Les deux autres hauts gradés de la police dans le collimateur de la FCC auraient bénéficié de montants superieurs à Rs 30 M chacun
L’affaire entourant l’Assistant Commissioner of Police (ACP), Lilram Deal, continue de faire couler beaucoup d’encre, alors que les enquêteurs de la Financial Crimes Commission (FCC) poursuivent leur investigation sur une affaire de détournement présumé de fonds publics, avec le préjudice, susceptible de frôler la barre des Rs 250 millions contre les Rs 165 millions initialement estimées. L’ancien responsable de la Counter Terrorism Unit (CTU) est accusé d’avoir utilisé, à des fins personnelles, des sommes provenant du Reward Money de la police, un fonds destiné à rémunérer des informateurs dans le cadre de la lutte contre le crime organisé, le trafic de drogue et même du terrorisme.
Durant un interrogatoire tenu au QG de la Financial Crimes Commission au Réduit Triangle, Lilram Deal a tenté de justifier l’utilisation des fonds mis à sa disposition. Il a affirmé qu’en tant qu’ancien chef de la Counter Terrorosm Unit, il avait établi un vaste réseau d’informateurs, tant sur les plans local qu’international. « J’ai des informateurs à l’étranger, dans des pays voisins, que je dois rémunérer. J’ai mené plusieurs opérations cruciales pour la sécurité nationale », a-t-il déclaré face aux enquêteurs, laissant comprendre que le paiement du Reward Money en ce qui le concerne ne se limitait pas à des cas de drogue, mais aussi dans la lutte contre le terrorisme.
Toutefois, lorsque les limiers de la Financial Crimes Commission lui ont demandé davantage de précisions au sujet de l’identité, du nombre ou e la localisation exacte de ces informateurs étrangers, l’ACP Deal s’est réfugié derrière les dispositions de l’Official Secrets Act, refusant de divulguer des informations supplémentaires, évoquant des considérations relevant de la sécurité nationale.
Malgré ses justifications, la FCC reste sceptique. Elle soupçonne que Lilram Deal aurait utilisé ces fonds pour acquérir des biens personnels, détournant ainsi des ressources qui devaient être utilisées dans la lutte contre la criminalité. Initialement estimé à Rs 4,5 millions, le montant détourné est aujourd’hui évalué à environ Rs 30 millions, uniquement pour le cas de l’ACP Deal. L’enquête a mis au jour une série de documents et de vouchers émis entre 2022 et 2024 par le bureau du commissaire de police, autorisant la distribution de Reward Money en espèces ou par chèques. Ces documents auraient permis à certains anciens membres de la Counter Terrorism Unit de faire de retraits de sommes substantielles.
La Financial Crimes Commission s’est ainsi engagée dans une enquête de fond, un Money Trail pour déterminer l’usage réel de ces fonds. Les enquêteurs attendent avec impatience les relevés bancaires des personnes concernées, espérant y découvrir des preuves irréfutables de l’achat de propriétés ou d’autres investissements suspects. L’objectif est de retracer la circulation de l’argent public et d’identifier précisément quels biens ont été acquis illégalement.
Selon les premières estimations, le scandale pourrait être bien plus vaste. La FCC évoque un détournement global oscillant entre Rs 200 et Rs 250 millions, réparti entre une poignée de policiers choisis, tandis que d’autres éléments de l’Anti Drug and Smuggling Unit (ADSU) peinaient à obtenir les fonds nécessaires pour rémunérer leurs propres informateurs. Cette gestion jugée opaque et inéquitable alimente aujourd’hui les soupçons les plus graves.
Par ailleurs, deux hauts gradés, cités dans les déclarations de Lilram Deal, pourraient également être concernés. La Financial Crimes Commission, qui prend soin de ne pas compromettre l’enquête sans preuves tangibles, n’a pas encore procédé à leur audition, faute de documents incriminants. Une requête a cependant été faite auprès de la Cour suprême afin d’obtenir l’autorisation nécessaire, sous forme de Judge’s Orders, pour consulter leurs comptes bancaires. Ces deux officiers, qui avaient dirigé une unité ayant mené d’importantes saisies de drogue récemment, auraient bénéficié d’un montant encore plus conséquent que celui perçu par Lilram Deal.
Malgré les soupçons et l’ampleur de l’enquête, Lilram Deal reste peu coopératif. Il persiste à refuser de fournir certaines informations sensibles, qu’il estime contraires à l’intérêt de la sécurité nationale. « Je ne peux pas divulguer des détails qui pourraient compromettre la sûreté du pays », a-t-il affirmé, tout en soulignant son implication dans de nombreux dossiers de grande envergure, notamment dans le domaine de la lutte contre le trafic de drogue et le terrorisme.
En attendant que la lumière soit faite sur l’ensemble de cette affaire, la Cour examine également la demande de liberté conditionnelle formulée par l’ACP Deal. Lors des débats entourant la bail motion, la FCC s’est farouchement opposée à sa libération, invoquant notamment un risque de fuite, un potentiel d’interférence avec les témoins et suspects, ainsi que la possibilité de falsification de preuves et de documents.
La décision de la Cour est attendue le 1er juillet.