Des signes positifs dans une mare de turbulences

La conjoncture de turbulences et de contestations, alimentées sur les réseaux sociaux à la moindre annonce d’une décision touchant le bien commun dans la Res Publica, a engendré depuis quelque temps une ambiance de sinistrose. Difficile de se voiler la face devant la succession d’épisodes, qui sont en tous genres, sauf de bon augure. Mais il y a une étincelle du génie mauricien, qui s’est fait sentir de manière subtile au cours de la semaine écoulée, préfigurant que rien n’est perdu d’avance en dépit de la mare qui se veut envers et contre tout de plus en plus envahissante.

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Depuis mars cette année, la Financial Crimes Commission a ouvert la boîte de Pandore du Reward Money. Outre ceux qui étaient dans le secret des dieux des dessous de la répartition de cette manne de Rs 250 millions, pouvaient anticiper l’envergure d’une telle infraction aux dispositions de lutte contre le Money Laundering, crime qui gangrène la société à tous les niveaux. Personne d’autre n’aurait jamais osé croire qu’au plus haut échelon des Police Headquarters, gardien sous la Constitution du Law and Order, de telles pratiques, à la veille des dernières élections générales, étaient tolérées et abusées sans la moindre remontrance.

Nullement outrageant d’avancer que pour la période d’avant 10-novembre 2024, certains, investis des pouvoirs, prérogatives, protections sous la Constitution, ont cru nécessaire de se revêtir fidèlement des habits de la Camorra pour mettre à exécution leurs avides missions. Les dernières explications de l’ancien commissaire de police, qui met en avant une couverture politique, sous forme de feu vert des Finances à ces transactions douteuses, viennent remettre une nouvelle couche dans les relations de ces Strange Bedfellows à la manière de Rock Hudson et de Gina Lollobrigida. C’est sa défense à lui.
Cette Dereliction of Duty avérée au plus haut niveau de l’État s’est heurtée à un 60/0 venu des urnes. Toutefois, les dénonciations suscitées à l’arrestation des Prime Suspects sont restées dans les limites de la démonstration d’une colère légitime. Cela du côté de l’instinct populaire.

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Toutefois, les institutions ont également conclu à une ligne rouge en matière de Interest in Justice et de Fairness. Nul autre que l’Office of the Director of Public Prosecutions a ordonné un Efase-Refer sans équivoque dans une série d’enquêtes majeures au sujet des opérations de lutte contre la drogue. Les liaisons dangereuses sont plus qu’évidentes car le Reward Money servait justement à rétribuer gracieusement une clique.

Dans les rangs de ceux qui avaient été ciblés par la police de Dip, cette annonce, pour ce qu’elle vaut jusqu’ici, constitue un signe que tout n’est pas perdu au sein de l’État de droit qu’est la République de Maurice. En dépit de cette mare envahissante d’antan avec pour objectif de piétiner les droits les plus élémentaires du citoyen.

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Toutefois, le génie du Mauricien s’est manifesté de manière encore plus subtile. Sur le plan de la réforme du système de pension, la décision du gouvernement de reporter l’âge d’éligibilité à 65 ans continue à faire du bruit dans la rue et à susciter la grogne dans les foyers. Le droit à une pension à la retraite, peu importe l’âge imposé, est la finalité d’une carrière pour tout employé.

Les récriminations des salariés et des syndicalistes contre la BRP à 65 ans peuvent ne plus être aussi vocales. Mais elles perdurent. Les Assises du Travail et de l’Emploi de la semaine écoulée auraient pu être transformées en une plate-forme de revendications. Mais comme l’a souligné le ministre du Travail et des Relations industrielles, Reza Uteem, ces délibérations ont été conclues sans le moindre Walk-Out. Des divergences, il y en aura.

Dans leur sagesse, les partenaires sociaux, dont les représentants des salariés, souvent représentés comme d’éternels insatisfaits, ont accordé une prime sans précédent au dialogue, avec pour caractéristiques principales le respect mutuel, l’écoute active et la recherche du consensus, en vue de baliser un champ d’intervention sur un terrain, les relations industrielles, quasiment impraticable. Les Assises de Reza Uteem portent des germes de cet esprit privilégiant le concept de We Agree To Disagree au nom de l’épanouissement de la nation arc-en-ciel.
Dans ce contexte, la mission confiée par le gouvernement à la Commission Prayag revêt toute sa pertinence en vue de renouer ce dialogue national sur un dossier aussi épineux que la réforme du système de pension, surtout avec en toile de fond la BRP à 65 ans. La Commission of Experts, annoncée vendredi, ne devrait se laisser piéger par la technicité de cette équation touchant la fin de carrière de tout salarié. La Sustainability du système de pension dépasse la simple dimension aride des chiffres, soit de Rs 15 000 à Rs 23 000 ou de 60 à 65 ans.
L’envergure émotionnelle pèse de tout son poids à cet âge et n’est palpable que dans le dialogue. La composition de la Commission Prayag regroupe les Best Brains en une matière aussi pointue et permettant une convergence de vues des plus techniques. Mais ne souffre-t-elle pas d’un déficit émotionnel de la population, ouvrant un rayonnement multidisciplinaire car le phénomène du vieillissement n’est nullement restrictif ? Et le dialogue national s’ensuivant pourra s’enrichir des acquis qualitatifs des Assises du Travail et de l’Emploi.
Les premières voix se sont déjà fait entendre et est-ce à ce prix que tou saki ti dan marenwar akapav regagn lespwar ?

 

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