La 17e assemblée générale de la Mauritius Export Authority (MEXA) a vu l’élection de Dominique de Froberville, Chief Executive Officer (CEO) de Mauritius Freeport Development Ltd, à la présidence. Il succède à Arif Currimjee. Malgré les exportations de Rs 50 milliards en 2022, le président sortant a situé les défis du secteur des exportations, sans mâcher ses mots.
Il a d’abord attiré l’attention sur le faible niveau d’investissements dans l’industrie, qualifié de « very preoccupying », en précisant que « investment in the export manufacturing sector, be it local or foreign, is nowhere where it was fourteen years ago ».
Arif Currimjee a ensuite énuméré divers problèmes qui freinent le développement des exportations, à commencer par le manque de connectivité. « On the airline front, our country does have various options of air freighting at competitive prices and reasonable frequencies. However, on the other side, our maritime independence is in serious jeopardy », dit-il.
Il n’y a que trois lignes maritimes principales qui desservent le pays. « Skipping of the port coupled with delays in arrival and berthing of vessels are common occurrences », lâche-t-il. Cela dans un contexte où le coût du fret maritime est plus élevé pour Maurice que pour ses compétiteurs. Arif Currimjee déplore également que « shipping lead time of 40 days to Europe and 60 days to the east coast of USA are unacceptable by our international buyers, who are to the contrary requesting faster delivery ».
Le pays, poursuit-il, est incapable d’attirer un plus gros volume de trafic portuaire, et d’ajouter que « our common ambition of making our port the hub of the region is unfortunately gradually fading out ». Ce constat affligeant contraste avec les efforts fournis par La-Réunion et Madagascar notamment, qui sont à investir pour améliorer la compétitivité portuaire. Madagascar procède à la transformation du port de Tamatave, avec l’aide du secteur privé japonais.
À cet effet, Arif Currimjee prévient que « should Madagascar become a more competitive port than Mauritius, which I believe is imminent, Mauritius definitely runs the risk of losing its hubbing port of the 3 shipping lines and may become a reefer base to the port of Madagascar. This will have a huge negative impact on our economic activities ». Face à cette grande menace, la MEXA lance un appel au gouvernement « to dedicate immediate attention and resources to redress the current deteriorating port situation ».
Un autre problème majeur affectant le secteur des exportations : la pénurie de main-d’œuvre et la question des travailleurs étrangers. Tout en soulignant que les membres de la MEXA sont continuellement en train d’améliorer les conditions de travail des travailleurs étrangers, en adoptant les meilleures pratiques, le président sortant parle de « major threat looming on us », soit le « running away and missing foreign workers ». Il y aurait actuellement 3 000 travailleurs étrangers portés manquants sur le territoire, et les membres de la MEXA rapportent quasi quotidiennement des cas de « running away of workers ». Arif Currimjee sollicite là encore l’attention du gouvernement car ce problème doit être réglé rapidement : « passive inaction is not an option. »
Troisième problème qui affecte le secteur : le manque de visibilité. À cet égard, la MEXA prône une Country Branding Strategy pour promouvoir le pays dans son ensemble, notamment comme une destination manufacturière produisant de la qualité.
Le ministre du Développement industriel et des PME, Sunil Bholah, a pris note des problèmes mentionnés par la MEXA : « we do share the same concern as MEXA. » Concernant les projets pour améliorer la connectivité maritime, notamment les deux Feeder Vessels annoncés dans le dernier budget, Sunil Bholah explique que « for whatever reasons, the project has not materialised yet. »
Pour ce qui est des travailleurs étrangers, le ministre espère que son collègue des Finances, Renganaden Padayachy, annoncera des mesures en ce sens dans le prochain budget. Concernant le Country Branding, il renvoie la balle à l’Economic Development Board – qui est, soit dit en passant – déjà chargé de produire ce fameux Country Branding depuis un certain temps, sans avoir rien produit à ce stade. D’ailleurs, le ministre Bholah a interpellé le président de l’EDB, Hemraj Ramnial, présent dans la salle, sur ce projet précis.
Alan Ganoo, ministre du Transport intérieur, de l’Intégration régionale et du Commerce international, a mis l’accent sur les bonnes relations entre le gouvernement et le secteur privé qui ont permis de « construire notre succès économique ». Il s’est longuement appesanti sur la croissance mondiale qui sera inférieure cette année et l’inflation galopante.
Le ministre a expliqué que la Trade Policy est une composante clé pour développer le secteur d’exportation. Il a cité notamment l’African Continental Free Trade Area (AfCFTA) qui offre de multiples opportunités, tout en lançant un appel au secteur privé pour se lancer dans de nouveaux marchés en Afrique.
Au chapitre de l’AGOA, Alan Ganoo explique qu’il a eu un impact très positif sur les exportations de Maurice, faisant du marché américain le quatrième, sachant que 90% de ces exportations sont faites sous l’AGOA. Il espère qu’il n’y aura pas de Trade Disruptions avec l’AGOA à compter de septembre 2025, car il s’agit d’un « powerful tool for economic growth ». Il a aussi souligné que la visibilité est un critère important pour les acheteurs étrangers.