Budget Run-Up – AXYS : gare au déficit, à la facture énergétique et aux exportations

AXYS, l’une des premières sociétés de gestion de portefeuille à Maurice, a publié en cette fin de semaine son dernier rapport économique intitulé Trade Under Pressure: Evaluating Mauritius’ Import Reliance and Export Fragility. Ce rapport propose une analyse structurée de la balance commerciale mauricienne, tout en mettant en lumière des signaux de vulnérabilité croissante dans la structure économique du pays. C’est ce qu’indique un communiqué.

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En 2024, le déficit commercial a atteint Rs 203,7 milliards, un niveau historique qui témoigne d’un déséquilibre structurel aggravé par la faiblesse de la roupie, la hausse continue des importations, et la stagnation des exportations en valeur réelle. Si les chiffres exprimés en roupies peuvent laisser entrevoir une certaine croissance des exportations, l’analyse en dollars constants révèle une toute autre réalité : les exportations totales ont reculé de 11,4 %, tandis que les importations sont restées globalement stables. Ce constat souligne un affaiblissement de la capacité du pays à générer des revenus extérieurs dans un contexte de dépréciation continue de la monnaie nationale.

« Les principales vulnérabilités incluent la dépendance à l’énergie importée, le déclin de l’agriculture locale et la contraction du secteur textile. Les exportations restent trop concentrées, les primates vivants représentant 42 % des envois vers les États-Unis. Malgré ces défis, des secteurs comme l’agro-transformation, l’économie bleue et les services numériques offrent un potentiel inexploité. Le rapport recommande la diversification, le soutien à la production locale et les investissements dans les énergies renouvelables. Un plan stratégique de commerce et de développement à long terme est essentiel pour assurer la résilience et la durabilité économiques », souligne Sanjay Goolab, Managing Director – Securities and Execution Desk chez AXYS.

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La facture énergétique constitue l’un des principaux moteurs de ce déséquilibre. En 2024, les importations de produits pétroliers ont atteint Rs 60,8 milliards. La part de ces carburants raffinés dans le total des importations est passée de 15,8 % en 2010 à 19,4 % en 2024. L’électricité produite par le CEB reste très dépendante du fioul, tandis que le recours croissant au charbon par les IPPs alourdit encore davantage la pression sur les comptes extérieurs.
La part des énergies renouvelables dans la production électrique nationale a reculé à seulement 17,6 %, rendant difficilement atteignable l’objectif des 60 % d’ici 2030 fixé par la feuille de route énergétique.

Les importations de véhicules témoignent d’une dynamique de consommation soutenue. Elles sont passées de Rs 6,8 milliards en 2010 à Rs 31,1 milliards en 2024, affichant un taux de croissance annuel moyen (TCAM) de 11,5 %, contre 6,0 % pour la croissance économique sur la même période. Cette tendance, bien qu’indicative d’une demande intérieure robuste, a davantage pesé sur l’économie qu’elle n’y a contribué.

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« Le vrai défi n’est pas seulement de produire plus, mais de produire mieux. Nous devons aligner nos choix économiques avec nos contraintes énergétiques et environnementales. La résilience passe aussi par la cohérence », affirme Intesh Seebaluck, Research Analyst chez AXYS.

« Maurice peine à exploiter pleinement sa vaste Zone Économique Exclusive de 2,3 millions de km². Maurice exporte pour Rs 16,9 milliards de poisson, tout en important pour Rs 12,1 milliards. Pour valoriser ce potentiel maritime, une stratégie d’économie bleue s’impose, incluant pêche durable, aquaculture en mer, biotechnologie marine, ainsi que la création d’une zone de traitement près de Port-Louis », souligne Navnit Seeburrun, Investment Analyst chez AXYS.

Le secteur des services demeure solide et résilient, et constitue aujourd’hui un des piliers stabilisateurs de la balance courante. Mais cette dynamique ne suffit plus à compenser les fragilités persistantes dans le commerce de biens.

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