Budget : deux faces de Moris Zordi

Le premier budget du gouvernement de l’Alliance du Changement, promettant la rupture à la consommation et aux Allowances tous azimuts, qui avaient pris racine aux différents paliers de la société – oui il n’y a pas que les salariés qui ont bénéficié de cette politique adoptée par le gouvernement sortant, il ne faut pas oublier le guichet de la Mauritius Investment Corporation Limited profitant aux opérateurs économiques – aura crevé l’abcès des deux faces de Moris Zordi.

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La décision du gouvernement de repousser de 60 à 65 ans l’âge d’éligibilité pour la Basic Retirement Pension suscite une vague de protestations face à la position ki pena lot swa de l’Hôtel du Gouvernement. En principe, ceux qui seront les plus touchés par cette mesure. On the Political Card depuis 2008 et ce n’est pas l’actuel ministre de l’Intégration sociale, qui apportera la contradiction. L’agence de notation internationale, Moody’s Investors aura-t-elle été plus convaincante, voire même plus menaçante, pour réussir là où le Fonds monétaire international aura tenté, sans succès, année après année d’imposer une réforme du système de pension, qui avec l’Éducation et la Santé, constitue le socle du Welfare State.

Dès le paragraphe 14 du Budget Speech du 5 juin, l’expression Empathy and Compassion est mentionnée. Ces deux mots reviendront encore pendant les 90 minutes pour déboucher en guise de conclusion sur cette citation de l’ancien secrétaire général des Nations unies, Dag Hammarskjöld : « I don’t promise to take you to heaven. But I shall certainly prevent you from going to hell. »

Mais depuis jeudi en prenant connaissance des conséquences des 24 mots du paragraphe 248 du discours du budget, ceux des Mauriciens, qui se préparent à fêter leurs 60 ans à partir du 1er septembre prochain et subséquemment, voient leur rêve de pouvoir bénéficier de la pension de vieillesse à la fin de chaque mois partir en fumée. Peut-être pas consumé par les feux de l’enfer. Mais, sans aucun doute, ils auront à conjuguer leur quotidien autrement.

Très probablement, avec les premières protestations et demandes pour une révision de cette mesure drastique de Rationalising the BRP du paragraphe 247, l’expression jumelle Empathy and Compassion assume une importance sociale et politique. Surtout dans la pratique en faveur des plus vulnérables de la société. L’élargissement de l’espace démocratique sous-entend que la voix de l’autre est entendue dans un cadre établi sans les effets d’échos. Au paragraphe 249, l’Alliance du Changement maintient en toute logique de consolidation fiscale que « it is a very difficult decision but we believe that we have consciously made the right decision. »

Le débat sur la réforme de la pension est ouvert. Au sein de la population, la pension à 60 ans a une charge émotive puissante. Les aspirations de ceux au seuil de leurs 60 ans sont déçues. En contrepartie, dans les finances publiques, la formule actuelle de la BRP pèse presque Rs 70 milliards sur le budget annuel de Rs 90 milliards de la Social Protection.

Les grincements de dents, qui se font entendre, peuvent être rangés à la galerie des légitimes. Les béquilles d’Empathy et de Compassion seront-elles en mesure de franchir le pont pour remplacer Means Tested par Health Tested pour pouvoir percevoir la BRP avec dérogation à la formule de 65 ans ?

En tout cas, surtout pas pour calmer les protestations de l’association des concessionnaires de voitures contre la nouvelle politique de droits de douane sur les importations. Un semblant de Commercial Intelligence aurait ouvert les yeux des importateurs de voitures qu’ils étaient dans l’œil du cyclone. Et cela depuis longtemps. Mais devant l’ampleur de l’angoisse de ceux, qui se voient retirer la BRP pour leurs 60 ans, la demande de transition pour l’entrée en vigueur de cette mesure budgétaire en vue de recadrer l’appétit grandissant du goût du luxe et du confort de cette autre île Maurice.

Cette mesure, semble-t-il, apportera un coup de frein à la frénésie de voitures neuves sur les artères névralgiques du réseau routier ? Au ministère du Transport, l’on peut s’en féliciter. Mais à la décharge, un urgent problème semble avoir été occulté dans la trame de la réforme au sens le plus large du terme.

L’échec du Metro Light Rail est patent un peu à la manière de la chronique d’une faillite annoncée sauf pour ceux qui ne veulent pas voir. Même l’ancien CEO de Metro Express Limited a déjà pris la poudre d’escampette depuis longtemps. La barre des 50 000 passagers quotidiennement, chiffre magique, n’est pas pour demain. Les échéances de remboursement de cette dette de plus Rs 18 milliards, contractées sous forme de ligne de crédits avec l’Inde, se précisent.

Et si une partie des fonds du Chagos Deal était utilisée au cours des trois prochaines années pour le servicing d’un coup de tête politique aux effluves de Côte-d’Or…

 

Patrick Michel

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