Le président du Mauritius Trade Union Congress (MTUC) vient de participer durant la semaine à un séminaire sur le travail décent à Plaine-des-Papayes organisé par la Federation of Local Government and Other Labour Unions et la Local Government Employees Association sur le travail décent en présence du ministre des Administrations régionales, Ranjiv Woochit. Dans l’interview qui suit, Dewan Quedou livre ses réflexions sur le concept du travail décent. Pour lui, le travail décent n’est pas un luxe, mais un droit. Il profite de l’occasion pour aborder plusieurs sujets, dont le départ des jeunes à l’étranger pour un emploi, l’introduction de la semaine de 40 h, la Basic Retirement Pension à 65 ans et l’avènement de l’intelligence artificielle dans le monde du travail a Maurice.
Que pensez-vous du travail décent ?
Le travail décent n’est pas un luxe, c’est un droit. Défini par l’Organisation Internationale du Travail (OIT), il signifie des emplois productifs qui offrent des salaires équitables, la sécurité, la protection sociale et le respect de la voix des travailleurs. Pour Maurice, un pays qui se targue du progrès social, garantir un travail décent doit être au centre de notre programme de développement.
Notre île a parcouru un long chemin, du sucre aux textiles, en passant par le tourisme et la finance. Pourtant, de nombreux travailleurs sont toujours confrontés à des contrats précaires, à des inégalités croissantes et à des lieux de travail où la sécurité et la dignité ne sont pas garanties. Les jeunes et les femmes demeurent sous-représentés dans les emplois sûrs, et le rythme rapide de la numérisation et du changement climatique crée de nouveaux risques pour ceux qui n’ont pas les compétences ou les protections appropriées. Les travailleurs ne demandent pas de faveurs ; ils exigent l’équité. Le travail décent nécessite cinq engagements urgents :
des salaires équitables et une protection pour que chaque famille puisse vivre dans la dignité, y compris les travailleurs migrants et informels
des lieux de travail sûrs où les normes de santé et de sécurité sont strictement appliquées
liberté d’association et renforcement de la négociation collective pour donner aux travailleurs la possibilité de s’exprimer sur l’élaboration des politiques
possibilités offertes aux jeunes et aux femmes par la formation et des programmes d’emploi ciblés.
soutien pendant les transitions, alors que les industries s’adaptent aux économies numériques et vertes.
Ce n’est pas la seule responsabilité des syndicats. Les employeurs doivent reconnaître que la productivité dépend des travailleurs motivés et respectés, tandis que le gouvernement doit renforcer le droit du travail pour le mettre en conformité avec les normes internationales. La société civile doit également tenir tous les acteurs responsables de l’équité et de la justice. Maurice ne peut pas compter uniquement sur la croissance économique.
La croissance sans équité est fragile et risque d’accentuer les fractures sociales. Le travail décent est le fondement d’une société durable et juste. Si nous voulons un avenir où chaque Mauricien a à la fois des chances et de la dignité, alors le travail décent doit être plus que des mots – il doit être notre engagement national.
Pensez-vous que l’inadéquation des compétences (Skill Mismatch) est toujours pertinente de nos jours?
La question de savoir si l’inadéquation des compétences reste pertinente pour Maurice peut se répondre simplement : oui, plus que jamais. Malgré nos progrès économiques, l’écart entre les compétences que possèdent les travailleurs et celles dont les employeurs ont besoin continue de nous freiner. Maurice a réussi à diversifier ses activités, du sucre au textile, en passant par le tourisme, les services financiers et maintenant les industries numériques et vertes.
Pourtant, nos systèmes d’éducation et de formation n’ont pas toujours suivi le rythme de ces changements. De nombreux diplômés continuent d’acquérir des qualifications qui ne correspondent pas au marché du travail, tandis que les employeurs peinent à trouver des candidats possédant les compétences techniques et générales appropriées. Cette contradiction explique pourquoi le chômage des jeunes reste élevé, alors même que les postes vacants ne sont pas pourvus.
La transformation numérique a accentué ce problème. Des secteurs comme les TIC, la FinTech et l’intelligence artificielle exigent le codage, l’analyse des données et la culture numérique, mais de trop nombreux travailleurs n’ont même pas les bases. Le tourisme et l’accueil, qui sont des piliers essentiels de notre économie, ont besoin de compétences linguistiques et de compétences en matière de service à la clientèle, mais de nombreux jeunes ne sont pas préparés ou ne sont pas intéressés à entrer dans le secteur.
Dans le même temps, notre dépendance à la main-d’œuvre immigrée dans le bâtiment et l’industrie montre que les compétences locales ou les préférences en matière d’emploi ne correspondent pas à la demande économique.
Les conséquences sont graves. L’inadéquation des compétences alimente le chômage, entraîne la fuite des cerveaux à mesure que les jeunes professionnels migrent et creuse les inégalités entre ceux qui sont équipés pour les secteurs émergents et ceux qui sont laissés pour compte.
Relever ce défi exige un effort collectif. Le gouvernement doit aligner les programmes scolaires et la formation professionnelle sur les exigences d’une économie moderne. Les employeurs devraient investir davantage dans la formation en cours d’emploi et dans les partenariats avec les établissements d’enseignement. Les syndicats, pour leur part, doivent défendre l’apprentissage tout au long de la vie et veiller à ce que les travailleurs soient soutenus lors des transitions industrielles.
Maurice ne peut se permettre d’ignorer cette question. Si nous voulons une croissance inclusive et une main-d’œuvre prête pour l’avenir, la lutte contre l’inadéquation des compétences doit être traitée comme une priorité nationale. Ce n’est qu’à ce moment-là que nos travailleurs pourront profiter pleinement des possibilités d’une économie en évolution.
D’après vous, qu’est-ce qui explique la pénurie de main-d’œuvre à Maurice ?
Maurice est confrontée à un paradoxe sur son marché du travail : la hausse du chômage pour certains groupes tandis que les employeurs des industries clés se plaignent de pénuries de main-d’œuvre. Cette contradiction révèle des problèmes structurels profonds qui doivent être résolus en toute urgence. L’une des principales raisons est l’inadéquation des compétences. Des secteurs tels que les TIC, la technologie financière, les énergies renouvelables et le tourisme de pointe sont en pleine expansion, mais trop de demandeurs d’emploi n’ont pas la formation nécessaire pour répondre à cette demande.
En conséquence, les postes vacants restent vacants alors même que des milliers de personnes sont au chômage. L’évolution démographique joue également un rôle. Avec le vieillissement de la population et la baisse du taux de natalité, moins de jeunes entrent sur le marché du travail, tandis que davantage de travailleurs âgés prennent leur retraite. Cela laisse des lacunes dans des domaines comme les soins de santé et l’éducation.
Pensez-vous que nos jeunes continueront à quitter le pays pour aller travailler ailleurs ?
La question de savoir si la jeunesse mauricienne continuera à quitter le pays pour travailler n’est pas seulement hypothétique – c’est déjà notre réalité. Chaque année, de plus en plus de jeunes cherchent des débouchés à l’étranger, du Canada à l’Australie en passant par l’Europe. Si nous ne nous attaquons pas aux causes profondes, cette tendance ne ralentira probablement pas. Le principal facteur est l’amélioration des perspectives à l’étranger.
Les jeunes professionnels ont souvent l’impression que les salaires mauriciens ne correspondent pas à leurs qualifications ou au coût de la vie. Un infirmier, un enseignant ou un diplômé en TIC peut gagner deux ou trois fois plus à l’étranger, avec de meilleures conditions de travail et de meilleures perspectives de carrière.
Face à de tels choix, beaucoup considèrent la migration comme l’étape logique. Il y a aussi la question des possibilités limitées à la maison. Alors que Maurice a diversifié son économie, la croissance des emplois à haute valeur ajoutée n’a pas suivi le rythme du nombre de diplômés entrant sur le marché du travail. Le chômage des jeunes demeure élevé, et de nombreux individus talentueux se retrouvent sous-employés ou enfermés dans des contrats précaires.
Les conditions de travail jouent également un rôle. Les longues heures de travail, les contrats précaires et la hausse du coût du logement et de la vie sapent la confiance dans la construction d’un avenir stable au niveau local. Pendant ce temps, les histoires de parents ou d’amis à l’étranger mettent en évidence non seulement des revenus plus élevés, mais également une meilleure protection sociale et une meilleure qualité de vie.
Cet exode continu a de graves conséquences. Le pays perd les travailleurs qualifiés dont il a désespérément besoin, les entreprises ont du mal à pourvoir les postes et les contribuables doivent assumer le coût de la formation des professionnels qui quittent ensuite le pays. Elle creuse également les inégalités intergénérationnelles, dans la mesure où ceux qui disposent de ressources pour migrer prospèrent tandis que d’autres sont laissés pour compte.
Pour inverser cette tendance, Maurice doit faire en sorte de rester attrayant. Cela signifie offrir des salaires équitables, des conditions de travail décentes, une meilleure progression de carrière et un accès à un logement abordable. Il faut également investir dans les secteurs émergents comme l’énergie verte et les industries numériques, afin que les jeunes puissent voir un avenir ici aussi brillant qu’ailleurs.
La vérité est simple : nos jeunes continueront à partir à moins que Maurice ne leur donne de vraies raisons de rester. Le choix nous appartient : investir dans leur avenir ici, ou les regarder le construire ailleurs.
Quelles sont vos propositions pour les Assises du Travail ?
Les Assises du Travail à venir offrent à Maurice une occasion importante de réfléchir aux réalités des travailleurs et de donner une nouvelle orientation à l’avenir du travail. À l’heure où notre société fait face à la transformation numérique, au changement climatique, à l’augmentation du coût de la vie et au creusement des inégalités, il est vital que la voix des travailleurs soit au centre de ce débat.
Le premier pilier doit être le travail décent. Chaque Mauricien mérite des salaires équitables, des lieux de travail sûrs, une protection sociale et le respect de ses droits. La croissance économique n’a que peu de sens si elle n’apporte pas de dignité aux personnes qui la conduisent.
Deuxièmement, nous devons renforcer la négociation collective. Les syndicats doivent être traités comme des partenaires du développement. Des accords sectoriels plus solides peuvent garantir une fixation équitable des salaires, réduire les différends et créer un équilibre plus sain entre travailleurs et employeurs.
Troisièmement, l’inadéquation des compétences est un problème croissant. Trop de diplômés restent sans emploi tandis que les industries manquent de main-d’œuvre qualifiée. La solution consiste à aligner l’éducation et la formation professionnelle sur la demande du marché, en particulier dans les TIC, l’énergie verte, la santé et le tourisme. L’apprentissage tout au long de la vie doit devenir un droit, pas un privilège.
Quatrièmement, nous devons protéger les groupes vulnérables. Les femmes, les jeunes, les travailleurs informels et les migrants sont souvent confrontés aux pires conditions de travail. L’égalité de rémunération, la sécurité des contrats et la protection contre la discrimination doivent être appliquées.
Cinquièmement, nous devons nous préparer à l’avenir du travail. L’intelligence artificielle, l’automatisation et la transition verte vont remodeler les emplois. Si nous n’agissons pas maintenant, de nombreux travailleurs seront déplacés. Une stratégie nationale pour les compétences numériques et les transitions équitables est nécessaire de toute urgence.
Enfin, les Assises doivent promouvoir un véritable dialogue social. Cet événement ne devrait pas être une consultation ponctuelle, mais le début d’un dialogue continu entre le gouvernement, les employeurs et les syndicats pour établir la confiance et la responsabilité.
La fondation du travail que nous créons aujourd’hui déterminera si Maurice deviendra un pays d’équité et d’opportunités, ou un pays marqué par l’exclusion et l’inégalité. Les Assises du Travail ne doivent pas être considérées comme une rencontre symbolique, mais comme un tournant qui placera les travailleurs au cœur du progrès national.
Êtes-vous d’accord avec la pension de retraite de base à 65 ans à Maurice ? Dans la négative, que faut-il faire pour réformer le système des retraites ?
Maurice déplace progressivement la pension de retraite de base (BRP) de 60 à 65 ans. À compter de septembre 2025, l’admissibilité augmente d’un an chaque année jusqu’à ce qu’elle atteigne 65 ans pour les personnes qui auront 60 ans après 2029. Pour adoucir le changement, le gouvernement promet un soutien du revenu sous condition de ressources de Rs 10 000 par mois pour les nouveaux âgés de 60 ans pendant la transition.
Le raisonnement est clair : avec une espérance de vie plus longue et des pressions financières sur l’État, les retraites doivent être durables. Mais la question demeure : est-ce juste ? Pour de nombreux travailleurs, en particulier dans des emplois physiquement exigeants, attendre jusqu’à 65 ans sans protection adéquate risque de les pousser dans la pauvreté.
Je soutiens le principe de durabilité et d’équité intergénérationnelle, mais je ne peux pas soutenir une réforme globale qui punit les plus vulnérables. Si les retraites doivent passer à 65 ans, les réformes doivent être plus humaines et plus inclusives. La réforme du système de retraite est nécessaire. Mais aligner BRP à 65 ans ne peut être juste que si cela protège également les personnes vulnérables, reconnaît les diverses réalités du travail et veille à ce qu’aucun Mauricien ne soit laissé pour compte dans sa vieillesse. La durabilité et la justice sociale doivent aller de pair.
Pensez-vous qu’il soit nécessaire de continuer à importer des travailleurs étrangers et à réserver du travail aux Mauriciens ?
Le débat pour savoir si Maurice doit continuer à importer des travailleurs étrangers tout en réservant des emplois aux Mauriciens n’est pas nouveau. Mais cela devient de plus en plus urgent à mesure que notre économie se complexifie et que les pénuries de main-d’œuvre s’intensifient.
La réalité est claire : Maurice va continuer à avoir besoin de travailleurs étrangers dans certains secteurs. Des secteurs tels que le textile, la construction, les soins aux personnes et le travail domestique dépendent déjà fortement de la main-d’œuvre migrante. Ce sont des emplois souvent considérés comme peu attrayants en raison d’un faible salaire, de longues heures ou de conditions difficiles.
Sans les travailleurs étrangers, de nombreuses usines, de nombreux hôtels et autres projets de construction ne pourraient tout simplement pas fonctionner. Dans le même temps, il est essentiel de protéger les opportunités pour les Mauriciens. Trop souvent, les jeunes se sentent exclus d’un emploi décent tandis que les migrants comblent les lacunes. Cela crée du ressentiment et sape la cohésion sociale.
La solution n’est pas de fermer les portes, mais de concevoir un système équitable où les deux groupes sont traités avec dignité. Il faut accorder priorité à la formation des Mauriciens pour les secteurs émergents comme les TIC, les énergies renouvelables et les soins de santé, afin qu’ils ne soient pas laissés pour compte et améliorer les conditions de travail dans les emplois peu attractifs.
Si les salaires, la sécurité et la dignité s’améliorent, davantage de Mauriciens pourraient être disposés à travailler dans ces secteurs, à établir des quotas et des garanties clairs pour la main-d’œuvre migrante, en veillant à ce qu’elle complète plutôt qu’elle ne déplace la main-d’œuvre locale, en garantissant l’égalité des droits pour les travailleurs migrants. L’exploitation ne doit jamais être tolérée ; les travailleurs étrangers contribuent à notre économie et méritent le respect et la protection. Il convient également d’encourager la participation des jeunes. Des incitations telles que des programmes d’apprentissage, de requalification et de rémunération équitable pourraient rendre le travail local plus attrayant.
Êtes-vous favorable à l’introduction de la semaine de 40 heures à Maurice ?
Le gouvernement a annoncé son intention d’instaurer une semaine de travail de 40 heures dans les secteurs public et privé. Si certains ouvriers du secteur public bénéficient déjà de cette norme, la plupart des Mauriciens travaillent encore 45 heures, réparties sur cinq ou six jours. Les services essentiels tels que les soins de santé et le maintien de l’ordre devraient rester des exceptions.
Maurice devrait-il adopter cette réforme ? Je crois que la réponse est oui, pourvu qu’elle soit mise en œuvre avec soin et de façon équitable. Une semaine de travail plus courte peut améliorer l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée, en donnant aux gens plus de temps pour la famille, la santé et la communauté.
Des études menées dans de nombreux pays montrent que la réduction des heures de travail stimule souvent la productivité et le moral, plutôt que de nuire à la production. L’alignement sur la norme internationale de 40 heures renforce également la compétitivité de Maurice et modernise nos normes du travail. Les réalités sectorielles comptent aussi. Pour les services de première ligne comme les hôpitaux, la police et les services d’incendie, la norme de 40 heures n’est peut-être pas pratique. Ces travailleurs ne doivent pas être pénalisés.
Le gouvernement devrait plutôt garantir une rémunération équitable et un personnel suffisant pour maintenir la sécurité publique tout en respectant les droits des travailleurs. Passer à une semaine de travail de 40 heures n’est pas seulement un ajustement technique, c’est une déclaration sur le type de société que nous voulons. Maurice a l’occasion de dire que le travail n’est pas seulement une question de productivité, mais aussi de dignité et d’équilibre. Si elle est bien menée, cette réforme profitera aux travailleurs, aux employeurs et à la nation dans son ensemble. Le moment est venu pour Maurice d’adopter une semaine de 40 heures – de manière réfléchie, équitable et avec toutes les parties prenantes autour de la table.
Êtes-vous en faveur de l’intelligence artificielle dans le monde du travail?
L’intelligence artificielle (IA) n’est plus une idée futuriste : elle façonne déjà notre vie quotidienne. Maurice a récemment lancé une nouvelle stratégie nationale en matière d’IA dans le cadre du plan de transformation numérique 2025-2029, témoignant de son engagement à utiliser l’IA comme moteur du renouveau économique et de la prestation de services publics. Je suis favorable à l’IA à Maurice – mais seulement à condition qu’elle soit développée de manière éthique, inclusive et avec de solides garanties.
L’IA est très prometteuse. Dans le tourisme, elle peut alimenter des robots conversationnels pour améliorer le service à la clientèle. Dans les soins de santé, il peut aider les médecins avec des diagnostics plus rapides et plus précis. Dans l’industrie, l’IA peut stimuler l’efficacité dans la prévision des stocks et le contrôle de qualité. Avec les bons investissements, l’IA peut aider Maurice à moderniser son économie, à améliorer sa productivité et à se positionner comme un centre concurrentiel en Afrique.
Mais à ces opportunités s’ajoutent des risques sérieux. En l’absence de règles claires, l’IA peut aboutir à une mauvaise utilisation des données, à une prise de décision biaisée, à des pertes d’emploi, ainsi qu’à de plus grandes inégalités. Les travailleurs ne doivent pas être laissés pour compte dans la course à l’automatisation. Des garanties sont essentielles. Pour réussir, Maurice doit investir dans les compétences locales. Des programmes de formation, des cours universitaires et un apprentissage continu sont nécessaires pour que nos jeunes soient des créateurs d’IA, et pas seulement des consommateurs.
Il faut intégrer la gouvernance éthique. Il s’agit de guider la manière dont l’IA est utilisée, que ce soit dans le secteur public ou privé. L’IA doit être utilisée pour améliorer les services destinés aux citoyens ordinaires (comme des transports publics plus intelligents, des informations juridiques accessibles par le biais de chat-boxes et des processus gouvernementaux efficaces), toujours avec transparence et équité. Il ne s’agit pas de craindre la technologie, mais de la façonner.
Guidée par des valeurs démocratiques et un dialogue social fort, l’IA peut servir le bien public plutôt que d’aggraver les inégalités. Maurice a la chance de devenir une véritable île intelligente. Mais nous devons veiller à ce que que l’IA soit introduite avec un but et une protection. C’est seulement alors que l’intelligence artificielle deviendra non seulement un outil d’efficacité, mais une force de dignité et de prospérité partagée.
Propos recueillis par Jean-Denis PERMAL