La Financial Crimes Commission (FCC) a appris que deux sociétés seraient de mèche pour escroquer des gens utilisant la cryptomonnaie. La compagnie Empire Crypto trouvait le moyen de « confisquer » l’argent des investisseurs et ces derniers se tournaient vers la société Strike on Line basée à Ébène pour essayer de recouvrer la somme. Or, Strike on Line réclamait encore de l’argent aux victimes pour soi-disant remonter jusqu’aux arnaqueurs. Sauf que ces deux entreprises complices collaboraient entre elles et se partagaient l’argent mal gagné. Tandis que les investisseurs se faisaient doublement arnaquer. Les enquêteurs n’ont pas encore établi l’ampleur de cette escroquerie et la somme amassée par le réseau, même si un montant de Rs 450 millions est évoqué au Réduit Triangle.
La Financial Crimes Commission a démantelé ce réseau international de fraude en ligne opérant à partir de l’île, grâce à la plainte d’une Française, d’origine belge. À la tête de ce système sophistiqué, un Ukrainien de 36 ans, Syvokon Yeven, assisté de deux Mauriciens, Neervissing Ramdenee, directeur d’entreprise de 41 ans, et son employé Naresh Kumarsingh Jokhoo, 49 ans.
Les trois suspects ont été arrêtés à l’issue d’une enquête minutieuse, déclenchée par cette étrangère, flouée dans une opération de récupération d’actifs numériques. Présentée comme une victime d’une première arnaque en cryptomonnaie à travers Empire Crypto, elle s’est vu promettre de l’aide par Strike on Line pour récouvrer ses pertes par le biais d’une plateforme en ligne, qui s’est avérée être un leurre contrôlé par les suspects. Au lieu de l’aider, ils ont réussi à lui extorquer plus près de Rs 8 millions.
Syvokon Yeven et Neervissing Ramdenee ont été inculpés provisoirement de fraude électronique, tandis que Naresh Kumarsingh Jokhoo fait face à une accusation de blanchiment d’argent, après la saisie de Rs 352 800 en sa possession. Le trio prétendait aider les victimes mais au fait, il les piégeait à nouveau, une technique de plus en plus fréquente sur les plateformes numériques.
L’enquête, qui s’est accélérée après la plainte de la victime déposée avec l’aide de Me Jean Claude Bibi, a conduit les enquêteurs jusqu’à un centre d’appels situé à Saint-Pierre, appartenant au dénommé Ramdenee. Le lieu servait de quartier général aux opérations frauduleuses. Sur place, la Financial Crimes Commission a saisi du matériel informatique, des documents compromettants et d’autres éléments prouvant l’étendue des manÅ“uvres illégales. Ces derniers seront examinés par le Forensic Department de la FCC.
Les révélations d’employés du centre d’appels ont permis de cerner l’ampleur du réseau. Plusieurs victimes étrangères seraient concernées, ce qui a poussé la FCC à qualifier l’affaire d’International Financial Scam. Fait marquant : alors que les salariés touchaient des salaires modestes, ils bénéficiaient de commissions alléchantes en fonction de l’argent soutiré aux victimes.
Autre découverte frappante : Syvokon Yeven résidait dans une luxueuse villa dans le nord de l’île, probablement acquise grâce à l’argent provenant de la fraude. Pendant ce temps, les investigations se poursuivent pour retracer les flux financiers et identifier d’éventuels complices à l’étranger. Entre-temps, Strike on Line a fermé ses portes il y a quelques jours.
Ce démantèlement représente une avancée significative dans la lutte contre la cybercriminalité à Maurice. Toutefois, des zones d’ombre subsistent. La victime aurait initialement tenté d’alerter une institution de l’État dès l’année dernière, sans obtenir de réponse. Elle soupçonne une protection politique impliquant Neervissing Ramdenee. Ce dernier est le directeur de la compagnie basé à Ébène. Alors que l’enquête suit son cours, la FCC confirme qu’il s’agit d’un dossier complexe aux ramifications internationales. Mais les autorités mauriciennes entendent bien montrer leur détermination face à la montée des fraudes numériques.