De strictes mesures de sécurité mises en place pour l’inculpation provisoire sous trois charges en Cour de Port-Louis du bras droit de l’ex-CP Dip dans le réseau de Reward Money de Rs 250 M
Après l’étape d’hier, la convocation formelle pour interrogatoire Under Warning d’Anil Kumar Dip « In the Pipeline » au QG de la FCC
Convoqué depuis le début de la semaine avec le rendez-vous réaménagé par rapport à l’agenda de Me Raouf Gulbul, Senior Counsel In-Waiting, assurant la défense des Top Guns du gouvernement Jugnauth, le surintendant de police, Ashik Jagai, a dû finalement obtempérer en se rendant au QG de la Financial Crimes Commission à la limite de 15 heures, hier. Au terme d’une première séance d’interrogatoire Under Warning, ce haut gradé de la police, qui, jusqu’à novembre de l’année dernière, exerçait les pouvoirs d‘un quasi-commissaire de police dans des missions commandées, a passé sa première d’une longue série de nuits en cellule policière dans le cadre de l’opération DeepCode de la Financial Crimes Commission. Il a été placé en détention dans une cellule au poste de police de Coromandel vu que son chef hiérarchique, l’assistant commissaire de police, Dunraz Gangadin, occupe toujours une cellule au Vacoas Detention Centre.
À hier soir, des dispositions ont été prises pour assurer la sécurité du SP Jagai lors de sa comparution en Cour de Port-Louis avec trois charges provisoires Preferred contre lui. Les autorités se disent conscientes de la pression et de la profonde colère de la rue contre celui qui est parvenu à s’imposer comme un symbole d’abus d’autorité avec ou sans uniforme de la Mauritius Police Force, sous le précédent gouvernement MSM. Les premières indications sont que la Financial Crimes Commission compte objecter à la remise en liberté provisoire de ce suspect, dont le nom est cité en Background de toute décision relevant de la distribution du Reward Money de l’ordre de Rs 250 millions.
Les plus optimistes sont d’avis que le SP Ashik Jagai devra compter au moins trois semaines de détention provisoire et qu’il pourra être rejoint en cours de route par l’ancien commissaire de police, Anil Kumar Dip, annoncé comme Next On The List of Suspects, ou plus gentiment bientôt sur cet écran de la Financial Crimes Commission. La convocation formelle d’Anil Kumar Dip marquera un tournant dans cette enquête ébranlant les Police Headquarters depuis bientôt deux mois. Le choix de la piste de Questioning de l’ancien commissaire de police est étendu, allant de la correspondance enjoignant la State Bank of Mauritius à violer les dispositions de la Financial Intelligence and Anti-Money Laundering Act (FIAMLA) au sujet du plafond de Rs 500 000 pour des retraits bancaires ou encore sa Tenure of Office sous la Constitution en matière de gestion de fonds publics. Et cela, indépendamment des blanchisseurs de service, opérant en embusqués dans des institutions au-dessus de tout soupçon.
Les recoupements d’informations effectués par Le-Mauricien auprès des sources concordantes, hier soir, indiquaient que la Financial Crimes Commission (FCC) compte loger trois charges provisoires contre le surintendant Ashik Jagai au tribunal de Port-Louis lors de la comparution du jour en Cour. Premièrement, le suspect devra faire face à une accusation de Public official using office for gratification for another person en vertu de la Financial Crimes Commission Act. Lorsque le dénommé Jagai était à la tête de la PHQ Special Striking Team (SST) en novembre 2022, il aurait recommandé un versement de Rs 7 millions de manière frauduleuse. Deuxièmement, entre août 2022 à février 2024, il aurait abusé de sa position pour accorder un avantage à une tierce partie en infraction à la Prevention of Corruption Act (PoCA). Finalement, au cours de la période d’avril à septembre 2024, il aurait frauduleusement approuvé une demande de Rs 17 millions sous forme de Reward Money auprès du bureau du commissaire de police alors que seulement la somme de Rs 292 300 était justifiée. Ce qui est en infraction aux dispositions de la Financial Crimes Commission Act.
Au cours de cette première tranche de son interrogatoire, Ashik Jagai a nié les accusations qui lui sont reprochées et a affirmé avoir fait son travail selon les paramètres de la loi. Il a aussi ajouté qu’il n’a pas obtenu de l’argent sur son compte bancaire et que ces détails sont vérifiables.
Le développement intervenu hier avec la mise en accusation de celui qui aspirait à devenir le Mister Clean des Line Barracks fait suite au fait que son nom avait été cité nommément par un témoin dans une affaire mêlant saisies spectaculaires, transactions douteuses et soupçons d’irrégularités. Selon les enquêteurs, Ashik Jagai était l’homme de terrain et le principal intermédiaire avec les informateurs, tandis que son supérieur, l’ACP Dunraz Gangadin, gérait les aspects administratifs. L’enjeu pour la Financial Crimes Commission est de déterminer Beyond Reasonable Doubt les identités de ceux qui recevaient ces récompenses, pour quels montants et à quelles occasions.
À ce stade de l’enquête, la Financial Crimes Commission a appris que le SP Jagai aurait approuvé des Claims pour le Reward Money, au nom de l’ex-SST pour un montant de Rs 65,9 millions. Ces papiers ont été envoyés au bureau du commissaire de police pour obtenir d’importantes sommes d’argent. Sauf que des fichiers ne sont pas passés par le bureau Administration de la police. Or, cette unité, sous le commandement d’un haut gradé de la police, avait pour tâche pour procéder à l’examen des demandes pour établir si elles sont justifiées. D’où le fait qu’aujourd’hui, les enquêteurs ont appris que des OB Numbers pour des cas de braquage élucidés ou autres ont été payés avec de l’argent destiné aux informateurs qui donnent des renseignements sur des cas de drogue. Alors que les unités qui ont mené des enquêtes sur ce genre de délits n’avaient jamais réclamé de l’argent pour cela.
Dans le cas du SP Ashik Jagai, la Financial Crimes Commission croit savoir qu’il aurait pu abuser de sa position de chef d’équipe pour approuver des Claims, même si l’argent n’a pas été versé sur son compte bancaire. Selon la procédure, c’est le responsable d’une unité qui a mené une opération sur le terrain qui doit apposer sa signature sur le fichier de demande de Reward Money avec des détails sur l’opération concernée.
Pour la PHQ SST, les Government Cheques étaient versés sur le compte bancaire de l’assistant commissaire de police (Rs 163,4 millions), le supérieur du SP Jagai. Sauf que certains montants ont transité par les comptes des officiers subalternes comme les sergents Yeshdeo Seeboruth (Rs 76,5 millions) et Yusuf Ali Hossen (Rs 30 millions). La Financial Crimes Commission compte confronter Ashik Jagai à ces preuves accablantes déjà versées dans le dossier à charge.
Par ailleurs, la FCC enquête sur certaines demandes de récompense qui auraient été faites avant même les analyses officielles du Forensic Science Laboratory. Accusé de manière systématique d’être un spécialiste de Drug Planting, Ashik Jagai a toujours brandi la thèse d’un complot politique. Depuis la dissolution de la SST au début de cette année, il a été muté dans la Northern Division. Et cela pas pour longtemps, car l’Interdiction Order attend déjà…
Me Gulbul: « Mon client répond à toutes les questions de la FCC »
« Nous ne sommes qu’au début de l’enquête, et ce sera long. La FCC a confronté le SP Jagai avec certains documents et il a donné sa version. Il a répondu à toutes les questions. Il y aura plusieurs séances d’interrogatoire. Mon client a été arrêté en relation avec le paiement du Reward Money. En ce qui concerne une Bail Motion en Cour, je prendrai une décision plus tard… Par ailleurs, la Constitution fait état de la présomption d’innocence jusqu’à ce que la justice trouve une personne coupable. Jusqu’à présent, je suis confiant dans la déposition du SP Jagai. »