Transparency Mauritius critique une gouvernance en manque d’exigences

Transparency Mauritius a présenté jeudi le 20 novembre aux Docks à Port-Louis, son rapport sur le financement climatique, fruit d’une enquête en ligne menée du 15 juin au 10 septembre de cette année. L’étude rassemble les avis de 25 décideurs et experts issus du secteur public, des institutions financières, du milieu universitaire, ainsi que d’ONG engagées dans la protection du climat et la mobilisation des jeunes.

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Principale conclusion : l’intégrité n’est pas encore perçue comme un pilier du financement climatique à Maurice. Aucun des répondants n’a cité la transparence, la responsabilité, la publication d’informations ou les mesures anticorruption parmi les éléments essentiels de ce financement. Une vision réductrice qui, selon Transparency Mauritius, limite le débat à la seule mobilisation des fonds, au détriment des exigences de gouvernance.

La majorité des participants se dit « assez préoccupée » par les risques de détournement ou de mauvaise gestion. Le rapport pointe du doigt un cadre institutionnel fragile : manque de transparence, capacités limitées, absence de coordination réglementaire et faiblesses des mécanismes de contrôle. L’organisation rappelle que la transparence ne se réduit pas à une formalité administrative, mais constitue un levier clé pour garantir l’efficacité des financements publics et privés.

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D’après l’enquête, 84 % des répondants identifient la corruption comme la principale menace pour le financement climatique. Le manque d’engagement politique et la rareté des ressources arrivent en deuxième et troisième position. D’autres risques émergents sont évoqués, dont l’incertitude réglementaire, les perturbations des chaînes d’approvisionnement et l’écoblanchiment.

Pour 92 % des personnes interrogées, un indice élevé de perception de la corruption nuit directement à la mobilisation de fonds climatiques, en fragilisant la confiance du public et des bailleurs internationaux.

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Plusieurs obstacles structurels sont également relevés : communication insuffisante des organisations internationales, faible participation politique, consultations publiques limitées, et manque d’experts techniques pour accompagner les démarches d’accréditation.

Le secteur des TIC n’apparaît pas suffisamment préparé à exploiter les outils numériques liés au climat. Près d’un tiers des répondants s’opposent même à financer des innovations numériques en la matière. L’isolement géographique de Maurice, combiné à une forte dépendance aux données climatiques historiques, complique par ailleurs la production de projections fiables.

L’étude montre toutefois un large consensus sur la nécessité de renforcer l’intégrité dans les politiques climatiques.

  • 80 % appellent à consolider les organes de surveillance ;
  • 76 % souhaitent un meilleur accès aux mécanismes de recours et aux lanceurs d’alerte ;
  • 72 % préconisent une collaboration accrue entre acteurs climatiques et anticorruption ;
  • 60 % soutiennent la création de mécanismes de contrôle indépendants ;
  • 88 % demandent davantage de transparence sur les projets, contrats et flux financiers.

En ouverture du séminaire, Yashntee Khurtoo, Project Officer à Transparency Mauritius, a mis en exergue que l’objectif de l’organisation consiste à garantir que « chaque roupie dépensée le soit dans la transparence ». L’Acting CEO, Laura Jaymangal a souligné que le rôle de Transparency Mauritius « n’est pas de pointer du doigt, mais d’encourager le dialogue ».

Pour sa part, la directrice, Reena Kangloo, estime que Maurice a le potentiel de devenir un leader régional en matière de bonne gouvernance, à condition que les projets climatiques soient menés dans un esprit de visibilité et de redevabilité.
La présentation du Climate Finance Report a été assurée par Mahima Runglall, Project Officer de Transparency Mauritius.

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