COUPS ET BLESSURES MORTELS: Les juges retiennent la thèse d’autodéfense

L’appel interjeté par Akbar Ally Aulum, trouvé coupable par la Cour criminelle intermédiaire de coups et blessures ayant causé la mort de Mohamed Ackbar Oozeer et condamné à une peine de sept ans de prison, a été retenu par les juges Ah Foon Chui Yew Cheong et Saheed Bhaukaurally. Dans leur jugement rendu hier après-midi, ils ont cassé le jugement de la Trial Court, en retenant la thèse d’autodéfense.
Ne disposant d’aucun témoin oculaire, la poursuite s’est fiée uniquement à la version donnée à la police par l’appelant. Ce dernier a indiqué que le 13 août 2000 vers 3 h 30 du matin il s’était rendu à l’hôtel de thé Bismillah à Plaine-Verte.
Akbar Ally Aulum était à motocyclette. Après s’être garé, il a vu un homme venant de la direction de la Pharmacie Plaine-Verte. L’individu lui a lancé les paroles suivantes : « Eta l…, kit mwa lao » Il a alors répondu à l’homme : « Pa taxi sa, motocyklet sa. La plas taxi lao. » L’homme l’a encore injurié : « To rezinbe, mo pou koup twa, met enn mark dan to figir. »
« L’homme était tout excité », a dit l’appelant. Il a sorti de sa ceinture, à gauche, un couteau ayant une lame de cinq à six pouces de long et s’est dirigé vers l’appelant. Celui-ci se trouvait de deux et trois pieds du dénommé Oozeer, qui a alors élevé la main droite pour l’agresser. C’est à ce moment qu’Akbar Ally Aulum a réagi en lui donnant deux coups de son casque à la tête. Il l’a aussi poussé avec ses mains.
Le dénommé Oozeer s’est retrouvé à terre et il saignait. Akbar Aulum, lui, a pris sa moto et est parti. Il a décrit la victime comme étant une personne mince et de stature plus petite que la sienne.
Déposant en Cour, l’accusé a insisté sous serment qu’il avait donné une version fidèle à ce qui s’était réellement produit aux petites heures du 13 août 2000. Lors de son contre-interrogatoire, Akbar Ally Aulum a déclaré que tout s’était produit rapidement. Il a souligné que la victime avait déjà la main tenant le couteau levé pour l’asséner lorsqu’il l’a frappé avec son casque. Il a expliqué que si dans sa déclaration il avait parlé de deux coups c’était parce que l’agent, qui a consigné sa déposition, lui avait fait remarquer que l’acte de pousser Oozeer, constituait en lui-même un coup qu’il lui avait porté. Il a aussi souligné que le premier coup n’allait pas suffire pour arrêter Oozeer, d’autant plus que même quand il s’est retrouvé à terre et qu’il saignait l’homme tentait de se relever pour aller vers lui.
La cause du décès présentée lors du procès par le Dr Sudesh Kumar Gungadin, était la septicémie, soit la mort provoquée par les blessures reçues sur différentes parties du corps. Mais le juges notent que le médecin légiste a aussi indiqué que « there are other things inside the body which contributed to the septiceamia but they are not injuries ». Le Dr Gungadin a fait ressortir que la victime ne serait pas décédée si elle n’avait pas reçu les coups qui lui ont été infligés lors de l’incident. La Cour, disent toutefois les juges, a été laissé « totally in the dark as to the provenance and effect of the punctured wounds » que le médecin a noté à l’intérieur du corps de la victime, « or to what the doctor meant when he referred to other things which contributed to the septiceamia ».
Concernant la thèse de l’autodéfense, les juges estiment que l’ICC « took a wrong view ». Ils citent la jurisprudence française sur cet aspect : « Il est évident d’ailleurs qu’on doit considérer comme actuel non seulement l’attaque réalisée et consommée, mais l’attaque imminente. Celui qui fait l’objet d’une agression n’est pas tenu d’attendre pour se défendre que le premier coup lui ait été porté car cette défense serait souvent tardive et inefficace. Il suffit que le danger soit actuel. » À cela, les juges rappellent que la victime est morte une semaine après son admission et l’appelant ne lui a donné qu’un seul coup de casque.
Soulignons que la « victime » a été trouvée alors qu’il avait sur lui un colis contenant de la drogue. Il avait un casier judiciaire, ayant été condamné à 23 fois pour avoir commis des délits, allant de possession de drogue dure à des cas d’agressions en passant par des vols avec violence.
Ally Aulum était représenté par Me Raouf Gulbul.

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