Enquête sur la mort suspecte de Kanakiah : des appels cruciaux pas décortiqués par la police

L’audition du surintendant de police Hemant Dass Ghoora hier, en Cour de Souillac, dans le cadre de l’enquête judiciaire pour faire la lumière sur la mort suspecte de Pravin Kanakiah, a révélé que la police, se basant sur certains témoignages, avait vite conclu au suicide au sujet de cette affaire, qui remonte 11 décembre 2020 à la Roche-qui-Pleure. Des appels cruciaux passés et reçus par le défunt n’ont ainsi pas été décortiqués.

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Le témoin Ghoora a été interrogé une nouvelle fois, hier, par Me Damodarsingh Bissessur, le représentant du Directeur des Poursuites Publiques. L’enquête policière sur ce décès avait débuté au niveau du poste de police de Souillac, sous la supervision de l’inspecteur Rughoonundhun, mais le Case File avait ensuite été transféré à la Major Crime Investigation Team (MCIT), et l’enquête placée sous la supervision du surintendant de police Hemant Dass Ghoora.

Me Bissessur a débuté son interrogatoire en se basant sur un Judge’s Order ordonnant à l’opérateur téléphonique concerné de soumettre aux enquêteurs de la police un relevé des appels téléphoniques que Pravin Kanakiah avait passés et reçus durant les jours précédant sa mort.

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Me Bissessur (DB) : Le dernier appel reçu par Pravin Kanakiah date du 9 décembre 2020 à 19 h, soit la veille de sa disparition. Est-ce que la police a pris contact avec les derniers numéros de téléphone afin de connaître l’identité de ses interlocuteurs ?

SP Ghoora (HG) : Oui, mais pas tous. Nous avions pris contact avec les proches.

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DB : Plus logiquement, ne fallait-il pas prendre contact avec les dernières personnes qui lui avaient parlé ?

HG : Comme je l’ai dit, nous avions appelé les personnes faisant partie de son cercle familial.

La magistrate Ameerah Dhunnoo, qui préside cette enquête judiciaire, rappelle alors à l’ordre le témoin en ces termes : « Vous n’avez pas répondu à cette question ! ». Me Bissessur réitère alors sa question.

DB : N’était-il pas plus logique pour la police de prendre contact avec les dernières personnes qui avaient parlé à Pravin Kanakiah ?

HG : Ce n’était pas nécessaire…

Visiblement surpris par cette réponse, Me Bissessur lance : « Que voulez-vous dire, pas nécessaire ? »

HG : Il n’y avait aucune suspicion que quelqu’un avait un quelconque « ill feeling » à l’égard de Pravin Kanakiah. Selon les dires de ses proches et de ses collègues, il avait de relations cordiales avec eux.

DB : Selon le relevé des appels téléphoniques, quel est l’appel qui a duré le plus longtemps ? Et pour combien de temps ?

HG : Il s’agit d’un appel qui date du 9 décembre 2020, effectué à 19 h. Cet appel a duré 514 secondes.

DB : N’était-il pas important de déterminer ce qui avait été dit lors de cette conversation ?

HG : Je ne peux pas répondre à cette question. Le PC Govinden, chargé de cet aspect de l’enquête, aurait pu orienter l’enquête sur cette conversation.

Avec cette réponse qui n’avait pas satisfait Me Bissessur, ce dernier avait alors commencé à interroger le SP Ghoora en ce qui concerne ses attributions dans cette enquête. Ce dernier a alors expliqué qu’il était le Supervising Officer de l’enquête.

DB : Quelles sont les responsabilités d’un Surpervising Officer dans une enquête ?

HG : Le Supervising Officer a pour tâche de veiller si l’enquête est menée de manière équitable et impartiale, selon les paramètres établis par la loi, et aussi au respect des droits constitutionnels des suspects. Il doit aussi s’assurer que toutes les preuves dans une affaire soient recueillies selon une approche holistique.

DB : Dans ce cas, lorsque l’enquêteur en charge du dossier a complété son enquête, c’est de votre devoir de revoir toutes les preuves et de vous assurer que le maximum de preuves avait bien été recueilli. Est-ce le cas dans cette affaire ?

HG : Oui.

DB : À la lumière de votre témoignage, êtes-vous d’accord que certaines preuves probantes auraient pu être recueillies dans cette affaire, mais ne l’ont pas été ?

HG : Je ne suis pas d’accord. Lorsque la police avait initié son enquête dans cette affaire, elle l’avait traitée comme un meurtre possible. C’est en recueillant les témoignages que la police peut décider s’il s’agit d’un meurtre ou d’une mort naturelle. Selon le témoignage de Utam Appadoo, ce dernier avait déclaré que son beau-frère s’était suicidé pour cause de dettes. Nous avons aussi essayé de savoir si quelqu’un pouvait avoir une raison de porter atteinte à la vie de Pravin Kanakiah, mais nous n’avons rien trouvé. La police est ainsi arrivée à la conclusion que Pravin Kanakiah s’était suicidé

La magistrate Ameerah Dhunnoo a alors mis fin à la séance. Cette affaire reprendra en Cour le mercredi 21 mai prochain.

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