Finances, et au nom du gouvernement, à effectuer une visite à Maurice, il est actuellement président honoraire de la Toulouse School of Economics et directeur scientifique de la TSE-P. Etaient également présents : Robert Ophèle, président de l’Autorité des normes comptables de France; Robert Wardrop, membre directeur du Cambridge Centre for Alternative Finance, Université de Cambridge; Natacha Valla, doyenne de l’École de management et d’innovation de Sciences-Po Paris, tous trois membres du Comité consultatif de la Banque de Maurice.