Nouvelle séance de l’enquête judiciaire en Cour de district de Curepipe, lundi, pour faire la lumière sur les circonstances des décès douze dialysés au New Souillac Hospital durant la pandémie de Covid-19. Sous le Ministerila Stewardship de Kailesh Jagutpal. Deux fils ont apporté des témoignages poignants des circonstances tragiques dans lesquelles sont morts leurs pères. Ils réclament invariablement que les responsables à la Santé doivent être redevables de cet état de choses dramatique.
Shiv Surwon, un Field Safety Officer au Sir Seewoosagur Ramgoolam International Airport, a été appelé à la barre des témoins. Cet habitant de Tyack, âgé de 40 ans, a répondu aux questions de Me Khaveesh Seenauth, le représentant du Directeur des Poursuites publiques (DPP). Son père, Suren Surwon, souffrait de diabète et avait besoin de trois séances de dialyse par semaine, d’une durée entre trois et quatre heures chacune. Il avait été placé en quarantaine à l’hôtel Tamassa le 26 mars 2021, après qu’un infirmier du service de dialyse du New Souillac Hospital avait été testé positif au Covid-19. Il s’était plaint à son fils Shiv des conditions de la quarantaine à l’hôtel Tamassa, notamment du fait que personne ne s’occupait de lui convenablement.
Shiv Surwon avait parlé à son père la dernière fois le dimanche 28 mars 2021. Il venait de subir une séance incomplète de dialyse qui avait été réduite à deux heures. Il disait à son fils qu’il se sentait très faible. Le lundi 29 mars 2021, à partir de 8h45, il avait reçu des appels de certains proches qui lui demandaient de confirmer si son père était décédé. En proie à une panique, il avait appelé l’hôtel Tamassa, mais personne ne répondait.
Il avait alors reçu un appel d’un ami qui travaillait au New Souillac Hospital. Ce dernier l’avait informé qu’un dénommé Surwon était mort et lui avait demandé s’il s’agissait d’un membre de sa famille. Shiv Surwon avait alors sollicité de plus amples renseignements. Il avait alors reçu un appel d’un officier du ministère de la Santé, qui lui avait confirmé le décès de son père. Ce dernier s’était bien gardé de lui expliquer la cause du décès.
Shiv Surwon était alors parti pour l’hôtel Tamassa. Les vigiles n’étaient pas au courant de quoi que ce soit, et il a laissé son numéro de portable avec eux. Un médecin affecté à cet hôtel l’avait finalement appelé. Ce qui semblait tracasser le médecin : comment Shiv Surwon savait-il que son père était mort ? Il lui a expliqué comment il avait appris cette nouvelle, et le médecin lui avait alors effectivement confirmé le fait. Le certificat de décès mentionne l’heure du décès à 8h, tandis que la cause du décès a été listée comme une Chronic Renal Failure.
Shiv Surwon est resté à l’hôtel Tamassa jusqu’à 16h. Des hauts gradés de la police se sont entretenus avec lui, et lui ont demandé de prendre contact au téléphone avec le Dr Sudesh Kumar Gungadin, le Police Chief Medical Officer. Ce dernier lui avait fait comprendre qu’une autopsie allait être pratiquée à l’hôpital Victoria, à Candos.
Shiv Surwon s’était dirigé vers cet hôpital, où il était arrivé vers 19h. On lui avait expliqué que l’autopsie allait durer trois heures. Shiv Surwon n’avait pas voulu d’autopsie, et le corps a été convoyé au cimetière de Bigara, où il avait été incinéré vers 21h. Cela sans la présence d’aucun proche du défunt, hormis Shiv Surwon, et sans aucun rite religieux. Shiv Surwon a expliqué en Cour qu’il était difficile pour la famille de faire le deuil convenablement dans ce cas-ci.
Plus tard, il avait appris d’un membre du personnel de l’hôtel Tamassa qu’on avait ouvert la porte de la chambre de son père vers 8h et avait découvert son corps inanimé au sol. Ce qui fait que personne ne sait quand exactement quand il était mort. Le comble : il devait apprendre plus tard que son père avait été testé négatif au Covid-19.
Répondant ensuite aux questions de Me Veda Baloomoody, l’avocat de certains proches des décédés, Shiv Surwon a confirmé que son père n’avait reçu aucun traitement contre le diabète et hypertension à l’hôtel Tamassa. Lorsqu’on lui a demandé s’il avait quelque chose à ajouter, Shiv Surwon a répondu que si son père n’avait pas mis les pieds à l’hôtel Tamassa, il serait encore en vie aujourd’hui.
Pas de bonbonnes d’oxygène
Ashwin Jeebun, un employé de la Mauritius Commercial Bank (MCB) âgé de 34 ans et habitant Surinam, a ensuite été appelé à la barre des témoins, où répondant aux questions de Me Jean-Michael Ah-Sen, représentant du DPP, il a témoigné sur les circonstances entourant le décès de son père, Mahadoo Jeebun, au New Souillac Hospital en 2021. Son témoignage fait suite à ceux de sa mère et de son beau-frère, qui avaient précédemment témoigné en Cour à cet effet.
Mahadoo Jeebun, un retraité, avait commencé le traitement de dialyse au New Souillac Hospital en 2013. Il avait besoin de trois séances de dialyse par semaine, de 4 heures chacune. Le 26 mars 2021, il avait été placé en quarantaine à l’hôtel Tamassa. Il continuait de recevoir des séances incomplètes de dialyse au New Souillac Hospital, de une ou de deux heures chacune.
Le 2 avril 2021, il avait été testé positif au Covid-19, ce qui avait gravement affecté ses poumons, et il n’arrivait plus à respirer. Neuf jours plus tard, le 11 avril, la famille Jeebun avait reçu la triste nouvelle : Mahadoo Jeebun était décédé. Ashwin Jeebun maintient que son père a probablement été contaminé durant les va-et-vient incessants entre l’hôtel Tamassa et le New Souillac Hospital, vu que lors de ces déplacements, plusieurs personnes ne portaient de masque ou n’observaient pas de distanciation sociale.
Ashwin Jeebun n’a vu qu’un coffre en bois hermétiquement clos qui contenait la dépouille de son père. Il a expliqué que ni lui ni sa famille n’ont pu faire le deuil comme il se doit. Le témoin est revenu sur un épisode pénible. Ainsi, malgré le fait qu’un médecin avait ordonné, et cela à pas moins de trois reprises, que le patient soit mis sous oxygène, les infirmières avaient fait fi de cet ordre. Lorsque la famille avait téléphoné pour s’assurer qu’on l’avait bien mis sous oxygène, on leur répondait invariablement qu’il n’y avait pas de bonbonnes d’oxygène de disponible, ou on leur répondait de cesser de leur déranger.
Me Ah-sen a alors demandé au témoin s’il avait quelque chose à ajouter. Ashwin Jeebun a expliqué que les membres du personnel soignant ne sont nullement à l’écoute des patients sous leur responsabilité. Il a demandé que ces derniers soient redevables de leurs agissements dans cette affaire.
La magistrate Shavina Jugnauth a alors mis fin à la séance. Cette affaire reprendra le mardi 15 juillet.