Le Dr Wajid Ali Khan, chirurgien de la cornée à l’Al-Shifa Trust Eye Hospital au Pakistan, préconise des dépistages précoces pour prévenir des maladies oculaires, à tous les âges. Dans un entretien accordé à Le-Mauricien, il évoque des examens à l’intention des enfants de moins de cinq ans pour pouvoir, avec un traitement approprié, les aider à améliorer leur vue, et aux plus de 40 ans de faire des examens réguliers, notamment pour détecter le glaucome. Il souligne aussi l’importance d’une alimentation équilibrée pour prévenir des carences qui peuvent avoir des effets néfastes sur la vue, et d’être sensibilisé aux risques et aux conditions qui pourraient affecter les yeux. Le Dr Wajid Ali Khan en est à sa 18e mission à Maurice.
Parlez-nous de votre visite à Maurice….
Nous sommes ici pour une semaine. Chacun d’entre nous est spécialiste dans un domaine particulier. Mon domaine est la transplantation de la cornée, le Dr Nadeem Qureshi est un spécialiste de la rétine et les docteurs Sultan Asif Kiani et Shahzad Iftikhar des spécialistes de la cataracte. Chacun travaille dans son domaine.
Je ferai une transplantation de dix cornées sur dix patients. De la même manière, le Dr Qureshi s’occupera des patients diabétiques qui ont des problèmes avec la rétine. Parfois, ils ont besoin d’un traitement au laser, par d’autres, une injection ou encore une chirurgie. Donc, il fera la partie la plus difficile.
D’où viennent les cornées ?
Le Lions Club est très actif et grâce à eux, nous les recevons des États-Unis, de la Eversight Eye Bank, dans le Michigan, des donneurs décédés. Ces gens laissent un testament pour qu’à leur décès leurs cornées puissent être utilisées pour des transplantations. Ainsi, quand un donneur meurt, la cornée est prélevée, préservée et éventuellement transportée là où il y a une demande. À l’Al-Shifa Trust Eye Hospital, au Pakistan, nous recevons des cornées de la même banque des yeux.
Des traitements peuvent être administrés lorsque les nerfs optiques sont touchés pour prévenir la perte totale de la vue ?
Malheureusement, si le dommage a déjà eu lieu, nous ne pouvons rien faire. Mais lorsqu’il y a une maladie qui peut endommager les nerfs optiques comme le glaucome qui est le plus courant, on peut contrôler la pression oculaire pour l’empêcher de les abîmer davantage. Cependant, même avec le traitement parfois, les nerfs peuvent continuer à se dégrader.
C’est donc irréversible…
Pour l’heure oui. Peut-être que dans les cinq prochaines années, par la grâce de Dieu, nous pourrons trouver une guérison pour cela également.
Quelles sont les nouveautés auxquelles vous avez recours dans votre pratique ?
Eh bien, je peux vous parler de mon domaine de spécialisation, la transplantation et des maladies de cornée. Il y a de nombreux nouveaux traitements. Par exemple, il y a le kératocône qui est une maladie où la cornée devient mince et commence à s’enfler. Le patient ne voit plus très bien. Le nombre de patients atteint est en hausse.
Au départ, il n’y avait pas de traitement, ensuite on a commencé à faire une transplantation de la cornée et maintenant nous proposons un traitement qui s’appelle le Crosslinking, qui marche très bien. Et nous avons pu l’introduire à Maurice il y a quelques années. Il permet de détecter la maladie relativement tôt et proposer un traitement pour arrêter sa progression, prévenant ainsi une transplantation de la cornée. De la même manière, il y a d’autres que nous souhaitons introduire à Maurice dès que possible.
Utilisez-vous également l’intelligence artificielle dans vos opérations ?
L’IA n’est pas très avancée dans le domaine de la chirurgie ophtalmique. Mais on a recours à des robots pour certains types de chirurgie. Cependant, on utilise l’IA pour procéder à des diagnostics précoces et précis.
Qu’est-ce que vous recommanderez comme mesure préventive ?
Il faut être conscient d’un certain nombre de choses. Premièrement, chez l’enfant, il faut savoir s’il a un problème pour qu’un traitement puisse lui être administré relativement tôt. Cela préservera sa vue. Il faudrait faire passer un test de vue à l’enfant relativement tôt. Parfois, un œil peut être normal, l’autre faible. Avec un traitement approprié, l’œil faible pourra s’améliorer. Une fois passé les cinq à six ans, cet œil demeurera paresseux.
Deuxièmement, il est important d’avoir une alimentation équilibrée parce qu’il y a des maladies qui sont causées par une carence de certains apports nutritionnels comme la vitamine A. Troisièmement, l’enfant peut avoir des infections ou des traumatismes. Il peut se blesser en jouant. Cela peut abîmer les yeux. Il faut en être conscient.
Chez les personnes âgées, il y a le diabète qui peut endommager les yeux. C’est d’ailleurs le plus gros problème à Maurice. Donc, une détection précoce de la maladie est très importante. De la même manière, il y a le glaucome qui est très répandu chez eux. Par conséquent, il est recommandé de faire un examen de routine des yeux à partir de 40 ans.