- L’ACP Gungadin, le haut gradé de la PHQ SST aux Rs 160 M de Reward Money, « pe bwar siro-touse avant gagn lafiev » de son interrogatoire Under Warning au QG de la FCC
- Reward Money/Drug Planting présumé : un cocktail explosif à élucider pour la période 2022 à 2024
L’opération DeepCode de la Financial Crimes Commission en vue d’élucider les sinistres dessous du Drug Reward Money de Rs 250 millions à la police a franchi une étape décisive, hier matin, aux Police Headquarters des Line Barracks. En effet, les limiers, enquêtant dans cette affaire, susceptible de faire ébranler la haute hiérarchie de la police, ont pu avoir accès aux documents dans les bureaux de l’assistant surintendant de police, Faraaz Mooniaruth, une pièce majeure dans le Jigsaw du Reward Money pour la période de 2022 à octobre 2024. Deux préposés, affectés au service de ce haut gradé, présenté comme faisant partie de l’Inner Circle de l’ancien commissaire de police, Anil Kumar Dip, ont été entendus au QG de la Financial Crimes Commission avant que ne reprenne l’interrogatoire Under Warning de l’ASP Faraaz Mooniaruth. En parallèle, la situation s’agite dans les rangs de l’ancienne Police Headquarters Special Striking Team dans la mesure que tôt ou tard, la Financial Crimes Commission ouvrira une ligne d’enquête pour mieux appréhender les opérations hautement médiatisées en matière de lutte contre le trafic de drogue avec des arrestations. De son côté, l’assistant commissaire de police Dunraz Gangadin, le gladiateur désigné de l’ex-CP Dip dans l’arène constitutionnelle contre le Directeur des Poursuites Publiques, Me Rashid Ahmine, qui avait opéré sur son compte personnel des transactions bancaires d’un montant de Rs 160 428 725.74 en provenance du Drug Reward Money entre le 20 janvier 2023 et le 7 octobre 2024, s’est signalé avec une déposition à charge à l’encontre de Me Akil Bissessur.
Dans la matinée d’hier, l’objectif de la Financial Crimes Commission était d’avoir accès au bureau alloué à l’ASP Faraaz Mooniaruth de même que des documents, susceptibles de faire progresser cette High Profile Probe sur la police. Dans une tentative d’éviter une répétition de la perquisition avortée de jeudi dernier, les services techniques de la Special Support Unit (SSU), équipés de Grinder et autres outils de démolition furent mobilisés. Mais finalement, le haut gradé de la police, qui avait oublié initialement le code d’accès aux locaux, a retrouvé ses moyens.
Au troisième essai, le haut gradé de la police, en détention depuis la semaine dernière, est parvenu avec la combinaison appropriée pour ouvrir le bureau. Des documents de même que des équipements informatiques s’y trouvant ont été placés sous séquestre à des fins d’enquête. Deux autres officiers de police, affectés au service de cet ASP ont été convoqués au Réduit Triangle pour des auditions.
En parallèle, la Financial Crimes Commission (FCC) s’intéresse de près aux dossiers traités par l’ex-PHQ Special Striking Team (SST), à la suite des révélations concernant un pactole de Rs 160 millions ayant transité ou été déposé sur le compte bancaire de l’Assistant Commissaire de Police (ACP), Dunraz Gangadin, l’alter-ego du surintendant Ashik Jagai. Cette unité, créée en août 2022 et placée sous la supervision directe de l’ancien commissaire de police, Anil Kumar Dip, a fait l’objet d’accusations de Drug Planting de la part de certains protagonistes.
La première grosse saisie de drogue effectuée par la Special Striking Team de Gangadin/Jagai, intervenue à octobre 2022, avait suscité de vives polémiques autour du poids de la drogue saisie. La police avait alors intercepté du zamal en provenance de La-Réunion et procédé à plusieurs arrestations dans la région de Rivière-Noire. Dans un premier temps, l’ex-CP Dip avait annoncé, lors d’un point de presse tenu le 3 octobre 2022, une saisie d’environ 100 kg de drogue. Toutefois, quelques heures plus tard, les Casernes centrales avaient rectifié l’information, déclarant que seulement 58 kg avaient été saisis, expliquant que les colis pesaient plus lourd car imbibés d’eau de mer. La valeur estimée de cette drogue s’élève à Rs 90 millions.
Un mois plus tard, la Special Striking Team avait procédé à l’arrestation de l’activiste Bruneau Laurette, chez qui environ Rs 240 millions de haschich auraient été découverts dans le coffre d’un véhicule garé devant sa résidence à Petit-Verger, St-Pierre. Ce dernier continue à maintenir que cette perquisition à son domicile de Petit-Verger, Saint Pierre, ne relevait que de la nouvelle stratégie de la police de Drug Planting contre des protagonistes, jugés gênants au gouvernement d’alors.
Avant même que ces deux affaires ne soient examinées par la justice, des soupçons pèsent sur le fait que la Special Striking Team de Gungadin/Jagai aurait déjà perçu des « reward money ». En effet, un premier virement de Rs 15 135 000 a été effectué sur le compte bancaire de l’ACP Gangadin le 20 janvier 2023, suivi d’un second versement de Rs 5 550 000 le 30 janvier 2023. La Financial Crimes Commission cherche à établir si ces récompenses sont liées à ces deux affaires.
Un autre cas préoccupant est celui de Vimen Sabapati, arrêté à Port-Louis le 3 mai 2023, avec 10 kg d’héroïne dissimulés dans un sac de sport. La drogue est évaluée à Rs 150 millions. Lui aussi clame son innocence et accuse la SST de l’avoir piégé. Pourtant, le 3 juillet 2023, une somme de Rs 24 300 000 provenant du Reward Money a été versée sur le compte de l’ACP Dunraz Gangadin, alors chef de la SST.
La FCC souhaite désormais accéder à l’ensemble des dossiers traités par l’ancienne SST afin de comprendre les justifications avancées pour les importantes sommes d’argent réclamées, soi-disant pour rémunérer des informateurs. Un exemple édifiant est le transfert de Rs 6 335 000 du compte de l’ACP Gangadin vers celui du sergent Yeshdeo Seeboruth, alias Sofer Misie-La, effectué le 23 janvier 2023. Tout porte à croire que cette somme provient du premier versement de Rs 15,1 millions reçu quelques jours auparavant. Les enquêteurs doivent désormais déterminer à qui était réellement destinée cette somme. Pour l’heure, l’ex-bras droit d’Anil Kumar Dip reste silencieux sur les différents virements reçus sur son compte.
Par ailleurs, l’ACP Dunraz Gangadin, dans ce qui est connu dans le jargon de la police comme une opération bwar siro touse avan gagn lafiev, a déposé une plainte pour « ingérence auprès d’un témoin » contre Me Akil Bissessur auprès de la police de Rose-Hill. Il affirme qu’il se trouvait chez lui à Belle-Rose dimanche, lorsqu’il a reçu vers 18h05 un appel provenant d’un numéro masqué. Dans un premier temps, il n’a pas répondu, puis a finalement pris l’appel, pensant qu’il pouvait s’agir de quelque chose d’important. L’appel aurait duré 3 minutes et 19 secondes, et il dit avoir reconnu la voix de Me Bissessur, qui l’aurait insulté et menacé, lui disant qu’il serait bientôt arrêté par la FCC.
L’ACP Gangadin affirme que ce n’est pas la première fois que Me Bissessur l’intimide, et que ce dernier aurait déjà tenu des propos injurieux envers lui et sa famille. Il dit également craindre pour sa sécurité. Dans sa déposition, il confirme qu’il est lui-même à l’origine d’un mandat d’arrêt émis par le passé contre le conseil légal.
En tout cas, le calendrier de travail élaboré par la FCC laisse voir que l’ACP Gungadin, vu son rôle de premier plan dans ce mécanisme de détournement et de Money Laundering du Reward Money, devrait être parmi les derniers suspects à être confrontés aux éléments à charge retenus contre lui en vue d’une éventuelle inculpation provisoire, laissant entendre que d’autres potions de siro-touse sont à prévoir…