La Financial Crimes Commission (FCC) dispose désormais d’une multitude d’informations concernant Maminiaina (Mamy) Ravatomanga, que les enquêteurs doivent trier avec minutie. Pour l’heure, leur attention se porte principalement sur les transactions financières de l’homme d’affaires malgache en lien avec ses sociétés offshore basées à Maurice.
Au fil de leurs investigations, ils ont découvert qu’un proche de Mamy Ravatomanga, détenteur d’un permis de séjour à Maurice, avait déposé une demande auprès de la Financial Services Commission (FSC) pour obtenir une licence de Family Office Licence Scheme (FOLS). Ce dispositif permet à une entité privée de gérer les affaires d’une famille fortunée. Le demandeur devait toutefois remplir plusieurs conditions, notamment justifier d’un patrimoine ou d’investissements d’au moins cinq millions de dollars américains.
Afin d’avancer sur ce dossier, une rencontre aurait eu lieu cette année entre Mamy Ravatomanga et un responsable d’une société de gestion financière basée au Caudan. Cependant, la FCC attend toujours de savoir si la demande de licence a finalement été approuvée ou rejetée par la FSC.
Les enquêteurs se penchent également sur des informations relatives à un important mouvement de fonds à Maurice. Ils craignent que Mamy Ravatomanga ait envisagé de transférer ces fonds vers un autre pays, ce qui a conduit la FCC à solliciter et à obtenir un Criminal Attachment Order sur les comptes bancaires de l’homme d’affaires, de son épouse et de ses sociétés offshore. Un tel transfert, évalué à plusieurs millions de dollars, aurait provoqué une sortie significative de devises du pays.
La FCC a appris que Mamy Ravatomanga est actif à Madagascar dans plusieurs secteurs, notamment l’hôtellerie, la santé et l’exportation de litchis. Il aurait choisi Maurice comme plateforme pour ses opérations financières en raison de la stabilité du pays. Une part importante de ses revenus était ainsi conservée localement à travers des entreprises offshore, générant des bénéfices pour les sociétés de gestion financière et les banques mauriciennes. Le transfert éventuel de ces fonds vers Dubaï représenterait donc un manque à gagner considérable pour ces institutions. Pour l’instant, le gel ordonné par la FCC a permis de bloquer ce mouvement de fonds. Les enquêteurs reconnaissent toutefois que le dossier est « extrêmement complexe » et qu’une mauvaise décision pourrait avoir des « répercussions néfastes » sur le secteur financier.
Par ailleurs, la FCC examine les documents transmis par Fanirisoa Emaivo, émissaire du nouveau gouvernement malgache, comprenant des pièces bancaires et des correspondances liées à Mamy Ravatomanga. Ces documents contiendraient notamment des allégations concernant la vente d’avions Boeing à l’Iran, avec de possibles ramifications impliquant des entreprises mauriciennes. La Commission doit encore vérifier l’authenticité de ces éléments, mais la tâche s’annonce difficile en raison de l’absence de documents officiels.
Entre-temps, Mamy Ravatomanga s’est entouré d’une équipe juridique à Maurice, composée notamment d’avocats de renom, dont un parlementaire membre du gouvernement. L’homme d’affaires prépare actuellement un affidavit pour contester le Criminal Attachment Order émis par la FCC. Ce document devrait mettre en avant ses activités économiques à Maurice ainsi que des informations sur la situation à Madagascar.

