ENQUÊTE: Hélène Lam Po Tang allongée sur son dos et blessée à la tête

Le sergent Rajcoomar Ramnarain, affecté au poste de police d’Abercrombie, a été l’unique témoin entendu hier dans le cadre de l’enquête préliminaire relative au meurtre d’Hélène Lam Po Tang. Hier, cela faisait un an jour pour jour que son corps ensanglanté a été découvert au N° 23, avenue des Roses, Morcellement Swan, Baie-du-Tombeau. Le sergent Ramnarain était le premier officier de police à avoir vu le corps sans vie de Mme Lam Po Tang dans sa maison. Le témoin a fait le récit à la cour de ce qu’il a vu ce jour-là avant d’être interrogé contradictoirement par la défense et through court par la magistrate Maryse Panglose-Cala. Cette dernière s’est montrée très critique d’un certain nombre de points, qui apparaissent comme des failles de l’enquête policière. Notamment sur le fait que les lieux du crime aient été restitués à un suspect, en l’occurrence Gary Lam Po Tang, seulement deux jours après la découverte du corps.
Dans sa déposition, le sergent Ramnarain a fait ressortir qu’il est arrivé sur les lieux du crime à 13 h 16 précises en compagnie d’autres policiers, après avoir été dépêché sur place par son supérieur. Arrivé à l’adresse mentionnée plus haut, il a rencontré Le couple Wong Ming Wing Kam, à savoir la soeur et le beau-frère de la victime. Selon le témoin, c’est M. Wong Ming Wing Kam qui a appelé la police. Ci-dessous, un extrait de l’interrogatoire du témoin par le représentant du State Law Office (SLO), Me Nataraj Mooneesamy.
Me Mooneesamy : Quand vous êtes arrivé sur les lieux, que vous a dit Wong Ming Wing Kam ?
Sergent Ramnarain : Quand je suis arrivé sur les lieux, ce monsieur et son épouse étaient dans la cour. Je les ai alors questionnés. Ils m’ont dit qu’ils ont appelé la police parce qu’ils étaient venus rencontrer Mme Hélène Lam Po Tang à 13 heures ce jour-là. Letan bann la inn criyer “Hélène !” personn pa ti pe reponn. Sur la porte principale de la maison, à l’extérieur, ils ont vu une clé dans la serrure et une autre clé qui pendait d’un bundle de deux clés. Ils m’ont dit qu’à ce moment-là, ils sont entrés dans la maison.
Me Mooneesamy : Où avez-vous vu la clé ?
Sergent Ramnarain : Letan monn rant dan lakaz, lor enn latab, dan enn ashtray. Zot inn dir moi : “Ala laclé la”.
Me Mooneesamy : À partir de là, quelle est la chronologie des événements ?
Sergent Ramnarain : Ils sont entrés à l’intérieur de la maison et là ils ont découvert le corps d’Hélène dans une chambre. Tout de suite, je leur ai demandé où il fallait passer pour me rendre à cette chambre. Ils m’ont indiqué un couloir qui donne accès à la chambre à coucher. Le monsieur m’a montré la clé qui, d’après lui, était sur la porte. Je n’ai pas perdu de temps. Je me suis rendu à la chambre à coucher où se trouvait le corps. J’ai dû prendre des précautions parce qu’il y avait des gouttes de sang. Le corps était celui d’une femme. Elle portait une jupe et un top. So linz ti paret bien disturbed avek bann blessures lor latet ek licou. Tout de suite, j’ai vérifié son pouls au niveau du cou. Il n’y avait aucun battement. J’ai alors effectué une observation de la chambre. Il y avait une salle de bains et des toilettes dans la chambre. Monn verifye si pa ti ena personn.
À ce moment précis, la magistrate intervient : « Pouvez-vous décrire plus précisément le corps ? »
Sergent Ramnarain : Le corps était allongé sur le dos. Sa main était pliée au niveau du coude. Sous sa tête, par terre, il y avait du sang. Ce sang faisait environ deux pieds de large. J’ai aussi observé qu’à ce moment-là, une radio jouait à un volume très bas. Dans cette chambre à coucher, il y avait un gros objet rond d’environ 80 centimètres de diamètre qui se trouvait à côté, entre le corps et le lit. Je pense que cet objet est une grosse boule en plastique, dont on se sert pour des exercices du dos. Il y avait aussi un Seat Mat.
Me Mooneesamy : Qu’avez-vous fait après ces observations ?
Sergent Ramnarain : Je suis sorti de la chambre.
Me Mooneesamy : Êtes-vous allé téléphoner ?
Sergent Ramnarain : Oui, à mes officiers supérieurs. Ensuite j’ai désigné le constable Bisoonath comme Sentry.
Me Mooneesamy : À 13 h 22, une ambulance et le First Response Team sont-ils arrivés ?
Sergent Ramnarain : Oui.
Me Mooneesamy : Avaient-ils été contactés par M. Wong Wing ?
Sergent Ramnarain : Oui.
Me Mooneesamy : Est-il vrai de dire que seulement M. Shyam Jaysing du First Response Team est entré dans la chambre ?
Sergent Ramnarain : Oui.
Me Mooneesamy : Quel a été son response ?
Sergent Ramnarain : Sa inn fini mort sa.
Me Mooneesamy : Que s’est-il passé ensuite ?
Sergent Ramnarain : Il est sorti de la chambre.
À partir de ce moment, le témoin a été interrogé au sujet d’un appel téléphonique qui a été reçu à la maison des Lam Po Tang quelques minutes après la découverte du corps. Au bout du fil : Gary Lam Po Tang, l’époux de la victime. Le témoin a expliqué dans quelles circonstances il a été appelé à parler avec ce dernier.
Me Mooneesamy : Quand vous êtes sorti de la chambre, que s’est-il passé ?
Sergent Ramnarain : Près de la porte du salon, M. Wong Ming était en conversation à partir du téléphone fixe de la maison. Ce téléphone se trouve dans le salon. Il m’a dit : “Hélène so mari sa. Li ape telephoner depi la Chine”. Il m’a ensuite donné le combiné. J’ai entendu une voix masculine qui m’a dit : “Mo mem so mari. Guet enn coup ki kapav fer. Amenn li klinik”. Ensuite, le téléphone a été déconnecté. À ce moment-là, un monsieur, Jean-Luc Latour, de la famille, est arrivé près de la chambre à coucher. Li sakouy so latet, larm plin dan so lizie. Li dir : “Sa inn fini sa”. Il est ensuite sorti dehors.
La magistrate : D’où sort ce monsieur ?
Sergent Ramnarain : Lorsque j’étais au téléphone, il est entré dans la maison.
Me Mooneesamy : Avez-vous donné des instructions pour boucler le périmètre ?
Sergent Ramnarain : Oui.
Me Mooneesamy : À 13 h 55, un Dr Samoo est-il venu sur place ?
Sergent Ramnarain : Oui. Dr Samoo from SAMU.
Me Mooneesamy : Qu’a-t-il fait ?
Sergent Ramnarain : Il a examiné le corps et a confirmé qu’elle était déjà morte.
La poursuite s’est ensuite intéressée à l’arrivée du médecin légiste, le Dr Sudesh Kumar Gungadin, qui est venu sur les lieux du crime à 14 h 54, de même ce qui s’est passé après l’autopsie. C’est à ce moment qu’une chaîne en or est évoquée par le témoin.
Me Mooneesamy : Le médecin légiste a-t-il donné des instructions pour que le corps soit transféré à la Mortuary house du Princess Margaret Orthopaedic ?
Sergent Ramnarain : Oui. Dans le Mortuary Van, il y avait le constable Mewah comme escorte.
Me Mooneesamy : Après l’autopsie, le corps a-t-il été remis à un parent de la victime qui s’appelle Kwet Lean Lam Po Tang, qui habite à Port-Louis et lui avait-on remis un bracelet en or qui mesure 20 centimètres ?
Sergent Ramnarain : Oui. Il y avait une chaîne dans la main de Mme Lam Po Tang et autour de son poignet. On lui a enlevé cette chaîne juste avant l’autopsie.
Par la suite, le témoin a expliqué qu’il s’était de nouveau rendu sur les lieux du crime le 19 octobre 2010, soit quatre jours après la découverte du corps. Sur place, il a saisi dix couteaux de cuisine, à des fins d’analyse, ainsi que le Seat Mat mentionné plus haut, de même que des pétales de fleurs de corail cassées. En cour, le témoin a produit deux couteaux, le Seat Mat de même que les pétales de fleurs de corail. Interrogé contradictoirement par Me Rama Valayden, Leading Counsel assurant la défense du suspect Sanjeev Nunkoo, le témoin devait faire ressortir que deux jours avant, soit le 17 octobre, la maison n’était déjà plus sous le contrôle de la police et avait été handed over à l’époux de la victime, Gary Lam Po Tang. Ci-dessous les temps forts du Cross-Examination du sergent Ramnarain par Me Valayden.
Me Valayden : Êtes-vous bien le premier policier qui est arrivé sur les lieux du crime ?
Sergent Ramnarain : Oui.
Me Valayden : Y avait-il déjà deux personnes dans la cour quand vous êtes arrivé à la maison de la victime ?
Sergent Ramnarain : Oui.
Me Valayden : Est-ce bien M. et Mme Wong Ming ?
Sergent Ramnarain : Oui.
Me Valayden : Avez-vous remarqué quelque chose de précis près de la porte d’entourage ?
Sergent Ramnarain : C’était une porte en métal de trois pieds par trois pieds.
Me Valayden : Et rien d’autre ?
Sergent Ramnarain : Non.
Me Valayden : Avez-vous remarqué de gros pots à fleur dans l’allée ?
Sergent Ramnarain : Je ne m’en souviens pas.
Me Valayden : Les pétales cassés proviennent-ils des fleurs de corail ?
Sergent Ramnarain : Oui.
Me Valayden : Où les avez-vous trouvées ?
Sergent Ramnarain : En grimpant le perron, sur le palier à droite, avant la porte principale.
Après avoir passé en revue des détails extérieurs à la maison, l’avocat de la défense s’est ensuite attardé sur les lieux où le corps de Mme Lam Po Tang avait été découvert.
Me Valayden : Juste à côté du corps, près de la tête de la victime, avez-vous vu un livre qui était intitulé “Accident de parcours” ?
Sergent Ramnarain : Non.
À la demande de la défense, une photo montrant le livre à côté de la tête de la victime est montrée au témoin. Ce dernier affirme ne pas se souvenir d’avoir vu ce livre, ni un autre contenant des grilles de Sudoku. Sur une autre photo, à droite de la main de la victime, le témoin découvre une paire de lunettes. Là également, il affirme qu’il ne se rappelle pas avoir vu ces lunettes à ce moment-là puisque “lasam la pa ti sa éclairer la”. À partir de là, le témoin a été soumis à un véritable tir de barrage de la part de Me Valayden, de même que de la magistrate.
Me Valayden : Where is the missing pair of spectacles ? Kikenn inn ramass li ?
Sergent Ramnarain : Étant donné que j’étais le first officer attending, je n’ai fait que constater si la femme était toujours en vie ou pas. Il n’y avait aucune pulsation de pouls. Sa mort a été confirmée par le Dr Samoo du SAMU. Je ne suis pas resté longtemps dans la chambre.
Me Valayden : Avez-vous tout laissé avec les officiers du Scene of Crime Office (SOCO) ?
Sergent Ramnarain : Je n’ai fait que préserver la scene of crime afin que les autres experts entrent en jeu.
Me Valayden : N’avez-vous pas noté tout ce que vous avez vu ?
Sergent Ramnarain : Non.
Une photo du corps de Mme Lam Po Tang est ensuite montrée au témoin.
Me Valayden : Combien de trous voyez-vous dans sa blouse ?
Sergent Ramnarain : Linz la ti disturbed. Mo trouv 4 taches blan.
Me Valayden : Son haut était-il déchiré ou pas ?
Sergent Ramnarain : Oui.
L’avocat de la défense passe ensuite à l’étape relative à l’autopsie et à la nouvelle visite du témoin sur les lieux du crime le 19 octobre 2010.
Me Valayden : Dans votre enquête, vous dites que l’autopsie a pris fin vers 18 h 30 ce jour-là…
Sergent Ramnarain : Non. L’autopsie a débuté à 18 h 30 le 15 octobre 2010.
Me Valayden : Lorsque vous vous êtes de nouveau rendu sur les lieux du crime le 19 octobre 2010, y avait-il une sentinelle de police ?
Sergent Ramnarain : Non.
Me Valayden : Est-il correct de dire que les occupants de la maison ainsi que la famille pouvaient avoir librement accès à la maison ?
Sergent Ramnarain : Oui.
Me Valayden : Est-il correct de dire que ce jour-là, il y avait des objets qui brûlaient dans la cour ?
Sergent Ramnarain : Je ne peux m’en souvenir.
Me Valayden : Où se trouve donc le gros tapis (NdlR : carpet) qui était présent sur les lieux où Mme Lam Po Tang a été retrouvée ? (NdlR : on montre alors au témoin une photo dudit “gros tapis”).
Sergent Ramnarain : Lorsque l’ASP Beefye est arrivé sur les lieux du crime le 15 octobre 2010, je lui ai handed over les lieux du crime. C’est lui le Crime Scene Manager.
Me Valayden : Avez-vous vu ce tapis lorsque vous êtes reparti sur les lieux du crime le 19 octobre ?
Sergent Ramnarain : Je ne m’en souviens pas.
Me Valayden : Qu’êtes-vous allé faire sur place le 19 octobre 2010 ?
Sergent Ramnarain : J’ai reçu des instructions de mon officier supérieur afin de m’y rendre pour saisir des couteaux qui se trouvaient dans la cuisine.
Me Valayden : Les lieux étaient-ils toujours cordoned-off ?
Sergent Ramnarain : Le 15 oui. After two days I think the house was handed over to the owner, Gary Lam Po Tang.
Par la suite, la magistrate est revenue sur la chaîne retrouvée dans la main de Mme Lam Po Tang : « Kifer in hand sa over à la famille ? Enn exhibit sa ».
Sergent Ramnarain : Ce sont les instructions du médecin légiste.
À ce moment précis, l’avocat de la défense insiste pour savoir dans quel état la chaîne a été restituée à la famille. Le policier n’est pas en mesure de donner de plus amples explications. Au sujet des dix couteaux qu’il a saisis dans la maison le 19 octobre, il explique que seulement deux ont été expédiés au Forensic Science Laboratory (FSL) et que les huit autres ont été retournés à leur propriétaire sur ordre du médecin légiste. L’avocat de la défense n’a pu alors s’empêcher de faire la remarque suivante : « L’autopsie le 15, rann lakaz le 17, crémation le 18 ; saisi couteau le 19… » Et d’insister auprès de la magistrate : « My point is to know what happened to all these exhibits ».
La magistrate se tourne alors vers le témoin : « La cour trouve bizarre… M. Lam Po Tang est-il un suspect ? »
Sergent Ramnarain : Je ne suis pas en mesure de le dire. I am not the enquiring officer.
La magistrate : How can the house be handed over so early to a suspect ? La cour trouv sa bien drol. Any fair and independent observer would say how the house could be handed over so early to a suspect.
Sergent Ramnarain : I am only the first officer who attended the case. On avait eu des instructions pour placer des officiers on sentry, à savoir le PC Kissoonah. Les officiers étaient changés à tour de rôle. Les instructions étaient de preserve the scene. Les instructions pour enlever les sentinelles proviennent de M. Gurbah à travers la MCIT. Les instructions ont été données à la police de Baie-du-Tombeau pour hand over the house après que les enquêteurs eurent été satisfaits.
La magistrate : Autre chose : lorsque le téléphone a sonné dans la maison, qui a répondu ?
Sergent Ramnarain : Je n’ai pas entendu le téléphone sonner. J’ai vu le monsieur au téléphone. Li pe dir moi “Hélène so mari pe téléphoner depi la Chine”.
Me Valayden n’a pas manqué d’observer qu’entre le moment de la restitution de la maison à la famille le 17 et la perquisition du 19 octobre, « people have been there and re-arranged the whole place ». Ce à quoi le témoin a déclaré qu’il n’était pas en mesure de répondre.
Les travaux de l’enquête préliminaire se poursuivront mercredi prochain.

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