Démission du commissaire : Junaid Haroon Fakim quitte son poste en pleine tempête institutionnelle

La Financial Crimes Commission (FCC) a officiellement annoncé, ce dimanche 26 octobre, la démission de son commissaire, Junaid Haroon Fakim, avec effet au 25 octobre. Dans un bref communiqué, l’institution précise que l’intéressé a « soumis sa lettre au Président de la République pour des raisons personnelles ».

- Publicité -

Dans la journée d’hier, la FCC a émis le communiqué suivant lourd de sens : « The Financial Crimes Commission (FCC) wishes to inform the public that Mr. Junaid Haroon Fakim has resigned from his position as Commissioner of the FCC with effect from 25 October 2025, for personal reasons. His letter of resignation was submitted to the President of the Republic of Mauritius. »(26 October 2025)

La sobriété du communiqué contraste toutefois avec le climat lourd qui règne actuellement autour de l’institution. La démission de Junaid Fakim intervient en effet dans un moment délicat, alors que la FCC mène une enquête majeure sur des transferts financiers présumés illicites impliquant l’homme d’affaires malgache Mamy Ravatomanga, et qu’a eu lieu, en parallèle, l’arrestation de l’activiste politique Nasser Osman Bheeky pour une tentative présumée de trafic d’influence auprès d’un cadre de la Commission.

- Publicité -

Une réunion d’urgence au Réduit Triangle

Selon des sources concordantes, une réunion de crise s’est tenue dans la nuit de vendredi à samedi au Réduit Triangle, siège de la FCC, pour examiner cette situation, jugée grave. L’institution aurait été informée d’une démarche d’intermédiation destinée à solliciter une intervention au bénéfice d’un suspect dans l’enquête Ravatomanga.

- Advertisement -

C’est dans cette atmosphère de tension interne que la démission du commissaire Fakim est intervenue, certains au sein de l’institution évoquant la nécessité de « préserver la crédibilité de la Commission ».

Un dossier sensible aux ramifications politiques

L’enquête visant Ravatomanga, estimée à plus de Rs 7,3 milliards de flux financiers suspects, est l’une des plus importantes jamais ouvertes par la FCC. Elle touche à des réseaux d’affaires, de lobbying politique et de connexions transfrontalières, y compris à Maurice.

L’arrestation, samedi dernier, de Nasser Osman Bheeky à l’aéroport SSR alors qu’il s’apprêtait à prendre un vol pour Dubaï, a ajouté une dimension nouvelle : celle d’une tentative d’influence présumée au cœur même de l’institution chargée de combattre les crimes financiers. Nasser Bheeky a été provisoirement inculpé. Il est attendu que l’ex-haut cadre de la FCC, approché dans cette affaire, soit entendu formellement dans les jours à venir.

Une démission qui résonne au-delà de l’institution

La figure de Junaid Haroon Fakim porte une charge symbolique supplémentaire :
il est le fils de l’ancien président du Central Electricity Board (CEB), lui-même suspendu dans des conditions contestées sous l’ère Collendavelloo, sur la base de soupçons de divulgation d’informations, jamais établis, à l’opposition.

Ce départ, pour certains observateurs, « marque une nouvelle fissure dans la stabilité de grandes institutions publiques ». Pour d’autres, il pourrait au contraire ouvrir la voie à une reprise plus ferme de l’enquête.

Et maintenant ?

Le siège de commissaire de la FCC est désormais vacant. Une nomination est attendue rapidement. Mais la vraie question demeure : la FCC continuera-t-elle l’enquête sur Ravatomanga avec la même intensité — ou ce départ affaiblira-t-il la dynamique engagée ? La réponse viendra des actes, pas des communiqués.

- Publicité -
EN CONTINU
éditions numériques