Le 10 novembre arrive à grands pas. Ce sera dans moins de deux mois. Finie longtemps déjà la période de grâce des 100 premiers jours. Le gouvernement de l’Alliance du Changement essuie déjà des coups de fleuret politique. Mais pas d’une opposition institutionnelle, qui peine à démêler les écheveaux en tous genres, allant des valises en balade avec Tracer et Rs 113,8 millions en devises et roupies aux Rs 250 millions de Reward Money d’un trio infernal alors aux commandes de la police comprenant Anil Kumar Dip, Dunraz Gangadin et Ashik Jagai. Mais surtout des coups de boutoir d’impatience avec une teinte de déception venant de la rue.
L’échéance des six mois pour enclencher l’exercice de consultations menant à la révision de la République est révolue. À la limite, les délibérations du Conseil des ministres de vendredi dernier laissent comprendre que le groundwork de la Commission sur les réformes constitutionnelles, voire électorales, a été mis en place. Reste quand même que le plus dur est à venir, en l’occurrence l’acceptation et la mise en vigueur des recommandations.
Les 60 ans de l’accession de Maurice à l’indépendance, qui sont presque derrière la porte et constituent une occasion de premier plan de revigorer l’espace démocratique républicain, apparaissent comme un point d’orgue de l’Alliance du Changement, que ce soit sur le front de la liberté d’expression ou encore de l’exercice du droit démocratique avec le retour aux urnes des citoyens pour le choix des conseillers municipaux.
En plus, le rendez-vous de la House of Commons de demain après-midi avec les débats en deuxième lecture du Diego Garcia Military Base and British Indian Ocean Territory Bill, confirmant une victoire plus qu’historique, en grande partie attribuée à la résilience opiniâtre de la lutte de la communauté chagossienne, se présente comme une étoile en l’honneur de la République de Maurice. Une majorité avait cru contre vents et marées en un dénouement positif du dossier des Chagos, soit la primauté du droit international, anéantissant l’arme des soi-disant puissants Might is Right. Une infime minorité, bien tapageuse à l’aide des échos, avait semé le doute. Qui dit qu’elle n’a pas encore abattu sa dernière carte aux couleurs coloniales ? Certes, le bail de 99 ans pour la base militaire et nucléaire de Diego Garcia reste comme un os en travers de la gorge.
Au tournant de ce prochain 10 novembre, marquant la fin de la première année d’exercice du pouvoir politique, la question qui devrait interpeller ceux qui ont été installés aux rênes du pouvoir est très simple : Eski inn nomm zot la pou fer palab ek lager ? La pression politique et populaire s’accentue de jour en jour sur les élus, ambitionnant de pouvoir se réapproprier ce slogan si cher au PMSD de Xavier-Luc Duval : rezilta lor rezilta. Force est également de constater que la transformation ne s’opère pas aux coups de baguette magique. Fair enough!
Mais s’il y a un symbole, qui est appelé à faire la différence en termes de changement, c’est bien cette Tower, illuminée aux couleurs nationales chaque jour, susceptible de faire la fierté de la République. Avant le 10 novembre 2024, la Bank of Mauritius Tower avait été vouée aux gémonies politiquement tant que cette institution, dont l’autonomie et l’indépendance sont garanties par un cadre légal hors pair, était gérée par Remote Control de l’Hôtel du Gouvernement ou du ministère des Finances. L’exemple flagrant demeure ce jeu d’écritures pour allouer un financement de Rs 25 milliards de la Mauritius Investment Corporation à la société Airports Holdings Limited, présentée alors comme étant capable d’émuler l’infrastructure aéroportuaire de Dubaï. Aujourd’hui, la conséquence prend la forme d’un impairment de Rs 20 milliards dans le bilan de la Banque de Maurice.
Neuf mois se sont écoulés depuis la nomination d’une nouvelle équipe dirigeante dans les hautes sphères de la Bank of Mauritius Tower. L’accouchement se résume en un départ avec fracas du Second Deputy Governor avec le poste toujours vacant bientôt la première quinzaine entamée. La séquence ne s’annonce guère différente d’un vulgaire épisode d’attaques et de contre-attaques avec des accusations en tous genres alors que pendant neuf mois, les protagonistes ont cohabité.
En parallèle, le système bancaire semble avoir perdu toute immunité contre l’un des virus les plus dévastateurs, en l’occurrence le money laundering. Les bribes d’informations, qui filtrent chaque jour du QG de la Financial Crimes Commission, des multiples enquêtes croisées, pointent un doigt accusateur et dénonciateur contre l’inefficacité flagrante des contrôles imposés sous les dispositions de la Financial Intelligence and Anti-Money Laundering Act.
Au cours de ces mêmes neuf mois, a-t-on vu les ténors en poste à la Bank of Mauritius Tower s’alarmer de cette situation précaire, mettant en péril l’enseigne Banking in Mauritius? Ou encore engager le processus de thinking out of the box face à cette gangrène, pour ne pas dire cancer, de blanchiment de fonds ?
Le début de ce présent mandat avait vu le Treasury Building multiplier des efforts pour contrer un downgrading de Maurice au junk status par Moody’s. Au rythme où vont les choses, le spectre de la grey list de l’Eastern and Southern Africa Anti-Money Laundering Group ne devra pas tarder à assombrir l’horizon des finances à moins que d’ici là zot arive konpran ki pa’nn nomm zot la pou fer palab ek lager. Mais pou sanze.
En tout cas, les tentacules asphyxiants du Money Laundering ne cèdent pas un pouce de terrain.