- La FFC et le Legal Panel se livrent à un jeu de chat et de la souris au sujet de l’accès au prévenu Mamy Ravatomanga sur son lit d’hôpital à la Cardiac Unit
L’opération Sov Lapo, menée dans le cadre de l’enquête sur des délits allégués de blanchiment d’argent, assortie d’un Criminal Attachment Order de Rs 7,3 milliards, aborde ces prochains jours une phase cruciale. En effet, le décryptage de la mémoire du téléphone cellulaire du suspect David Jean Christian Thomas, réalisé par les services spécialisés de la Financial Crimes Commission (FCC), complété par des informations retrouvées sur le téléphone cellulaire de l’autre complice, Nasser Bheeky, permet aujourd’hui d’établir le réseau de contacts déployés à différents niveaux pour tenter de tirer d’affaire l’homme d’affaires malgache Mamy Ravatomanga, en fuite de Madagascar depuis le renversement du régime d’Andry Rajoelina.
C’est ce qu’indiquent des recoupements d’informations effectués par Le Mauricien auprès des sources concordantes alors que les séances d’interrogatoire Under Warning des prévenus, dont l’homme d’affaires malgaches, sont en mode pause dans la mesure où ces derniers, même si placés en détention policière, se retrouvent alités dans des centres de santé publics aussi bien que privés. Depuis vendredi dernier, à la suite du malaise de Mamy Ravatomanga au Vacoas Detention Centre, celui-ci, qui a fêté ses 58 ans samedi, se trouve alité à la Cardiac Unit du Princess Margaret Orthopaedic Centre (PMOC).
Les médecins et les hommes de loi dont les services ont été retenus par Mamy Ravatomanga se livrent à un jeu du chat et de la souris avec les limiers de la FCC au sujet de l’accès à la salle où il est hospitalisé.
A ce jour, toutes les tentatives et demandes formelles pour avoir accès à Mamy Ravatomanga sur son lit d’hôpital se sont heurtées à une fin de non-recevoir de la part de la FCC. D’ailleurs, le médecin traitant, qui s’était vu interdire l’accès au Vacoas Detention Centre, vendredi, lors du transfert de l’hôpital Jeetoo, a consigné une entrée à l’encontre de l’officier de la Financial Crimes Commission concerné. Du côté des enquêteurs, l’on insiste sur le fait que le protocole stipule qu’un cas de malaise ou de problèmes de santé d’un prévenu, la seule adresse possible est un centre hospitalier public. Ce qui a été le cas en référant Mamy Ravatomanga au PMOC dès vendredi.
En parallèle, La Financial Crimes Commission met actuellement les bouchées doubles en vue de finaliser le volet de l’opération Sov Lapo, portant sur la rencontre du 14 octobre à Quatre-Bornes entre Mamy Ravatomanga et plusieurs protagonistes soupçonnés d’être liés à un trafic d’influence. Une des pièces maîtresses à ce chapitre se résume aux détails accablants décryptés de la mémoire du téléphone cellulaire du suspect David Jean Christian Thomas.
Les premiers éléments, qui ont filtré est que ce téléphone contient tout le répertoire des contacts politiques, d’affaires, voire au sein de la presse locale, susceptibles de venir en aide ou de collaborer pour Sov Lapo de l’homme d’affaires malgache. David Jean Christian Thomas, de son côté, a désigné la maison où la rencontre aurait eu lieu et a échangé plusieurs messages à ce sujet avec son employeur, Mamy Ravatomanga.
Par-dessus le marché, le téléphone portable de ce superviseur contient une série d’informations critiques, notamment sur des transactions financières liées au groupe Sodiat, la maison-mère des affaires de Mamy Ravatomanga. Les enquêteurs de la Financial Crimes Commission le soupçonnent d’avoir facilité la dissimulation de fonds substantiels transférés de Madagascar vers Maurice, en manipulant des données informatiques. La FCC évoque un montant pouvant atteindre Rs 20 milliards. Toutefois, l’entourage de Mamy Ravatomanga maintient que ces chiffres sont «gonflés », affirmant que le milliardaire n’est qu’un actionnaire minoritaire dans plusieurs sociétés concernées.
Arrêté le 25 octobre, David Jean Christian Thomas fait actuellement face à des accusations provisoires de blanchiment d’argent et de complot. La Financial Crimes Commission le soupçonne d’avoir agi de concert avec d’autres individus pour dissimuler des fonds d’origine criminelle via un système informatique. Lors de l’audience au tribunal de Pamplemousses, jeudi dernier, le Senior Investigator Soodagur s’est opposé à sa remise en liberté conditionnelle. Il a indiqué à la Cour que la Commission avait besoin de davantage de temps pour le confronter à de nouveaux éléments de preuve et autres Criminal Exhibits.
Dans les jours à venir, le dénommé David Jean Christian Thomas sera confronté à plusieurs éléments extraits de son téléphone portable, notamment des échanges avec l’activiste politique Nasser Osman Bheeky. Les enquêteurs ont également retrouvé un Location Plan de la maison d’un proche de l’ex-commissaire de la FCC, Junaid Fakim, à Quatre-Bornes, censé aider l’entourage de Mamy Ravatomanga à identifier correctement le lieu de la rencontre. Selon les soupçons, Christian Thomas et Nasser Bheeky auraient joué un rôle d’intermédiaires de premier plan dans l’organisation de ce rendez-vous. Depuis son arrestation par la FCC, Nasser Bheeky a refusé de participer à un exercice de reconstitution des faits à Quatre Bornes.
Par ailleurs, la Financial Crimes Commission s’intéresse à plusieurs Dormant Companies, appartenant à Mamy Ravatomanga dans le secteur offshore mauricien, où aucune transaction n’aurait été enregistrée depuis longtemps. Ces sociétés, bien qu’à jour dans le paiement de leurs taxes, détiennent d’importantes sommes en devises étrangères. Les enquêteurs soupçonnent qu’il s’agirait de sociétés écrans destinées à assurer des opérations de Money Laundering. Ce point sera abordé directement avec le principal concerné lors de la poursuite de son interrogatoire.
L’audition de Mamy Ravatomanga, entamée la semaine dernière, a été interrompue après son admission à l’hôpital Victoria, où il est actuellement sous observation. Il avait été transféré au Vacoas Detention Centre pour y être incarcéré, mais avait fait un malaise au moment de son admission en cellule.
L’équipe de conseils légaux, menée conjointement par Me Siddartha Hawoldar, Senior Counsel, et Me Kushal Lobine, multiplie les démarches pour que Mamy Ravatomanga soit pris en charge dans une clinique privée et prévoit de saisir les instances judiciaires compétentes d’une demande en ce sens. Les hommes de loi affirment que leur client ne peut supporter que quatre heures d’interrogatoire par jour et déplorent ne pas avoir accès à lui à l’hôpital Victoria.

