La Judicial Inquiry dans le décès suspect de David Gaiqui, survenu en 2020 dans des circonstances troubles, se déroule actuellement devant la Cour de district de Port-Louis. Mais tout porte à croire que les proches de David Gaiqui devront se battre jusqu’au bout pour que lumière soit faite dans cette affaire.
Le DPP avait ordonné une enquête judiciaire devant la Cour de district de Port-Louis pour tirer au clair le décès de David Gaiqui survenu le 10 mai 2020. Alors qu’une séance devait avoir lieu vendredi , l’affaire a été renvoyée pour le 7 juillet prochain. Les membres de la famille Gaiqui et leur avocat, Me Sanjeev Teeluckdharry, présents en Cour, reviennent sur les circonstances étranges de ce décès.
En janvier 2018, une photo de David Gaiqui, nu et enchaîné à une chaise dans les locaux de la CID de Curepipe, avait défrayé la chronique sur les réseaux sociaux, avec les défenseurs des droits humains montant au créneau. Il avait été provisoirement accusé de vol par la police, mais cette affaire avait été rayée par le Directeur des Poursuites publiques (DPP) par la suite. David Gaiqui avait alors logé une plainte civile contre la police et l’État, réclamant Rs 50 millions comme dommages, pour traitement inhumain et dégradant.
David Gaiqui avait ensuite été retrouvé mort le 10 mai 2020 à l’hôpital Jeetoo. Selon ses proches, ce jour-là, il s’y était rendu dans sa fourgonnette de son domicile à Pailles. Un peu plus tard, voyant qu’il n’était pas encore rentré chez lui, l’épouse de Gaiqui, Roselle Gaiqui, l’avait appelé sur son portable. Un homme, dont personne ne connaît l’identité jusqu’ici, devait lui enjoindre de se rendre à l’hôpital Jeetoo vu que son mari était gravement malade.
Les proches de David Gaiqui se sont alors rendus à l’hôpital Jeetoo, où ils devaient apprendre son décès. Ils vont alors remarquer plusieurs bleus sur son visage et son corps. Une autopsie avait ensuite été pratiquée le même jour. Le médecin légiste avait officiellement conclu à une thrombose coronaire dans son rapport. Mais d’après les Gaiqui, il leur avait dit qu’il comptait dévoiler la vérité en Cour.
Selon les recoupements de la famille Gaiqui, David Gaiqui avait quitté son domicile à Pailles et prit la direction de Port-Louis en passant par Grande-Rivière-Nord-Ouest. Sa fourgonnette avait ensuite été retrouvée à une certaine distance de l’hôpital Jeetoo. Il reste ainsi à éclaircir dans quelles circonstances David Gaiqui s’était ensuite retrouvé mort à l’hôpital.
Il y a plusieurs autres zones d’ombre dans cette affaire. Quelques jours avant sa mort, Gaiqui avait reçu des photos du cadavre de Caël Permes, un détenu qui est mort en prison, apparemment ayant été victime de brutalités. La police avait ouvert une enquête sur la source de la provenance de ces photos. Et bizarrement, David Gaiqui meurt quelques jours plus tard. Aux dires de ses proches, peu de temps avant sa mort, il était suivi par des personnes louches.
Le DPP avait alors ordonné une enquête judiciaire devant la Cour de district de Port-Louis pour faire la lumière sur ce décès. Cette enquête avait débuté le vendredi 17 février 2023. Mais d’ores et déjà, les choses ont commencé à piétiner dans cette affaire.
La famille s’est heurtée à un mur en essayant d’obtenir auprès de la police les images CCTV reconstituant l’itinéraire de David Gaiqui depuis Pailles jusqu’à l’hôpital Jeetoo. La police a toujours expliqué aux membres de la famille Gaiqui qu’aucune caméra couvrant cet itinéraire ne fonctionnait.
Au cours de la première audience le 17 février 2023, les policiers convoqués comme témoins, apparemment impliqués dans les sévices que Gaiqui avait subis dans les locaux de la CID de Curepipe en janvier 2018, ne s’étaient pas présentés à l’audience, et s’étaient fait représenter par d’autres policiers.
« Nous ne baisserons pas les bras mais continuerons de nous battre pour que lumière soit faite dans cette affaire », confient des proches de David Gaiqui.