Après plusieurs jours passés dans une clinique, Wendip Appaya a comparu, hier, devant le tribunal de Port-Louis. La Financial Crimes Commission (FCC) a réitéré son objection à sa remise en liberté conditionnelle. L’enquêtrice principale, Yolaine Papain, a indiqué en Cour que l’enquête a atteint une étape cruciale et que la remise en liberté de l’homme d’affaires à ce stade pourrait compromettre les investigations en cours. Elle a également précisé que la FCC attend des informations en provenance de l’étranger, sans toutefois en révéler la nature ni le pays concerné. Des correspondances ont déjà été envoyées aux autorités étrangères, a-t-elle ajouté. Tout semble indiquer que cette affaire se rapporte aux opérations de trafic de drogue sur le réseau Madagascar/Maurice.
La FCC a aussi souligné qu’elle a besoin de plus de temps pour boucler l’interrogatoire du principal intéressé. Le magistrat Prashant Bissoon a indiqué que le tribunal se concentre pour l’instant sur les accusations provisoires de blanchiment d’argent et la saisie de véhicules, seuls éléments présentés jusqu’ici. Les débats concernant la demande de libération sous caution (Bail Motion) de Wendip Appaya ont été fixés au 15. En attendant, il a été reconduit au Vacoas Detention Centre.
Selon les recoupements d’informations effectués dans des milieux concordants, la FCC n’a pas encore pu compléter son interrogatoire, l’homme d’affaires ayant été hospitalisé plus d’une semaine pour des raisons médicales. Il devrait prochainement être confronté à plusieurs éléments en possession des enquêteurs concernant l’acquisition de ses voitures de luxe, estimées à Rs 80 millions.
Quant aux renseignements attendus de l’étranger, ils pourraient être liés à un voyage entrepris par Wendip Appaya à Madagascar en janvier dernier. Il aurait séjourné dans un hôtel à Antananarivo, où, durant la même période, une transaction de drogue a été mise à exécution. Des individus suspects y auraient transporté des sacs contenant de la drogue pour le comptage. Les autorités malgaches ont finalement intercepté 16 kg de drogue et procédé à une série d’arrestations, dont celle d’un Mauricien.
Ce dernier, dont l’identité n’a pas été révélée, aurait déclaré être un collaborateur de la police mauricienne et se dit prêt à fournir des informations aux autorités. Une équipe du Pôle Anti-Corruption (PAC) l’a déjà interrogé une première fois, et d’autres séances sont prévues.
La Financial Crimes Commission souhaite obtenir des éclaircissements sur cette affaire, d’autant que Wendip Appaya séjournait dans le même hôtel où les colis de drogue avaient été découverts. Elle cherche à déterminer s’il existe un lien entre sa présence sur les lieux et cette affaire. Des membres du réseau auraient ensuite quitté l’hôtel à moto, transportant de l’héroïne et de la cocaïne vers un port de pêche, avant que certains ne soient interceptés par la police. La cargaison devait être acheminée vers Maurice par voie maritime, mais la police malgache est intervenue pour faire échec à ce plan.
Wendip Appaya s’était rendu à Antananarivo le 25 janvier et était rentré deux jours plus tard. La FCC compte l’interroger sur les raisons de ce voyage. Toutefois, en raison de la situation à Madagascar, la Commission doit patienter par rapport à la réception des informations demandées auprès des autorités de la Grande Île.