Enquête FCC – Opération Tir Laliann Kanbar : Toxic Loans de Rs 7 milliards à une trentaine d’entreprises

— La nouvelle étape de l’interrogatoire du bras droit de Prateek Gupta s’annonce cruciale pour le dénouement de ce scandale financier sans précédent

- Publicité -

Au QG de la Financial Crimes Commission, les enquêtes les unes plus prioritaires et délicates que les autres s’amoncellent. C’est le cas de le dire avec les nouveaux développements dans le cadre de l’opération de Tir Laliann Kanbar avec les quelque Rs 7 milliards de Toxic Loans alloués par la Silver Bank Limited avant son écroulement et la tentative quasi vaine de la Banque de Maurice en quête d’un repreneur, évitant une première dans le secteur bancaire à Maurice. Les dernières informations disponibles laissent voir qu’une trentaine d’entreprises, dont plusieurs n’exerçant aucune activité réelle, sont au cœur de ce vaste scandale financier lié à la Silver Bank Ltd. La Financial Crimes Commission (FCC) a mis à jour un réseau interne au sein de cette banque, facilitant l’octroi de prêts toxiques totalisant près de Rs 7 milliards, alors que jusqu’ici, les enquêteurs ont pu identifier de manière formelle un montant de Rs 1,2 milliard octroyé à certaines de ces sociétés.

Parmi elles figurent notamment Ultra Fabric Trading Ltd (Rs 175 millions), Venus Petrocheum Holding Ltd (Rs 195 millions), Orchid Organics Holding Ltd (Rs 200 millions), PennEnergy Investments Ltd (Rs 200 millions), Artic Ceramic (Rs 175 millions), Ultron Agro Ltd (Rs 175 millions) et Esokia Group (Rs 157,5 millions). Les enquêtes révèlent que ces prêts, accordés entre octobre 2022 et décembre 2023, étaient assortis de garanties fictives, menant directement à la catégorie de Non-Performing Loans.

- Publicité -

Au cœur du dispositif, l’ex-Relationship Manager de la Silver Bank Ltd, Chetan Singh (Rajiv) Ramcharitar (41 ans), aujourd’hui inculpé pour blanchiment d’argent sous les dispositions de la Financial Intelligence and Anti-Money Laundering Act. Présenté devant le tribunal de Rose-Hill, il a vu sa demande de libération conditionnelle rejetée, la Financial Crimes Commission craignant des tentatives de falsification de preuves ou d’intimidation de témoins.

Le quadragénaire nie les accusations portées contre lui et avance que son rôle était d’informer les clients de l’avancement de leurs dossiers et de les informer des résultats. Il renvoie la balle dans le camp du Credit Committee de la banque. Il fait comprendre que depuis que la Silver Bank Ltd a été placée sous Conservatorship, c’est lui qui collabore avec les autorités à mener à bien leur travail. Alors que plusieurs hauts cadres de l’institution ont déjà quitté le pays. Or, la Financial Crimes Commission estime que ce suspect serait impliqué dans la vérification des demandes de prêts. D’ailleurs, ces demandes étaient traitées à une vitesse qui aujourd’hui laisse perplexe la Financial Crimes Commission. Cette dernière relève de gros manquements dans l’exercice de due diligence et que l’ex-Relationship Manager de la Silver Bank Ltd ne peut nullement plaider l’ignorance.

- Advertisement -

La principale conclusion de la Financial Crimes Commission est que les fonds accordés comme des loans provenaient en grande partie de dépôts effectués par des institutions publiques, incitées au plus haut niveau politique sous le gouvernement de Pravind Jugnauth à investir dans cette nouvelle banque sans track record éprouvé contre la promesse de taux d’intérêt attractifs. Parmi elles : la National Insurance Company (Rs 150 millions), la NIC General Insurance (Rs 125 millions), la mairie de Curepipe (Rs 87,7 millions), la mairie de Port-Louis (Rs 45 millions) et la Mauritius Housing Company Ltd (Rs 100 millions).

Aujourd’hui, ces organismes parapublics courent le risque potentiel de ne jamais recouvrer ces investissements. La FCC soupçonne que l’argent ait été redirigé vers des entités liées à l’homme d’affaires controversé Prateek Gupta. Ce dernier, via un holding contrôlé majoritairement par son épouse, détiendrait des parts de la Silver Bank Ltd et aurait exercé une influence occulte sur l’établissement grâce à un petit groupe d’employés soumis à sa cause et exécutant ses directives criminelles sous la Banking Act.

Les déplacements fréquents de l’ex-Relationship Manager à Dubaï, où s’est installé Prateek Gupta, renforcent les soupçons. Car officiellement, il se rendait à l’étranger pour essayer de récupérer les fonds auprès des compagnies qui ont bénéficié des Toxic Loans. Ce raisonnement ne convainc pas les enquêteurs.

Les investigations se poursuivent pour faire la lumière sur ce qui s’annonce comme l’un des plus grands scandales financiers qu’ait connus le pays.

- Publicité -
EN CONTINU
éditions numériques