Chiffres impitoyables!

Ils sont 49 qui sont célébrés en fin de cycle secondaire, soit à la proclamation de la liste des lauréats. C’est déjà un grand pas comparativement aux deux lauréats par filière, soit pour ceux ayant opté pour les classiques et ceux pour les sciences de jadis. C’était l’élite de l’élite. Aujourd’hui, il y a encore d’autres bourses d’études, qui sont allouées sur la base de critères sociaux.

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Vendredi, ceux, dont les noms ont été cités à l’antenne par la vice-Première ministre et ministre de l’Éducation nationale, Leela Devi Dookun-Luchoomun, ont fait la fierté de leurs parents. De leurs établissements scolaires. De leurs quartiers.

À ce dernier titre, pour la cuvée 2022, une connotation ou une coloration particulière se fait voir. Le jeune Angelo Mars, étudiant et lauréat du Royal College Curepipe pour la filière économie, a projeté à l’avant-plan sous un autre angle la Résidence Barkly. Celui de la réussite. Alors que d’habitude, cette agglomération des régions basses des Plaines-Wilhems prend sa place au tableau noir de l’actualité.

À coup sûr, l’encadrement des parents dans les efforts d’Angelo vaut son pesant d’or dans ce cheminement académique en dépit des écueils potentiels sur la route entre Barkly et Curepipe. Il peut se présenter comme Role Model dans son quartier ou encore aux yeux de tous ceux qui ont la volonté et la détermination de s’épanouir sur tous les plans. L’effort personnel consenti se fructifie tôt ou tard.

Mais l’éducation reste le socle de cette réussite dans la vie. Certes, l’éducation est gratuite. Mais, le système offre-t-il les mêmes possibilités à tout un chacun ? Avec un taux de réussite de 92,25% aux derniers examens de Higher School Certificate, soit la meilleure performance de ces 17 dernières années, les autorités peuvent bomber le torse pour dire tout haut que le système est performant.

Mais attention! Les chiffres sont intraitables, voire impitoyables. Pour le taux de réussite de 92,25%, un proviso s’impose: il n’y a que ceux qui ont décroché les cinq Credits en School Certificate (SC), qui ont été autorisés à poursuivre leurs études en Lower VI et ensuite en Upper. Un exercice d’éliminatoires, qui ne tient nullement compte d’un éventuel rattrapage de l’étudiant ayant raté ce cinquième Credit.

Aux examens de la fin de 2022, ils faisaient partie du premier batch sélectionné par la formule magique de cinq Credits. Et ce sera encore le cas à l’avenir de par la position impitoyable adoptée à l’Education House.

Il ne faudra nullement s’étonner si demain le Mauritius Examinations Syndicate (MES) annonce un taux de réussite de 100% aux examens de fin de cycle secondaire. De quoi être fier de la performance du système. Ce que ces 92,25%, voire cet hypothétique 100%, cachent est encore plus inquiétant. Ils ne furent que 5 640 jeunes Mauriciens à pouvoir s’inscrire à ces épreuves académiques, avec 3 028 filles et 2 175 garçons à se voir attribuer un Pass Certificate de Cambridge.

Mais où sont passés les autres jeunes Mauriciens?

À la trappe des éliminatoires même si la réforme portant sur la Nine-Year Schooling est présentée comme ayant pour mission première d’éliminer la compétition à outrance qu’était le Certificate of Primary Education (CPE) d’antan.En moyenne, à la fin du cycle primaire, ils sont une moyenne de 16 000 à prendre part aux examens pour se faire admettre au cycle secondaire, avec une cohorte de 12 000 suivant des cours débouchant sur des examens de SC.

À partir de là, avec le critère de sélection de cinq Credits en SC, la réalité devient brutale. Presque un étudiant sur deux est écarté de la Mainstream Education. Et ce, pour permettre au MES d’aspirer à ce taux de réussite de 100%.

Avec l’introduction du National Certificate of Education au niveau du Grade 9, le processus d’Academic Downsizing pourrait se révéler encore plus virulent. Mais, la situation est déjà dramatique quand des 16 000 en fin de cycle que 5 000 et quelque parviennent à compléter le cycle secondaire, soit une moyenne d’un sur trois.

« Kot bann zanfan-la vou zot? »

Il y a de quoi s’inquiéter. Dans le cadre des célébrations pour la cinquantaine de lauréats, dont le mérite ne souffre d’aucune discussion ou encore la frénésie des Open Days pour des admissions dans le tertiaire, ces chiffres impitoyables sont relégués au second plan pour ne pas gâcher la fête des éliminatoires ou encore éviter de susciter un débat entre réussite et échec…

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