Encore une victime : Nawsheen Chady. Mère de deux enfants, 38 ans, rouée de coups jusqu’à entraîner sa mort, portés par nul autre que son époux, Safwaan, 37 ans. Motif ? Des sous. Pour quoi faire ? S’acheter non pas des produits de luxe ou des vêtements griffés, mais de la drogue ! En temps normal, mari et femme se battent pour ces raisons-là. L’un crierait au gaspillage et l’importance de faire des économies, avec la cherté croissante de la vie, pendant que l’autre prétexterait une envie de se faire plaisir.
Mais les temps ont bien changé, hélas ! Et pas pour le meilleur. L’envie de se faire plaisir a pris une nouvelle dimension. Les plaisirs classiques ont été remplacés par le démon de la drogue ! Nawsheen Chady n’est malheureusement pas la première Mauricienne à tomber sous les coups d’un esclave des drogues. Cela fend le cœur d’apprendre comment son accro aux drogues de mari s’est acharné sur elle à coups de barre de fer et de tuyau métallique jusqu’à ce qu’elle pousse son dernier soupir. Une telle barbarie entraînée par le “fat yen” (état de manque) du toxicomane est révoltante !
Au sein du groupe SEL (Solidarité, Épanouissement et Libération) du Groupe A /Lakaz A, mères et pères vomissent leur dégoût de la vie, suppliant pour des actions contre leurs propres progénitures… Cela dure depuis des années ! Sam Lauthan, président de la National Agency for Drug Control (NADC), déclarait qu’une de ses priorités est « d’essuyer les larmes des parents ». Il se fait un devoir, régulièrement, de souligner que « personn pann trouv otan larm ki mwa ».
Que fait déjà la NADC pour que d’autres Nawsheen Chady ne perdent pas la vie ? Est-ce que des unités d’intervention comprenant des officiers de l’ordre, des travailleurs sociaux et des professionnels comme des psys interviennent dans différentes régions du pays ? Jeudi matin, quand Nawsheen Chady est tombée, sa propre mère alertait les autorités, les suppliant de protéger son enfant. En vain !
La plupart des cas où des toxicomanes s’en prennent à leurs parents et proches sont répertoriés auprès des autorités. Que doit-on attendre encore ? Que la NADC prenne (encore ?) du temps (et le gaspille ainsi !) de tout revoir avant d’intervenir ? Si tel est le cas, ce sera beaucoup trop tard et nous nous retrouverons, malheureusement, avec de nombreux cadavres d’innocents sur les bras !
Imran Dhannoo, du Centre Idrice Goomany, le souhaitait lors d’une intervention chez un confrère, cette semaine : les membres du comité de la NADC pourraient se rencontrer plus régulièrement, au moins une fois par semaine, d’abord. Vu l’urgence de la situation, des actions et des mesures concrètes, rapides et efficaces peuvent et doivent être mises en place au plus vite. Il n’est pas question d’attendre la venue et l’intervention d’un Rambo ou d’un justicier pour commencer le travail.
La NADC, dans sa formulation et l’élaboration de ses objectifs, touche un vaste champ, allant de la Prevention primaire à la répression du trafic, en passant par le traitement des malades des drogues, l’usage des médicaments les plus efficaces, jauger et trouver des avenues de partenariat pour les usagers de drogues qui sont également des personnes atteintes de sida, approcher les jeunes des écoles et collèges et les prévenir contre les tristement célèbres “simik” qui se vendent comme des petits pains, entre autres. Tout cela coûterait un temps infini si l’on doit encore attendre. Et attendre quoi, au fait ?
Aucun compatriote ne voudrait être à la place de Sam Lauthan, le président, ni du Dr Fayzal Sulliman, CEO de cet organisme. Car chacun devine bien le travail colossal et impopulaire qui les attend. Il n’est pas question de les critiquer ou de remettre en question leurs compétences, savoir-faire et expériences, non plus. Par contre, on réalise bien que devant l’immensité du chantier qui les attend, avec leurs équipes, face aux pressions, populaire et politique, le passage à l’action pourrait se transformer en obstacle à trop vouloir tout contrôler et vouloir tout bien faire. Et le temps, c’est justement cela que nous n’avons pas ! Alors, du nerf. Jetons-nous dans la bataille !
Husna Ramjanally