Dhaneshwar Damry, Junior Minister aux Finances : « Certaines mesures sont difficiles, mais le statu quo aurait été bien plus grave »  

La South African Chamber of Commerce à Maurice (SACC), en collaboration avec ABC Banking Corporation, a organisé une séance d’analyse post-budgétaire avec la participation de Dhaneshwar Damry, ministre délégué aux Finances, en fin de smaine dernière.

- Publicité -

Face à un public d’investisseurs, de professionnels étrangers et de dirigeants d’entreprise, en présence du Dr Hlamalani Nelly Manzini, haut-commissaire d’Afrique du Sud à Maurice, la séance a permis d’aborder les grandes orientations du budget 2025–26 : réforme fiscale, évolution des régimes de permis de séjour, climat d’investissement et redéfinition du positionnement de Maurice comme une économie diversifiée et fondée sur l’État de droit.
Bilal Adam, président de la SACC, a souligné l’engagement de celle-ci envers un dialogue franc et constructif : « Les retours reçus depuis la présentation du budget ont été sincères – parfois critiques – mais toujours constructifs. Nous voulons que Maurice reste une juridiction d’investissement de premier plan, non seulement dans l’océan Indien, mais aussi à l’échelle mondiale » , dit-il.

Le ministre Damry a reconnu les inquiétudes exprimées sur le plan local et international : « Maurice est à un tournant. Nous avons trop longtemps compté sur des secteurs hérités du passé. Ce budget envoie un signal clair : nous prenons le virage des réformes. Oui, certaines mesures sont difficiles, mais ne rien faire aurait été bien plus grave. Notre notation souveraine, notre niveau d’endettement et notre crédibilité auprès des institutions internationales exigeaient des décisions fortes. »

- Publicité -

Ce budget, a déclaré le ministre délégué aux Finances, a articulé la stratégie autour de deux axes majeurs : réforme structurelle et équité sociale. L’objectif est, selon lui, de revenir à une politique fiscale plus légère d’ici deux à trois ans, une fois que l’assainissement budgétaire aura consolidé les finances publiques : « Il s’agit de concilier le poids des choix du passé avec les exigences d’une économie tournée vers l’avenir. Ce moment requiert de la rigueur et de la détermination », avance-t-il.

Parmi les mesures les plus débattues figurent la révision des permis de séjour longue durée, l’introduction d’une taxe sur les plus-values immobilières, l’exigence de présence physique de 180 jours pour les retraités, et la mise en place d’un régime fiscal à deux vitesses. Tout en reconnaissant les préoccupations des investisseurs, le ministre délégué a insisté sur la clarté juridique et la conformité avec les normes internationales : « Maurice est un État de droit. Aucune disposition ne s’appliquera rétroactivement. Là où des engagements juridiques existent, ils seront respectés. Nous évoluons vers un régime migratoire et d’investissement fondé sur des règles, garantissant plus de prévisibilité, de transparence et de compatibilité internationale. »

- Advertisement -

Sur la question de la justice fiscale, il a plaidé pour un cadre de contribution plus équitable : « Ceux qui en ont les moyens doivent participer davantage. Il est essentiel de répartir plus justement les efforts. L’infrastructure nationale doit être soutenue par ceux qui bénéficient le plus de sa croissance. »

La préparation du Blueprint pour les services financiers a été abordée. Ce plan vise à moderniser le cadre réglementaire, à intégrer des dispositifs de gestion de fortune privée et de Family Offices, et à renforcer la crédibilité de Maurice au-delà du secteur immobilier : « Ce budget dépasse la simple gestion budgétaire à court terme. C’est une stratégie de repositionnement de Maurice comme plateforme crédible, agile, durable et tournée vers le futur pour les affaires internationales », estime le Junior Minister.

Dhaneshwar Damry est revenu sur l’importance de réorienter les investissements directs étrangers vers des secteurs à forte valeur ajoutée : « Nous devons faire évoluer les flux de capitaux au-delà de l’immobilier, vers des domaines tels que la technologie, les énergies renouvelables, l’intelligence artificielle et l’industrie pharmaceutique. De nouveaux dispositifs incitatifs sont en cours d’élaboration pour attirer des investissements pérennes et stratégiques. »

À la question de savoir ce qu’il adviendrait si les prévisions de croissance ne se réalisaient pas, il a répondu avec assurance : « Nous avons des plans de contingence. Mais notre préférence est claire : atteindre l’équilibre budgétaire par la croissance, et non par une hausse des impôts. Cela passe par des gains d’efficacité dans la fonction publique, la réforme des entreprises d’État et le recours à des financements mixtes. Nous ne faisons pas de politique politicienne – nous faisons de la planification intergénérationnelle. »
Il a confirmé que des réformes institutionnelles sont déjà en cours, notamment au sein de la Mauritius Revenue Authority (MRA) : « La MRA doit évoluer. Elle doit être centrée sur le citoyen. Il en va de même pour l’ensemble du secteur public. Notre héritage sera un système fondé sur des règles, transparent et responsable. »

Interrogé sur l’accord relatif au règlement des questions liées aux Chagos, il a précisé que les fonds reçus seraient répartis entre le remboursement immédiat de la dette et la création d’un véhicule stratégique d’investissement à long terme : « Une partie de ces fonds servira à réduire notre dette souveraine ; l’autre sera investie dans un Future Fund, non pas un fonds souverain classique, mais un actif stratégique à long terme. Inspirée des modèles de Temasek (Singapour) et du Future Fund australien, cette initiative vise à transformer un jalon géopolitique en levier durable pour la stabilité budgétaire et le développement national. » Il a ajouté que ce fonds pourrait, à terme, devenir un contributeur significatif au PIB, à l’image de Temasek, qui finance près de 70% du budget national de Singapour.

- Publicité -
EN CONTINU
éditions numériques