Et cet ombre qui plane sur le QG de l’Adsu !

Le 27 juillet prochain marquera le 5e anniversaire de la publication du rapport de la commission d’enquête sur la drogue, dont la présidence avait été confiée à un ancien juge de la Cour suprême, Paul Lam Shang Leen. Auparavant, les séances d’audition avaient tenu plus d’un en haleine, de par la teneur des dénonciations ou encore le profil de ceux assignés à déposer.

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En amont à ces convocations formelles, la commission pouvait s’appuyer sur un travail d’éclaireur mené par une escouade de limiers, affectés à l’Anti-Drug and Smuggling Unit (Adsu), menée par l’ASP Hector Tuyau, aujourd’hui à la retraite. Mais depuis ce vendredi 27 juillet 2018, beaucoup d’eau a encore coulé sous les ponts. N’empêche que le fléau de la drogue continue de faire des ravages à tous les niveaux de la société. Pas un jour ne passe sans qu’une personne âgée ne fasse l’objet de menaces ou de sévices de la part d’un plus jeune pour avoir quelques sous en vue de s’assurer sa dose. Ou encore un chef de famille, qui ne sait plus où mettre la tête face à sa progéniture, prise dans l’engrenage des marchands de la mort.

Pourtant, les statistiques, égrenées à la moindre provocation politique, font état de saisies les unes plus spectaculaires que les autres, ou encore de valeurs marchandes à faire pâlir le petit entrepreneur du coin, qui lutte midi et soir pour gagner son pain quotidien à la sueur de son front. Des quelque 390 recommandations de la commission d’enquête, identifiées et visant à “kas lerin bann trafikan”, la grande majorité a été mise en pratique. Aucune raison de disputer cette affirmation. Tout de même, le terrain demeure encore plus fertile pour les trafiquants, qui continuent de faire fortune sur les cadavres des victimes, qui se joignent désormais de plus en plus jeunes à la queue.

La seule et probablement la plus conséquente des mesures recommandées, qui a rencontré la plus robuste des résistances et des objections de la part du gouvernement, est sur la voie de se réaliser. Indépendamment de tout. Vous ne voulez pas le croire. Voyons les faits !

Le point fort du rapport Lam Shang Leen est le démantèlement pur et simple de l’Adsu. Le substitut proposé est la National Drugs Investigation Commission (NDIC), “headed by a chairperson having a legal background” et disposant des ressources humaines et techniques nécessaires pour descendre dans l’arène et mater la puissance de mafias de la drogue, dont les tentacules s’étendent à tous les niveaux. Cette proposition, aussi bien élaborée soit-elle dans le rapport, n’a jamais bénéficié des faveurs de l’Hôtel du gouvernement. À tort ou à raison. À l’Assemblée nationale, justifiant le statu quo par rapport à l’Adsu, le Premier ministre, Pravind Jugnauth, trouvait en substance que « nous devons être très prudents, car démanteler une unité pour en créer une autre n’est pas une solution en soi ».

Mais quel est le constat sur le terrain depuis ces derniers mois ? Surtout avec cette séquence des plus incroyables intimement liée à l’énigme Franklin, The Man from Nowhere to be the King of the West. L’Adsu, jadis l’un des plus beaux fleurons de la force policière, ne paraît nulle part, ou presque – probablement pour les petits consommateurs de stupéfiants – sur le radar de la lutte contre la mafia de la drogue.

Dans un premier temps a surgi dans le paysage une PHQ Special Striking Team, sous la gracieuse supervision du commissaire de police, Anil Kumar Dip. Éclipse totale du patron de l’Adsu, le DCP Choolun Bhojoo. Après des fracas initiaux en matière de High Profile Cases de saisies et d’arrestations, l’ombre de Jean Hubert Célérine, alias Franklin, est venue mettre un bémol aux opérations de cette même flamboyante PHQ Special Striking Team et son bâton magique.

Encore une fois, l’Adsu choisit de s’éclipser du radar. Attention, les sinistres dessous de la commission rogatoire, demande soumise par le truchement de la France et exécutée devant la Master and Registrar le 18 septembre 2019, représentent encore un tremplin pour l’Adsu de faire sentir son poids sur le tableau de la lutte contre la drogue. Le DCP Bhojoo, qui avait traité alors avec ses pairs de la gendarmerie de La Réunion au sujet du démantèlement de l’axe Réunion/Maurice en matière de trafic de drogue, à la lumière d’une série de déplacements à l’île sœur, n’a pas jugé utile jusqu’ici d’éclairer la lanterne de la population au sujet de cette sombre affaire, où deux suspects condamnés à sept ans de prison par le tribunal correctionnel de Saint-Denis se retrouvent toujours en totale liberté de mouvements et d’opération.

Et comment ne pas croire que le démantèlement de l’Adsu est quasiment engagé, même si la recommandation de la commission Lam Shang Leen pour son remplacement par la NDIC n’est toujours pas encore à l’agenda à l’Hôtel du gouvernement ?

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