Pour sa seconde exposition solo, qui a pris fin en ce dernier mois de l’année à la galerie Imaaya de Phoenix, la plasticienne Joëlle Rosalie-Baya a allié la broderie à ses gravures pour mieux s’exprimer sur l’évolution de l’être, notamment « la femme », sur laquelle elle travaille depuis de nombreuses années. La collection Floraison a ainsi donné à voir une trentaine de gravures mettant en avant l’évolution du travail de la graveuse de la première pièce produite à la dernière.
Pour cette deuxième exposition solo, Joëlle Rosalie-Baya a produit 28 tableaux de différentes dimensions. Pourquoi Floraison ? Joëlle Rosalie-Baya explique que le thème est évocateur, car il parle de l’évolution de la femme. « J’ai décidé de travailler ce thème différemment; d’un point de vue du développement personnel de la femme, sa croissance intérieure. J’ai fait un parallèle entre les plantes et les motifs floraux et la femme. De cette petite graine qui grandit pour devenir une plante et, ensuite, produire des fleurs… Car même dans les intempéries, on continue de grandir », observe-t-elle.
Pour cette collection, elle a principalement fait de la linogravure et quelques sérigraphies et pochoirs, ainsi qu’un mélange. L’association de la broderie à la gravure relève d’une dimension symbolique. « J’ai toujours trouvé la broderie comme étant quelque chose de doux. Et là, elle vient recoudre des blessures. D’où l’association de ces deux techniques. »
Le travail maintient cependant son esthétisme avec le choix de la couleur du fil et les parties qui en sont relevées. « La broderie vient en dernier. Quand j’ai fini d’imprimer, je regarde ce que cela donne. Et là, je choisis quelle couleur j’utiliserai pour la broderie. »
L’artiste explique sa démarche : un croquis en petit format d’abord pour avoir une idée de ce que cela donne en termes de composition. Ensuite, elle procède à la gravure de sa plaquette. « Je ne mets pas de couleur quand c’est en petit format. Ce qui est formidable avec la linogravure, par exemple, c’est qu’on peut faire plusieurs essais jusqu’à trouver satisfaction. J’en fais d’ailleurs plusieurs. Parfois, cependant, je mets de la couleur sur papier. »
Elle procède aussi quelquefois par superposition, et en utilisant une même plaquette par d’autres. « Je mets une couleur au départ; j’utilise de l’encre. Plus tard, je reviens avec une deuxième. Parfois en juxtaposition. »
Joëlle Rosalie-Baya possède une petite presse chez elle pour réaliser ses travaux, car « il faut bien s’équiper », dit-elle. Tout en ajoutant toutefois que « beaucoup est fait à la main ». Tout simplement parce que, parfois, ses plaquettes sont trop grandes pour sa presse.
Certaines pièces sont gravées sur papier, et d’autres sur tissus, même si l’artiste préfère cette première matière. « C’est peut-être dû à ma formation de graveuse. Le tissu peut présenter certaines difficultés qu’on ne rencontre pas quand on travaille sur papier, comme les plis. Cependant, on peut avoir des textures intéressantes en gravant sur tissu », indique-t-elle au Mauricien.
Si elle a commencé par des motifs figuratifs, petit à petit, elle a gommé les détails, avant d’épurer l’ensemble de la production. Idem pour l’utilisation de couleurs. Si elle a opté au départ pour de la couleur, son cheminement l’a orienté vers une bicoloration, soit le noir et blanc, avec de temps en temps une touche de couleur. « Au fur et à mesure que j’avançais, j’ai voulu aller vers l’essentiel en me demandant si une pièce avait bien besoin de couleurs. Comme pour les traits, a-t-elle besoin qu’on l’identifie individuellement ? »
Enseignante d’art au Lorette de Quatre-Bornes depuis une vingtaine d’années, notre interlocutrice dit avoir eu un déclic lors de sa première exposition solo, en mai 2024, au Caudan Arts Centre. Ainsi, elle inaugurait 2025 avec un long congé auquel elle a droit après une vingtaine d’années de services, et en profite pour mener à bien son projet : une deuxième expo solo.
À l’école, ses élèves pratiquent également la gravure. « La linogravure, surtout, qui leur est plus accessible au collège », précise-t-elle.
Exposition — Deuxième solo : Joëlle Rosalie-Baya allie gravure et broderie pour évoquer la femme
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