Le soulagement est perceptible, mais la prudence reste de mise. Selon une information publiée par Reuters, l’administration du président américain Donald Trump a annoncé son soutien à une prolongation d’un an de l’African Growth and Opportunity Act (AGOA), ce programme qui permet aux pays d’Afrique subsaharienne, dont Maurice, d’exporter vers les États-Unis en franchise de droits. L’initiative, arrivée à échéance ce 30 septembre, fait encore l’objet d’intenses tractations au Congrès américain.
Créée en mai 2000 sous l’administration Clinton, l’AGOA accorde un accès préférentiel au marché américain à plus de 1 800 produits provenant de 32 pays africains. Parmi eux, 21 bénéficient d’un traitement particulier dans le secteur du textile et de l’habillement, un secteur clé pour Maurice, Madagascar, le Lesotho ou encore le Kenya
Le soutien de l’administration Trump à l’AGOA intervient alors qu’un climat d’incertitude plane sur l’avenir du dispositif. Les syndicats africains avaient alerté : plus d’un million d’emplois indirects risquaient d’être compromis si l’accord n’était pas reconduit. « L’AGOA est la bouée de sauvetage de nombreuses personnes dans des secteurs très critiques », souligne Hod Anyigba, chef économiste de l’ITUC-Africa (International Trade Union Confederation Africa), qui regroupe 17 millions de membres.
Cependant, certains économistes soulignent que la fin éventuelle de l’AGOA pourrait ouvrir la voie à d’autres dynamiques commerciales : accords bilatéraux plus avantageux ou renforcement des échanges intra-africains, notamment via la Zone de libre-échange continentale africaine.
Pour Maurice, l’enjeu est considérable. L’expiration pure et simple de l’AGOA entraînerait une hausse brutale des droits de douane. Une telle évolution pénaliserait lourdement la compétitivité des exportateurs, en particulier dans le textile.
En 2023, les importations américaines au titre de l’AGOA se sont élevées à près de 10 milliards de dollars. Même si cela ne représente qu’une fraction des importations totales des États-Unis, l’impact reste majeur pour certains pays africains. Les entreprises américaines, elles aussi, ont bénéficié d’un accès facilité à des matières premières, métaux, textiles et produits intermédiaires, ce qui a renforcé la compétitivité de leurs industries en aval.
Par ailleurs, l’AGOA a favorisé les investissements directs étrangers américains sur le continent, participant à la constitution de chaînes d’approvisionnement plus diversifiées et résilientes.
Les exportateurs mauriciens suivent la situation de près. « Nous espérons un dénouement positif, mais nous devons attendre », explique Lilowtee Rajmun, Chief Executive Officer de la Mauritius Export Association (MEXA). L’association attend une communication officielle, sachant que l’incertitude freine déjà la prise de commandes et les décisions d’investissement.
La MEXA poursuit : « nous avons intensifié nos démarches via notre lobbyiste à Washington pour obtenir une extension de l’AGOA. Bien que les chances de renouvellement restent minces, nous gardons espoir et continuons de suivre le dossier de près. Dans le cas où l’AGOA ne serait pas renouvelée, toutes les exportations mauriciennes vers les États-Unis seront, à partir du 1er octobre 2025, soumises au taux de droit applicable par les États-Unis sur le produit exporté, augmenté du Reciprocal Tariff de 15 %. » Par exemple, pour un jean en coton exporté vers les États-Unis, ce sera un droit de douane de 16,6 %, plus le Reciprocal Tariff de 15%, soit un taux global de 31,6 % pour ce type de produit.