Consommation : des taxes de Rs 31.80 perçues sur chaque litre d’essence

La hausse du prix de l’essence à Rs 72.10 le litre suscite moult commentaires à travers le pays. Les consommateurs, les entreprises, les petits entrepreneurs feront tous les frais de cette hausse qui aura des impacts multiplicateurs sur le budget des ménages, les coûts de production des compagnies et les prix des produits et services.

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Un économiste analyse la structure de prix de l’essence, la proportion de chaque élément dans le prix final en se basant sur le communiqué de la State Trading Corporation. Il explique qu’avec le nouveau prix de l’essence, le consommateur paiera Rs 31.80 sous forme de taxe sur chaque litre d’essence à Rs 72.10 à la pompe. « Sur chaque litre d’essence, les coûts de ‘Cost/freight/insurance’ sont de Rs 35.60, les dépenses de la STC s’élèvent à 40 sous le litre, les profits aux distributeurs de Rs 4.40 et la taxe s’élève à Rs 31.80. Nous nous apercevons que la taxe payée représente ainsi 44% – soit près de la moitié – du prix du litre d’essence », fait-il comprendre.  Ce niveau de taxe est élevé selon lui, surtout pour un pays comme Maurice. Par exemple, aux Etats-Unis, les taxes ne représentent que 13% du prix du litre d’essence. « La moitié de ce que nous payons pour l’essence entre dans les caisses du gouvernement central », s’insurge-t-il.

Le niveau de taxes élevé sur l’essence pose problème selon ce spécialiste. Dans les pays nordiques, les consommateurs sont habitués à payer des niveaux de taxe élevés, dit-il, mais « la population ne se plaint pas, car cet argent sert effectivement à offrir un service public de qualité, que ce soit dans les hôpitaux et dans les écoles, etc. Ici, le niveau du service public laisse à désirer ; nos écoles sont infestées de punaises, la force policière est dans un triste état et la corruption et le gaspillage sont tolérés aux plus hauts niveaux. »

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Par ailleurs, des critiques se font entendre sur la gestion de la State Trading Corporation et du déficit de Rs 5,2 milliards au Price Stabilisation Account. « N’oublions pas que la STC a dû payer une compensation de Rs 5,68 milliards à Betamax et ça a plombé son Balance Sheet, alors que ces fonds auraient pu être utilisés pour subventionner le PSA, et ainsi alléger le fardeau du consommateur, si vraiment le gouvernement avait à cœur de soulager la population. Nous sommes tombés dans un trou à cause de mauvaises décisions »,  argue cet économiste. « Le danger est que si les prix à l’international continuent d’augmenter, la population continue à financer le déficit du PSA. »

Il rappelle que les résultats de cette mauvaise gestion auront de multiples dommages collatéraux sur le pouvoir d’achat des Mauriciens, avec des hausses à prévoir également sur les barèmes du Van Lekol et de taxis, les prix des médicaments et du transport en commun, etc. « Au final, le consommateur se rend compte qu’on lui donne un œuf pour prendre un bœuf !  Au lieu d’augmenter sans arrêt  la pension de vieillesse, il eut mieux fallu baisser le prix de l’essence, parce que la valeur réelle de la pension n’augmente pas.  Le consommateur et le pensionné sont perdants », avance-t-il.

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Pire, plus le prix de l’essence va grimper, plus cela alimentera l’inflation. Il affirme qu’il faut réduire le fardeau de la taxe sur le carburant, « au lieu de faire des promesses à gogo et distribuer du Free Money pour créer un Feel-Good Factor ».

Jayen Chellum : “Hausse injustifiée”

“L’argument de la STC sur le fait que les prix des produits pétroliers ont augmenté en raison de la hausse sur le marché mondial ne tient pas la route. Depuis juillet de l’année dernière, le cours ne cesse de dégringoler sur le marché mondial sans qu’il ne soit répercuté à Maurice. Le ministre du Commerce d’alors a même amendé la loi afin de maintenir le prix haut.

« Aujourd’hui, le baril de pétrole se vend autour de $90 sur le marché mondial et on continue à le vendre presque au même prix que lorsqu’il était à $ 114 en mai de l’année dernière. C’est une augmentation injustifiée. On continue à mettre la main à la poche des consommateurs de manière éhontée.

« La population ne doit pas oublier qu’en maintenant le prix du carburant élevé, le gouvernement est en train de maintenir l’une des causes de l’inflation continue et de la perte du pouvoir d’achat. Il y a malheureusement une propagande insidieuse de la STC, de la MBC et de certains médias à ce sujet.

« Par ailleurs, je note que la mesure annoncée dans le budget, soit une baisse de Rs 5 sur le litre d’essence, n’aura duré que trois mois.
« L’ACIM organisera un rallye à Port-Louis le 7 octobre pour dénoncer cette nouvelle hausse.”

 

 

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