Femmes dans la République de Maurice en 2025

Mélanie Vigier de Latour-Bérenger

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Psychosociologue

Tenter d’ouvrir les esprits et les cœurs depuis des années pour plus de place et de respect des femmes. Quelle lutte pour de réels changements de mentalités !

Dans le Monde. À Maurice. 

Plusieurs femmes et quelques rares hommes s’indignent, décrient ces inégalités et militent pour plus d’égalité depuis des années. 

Merci à chacun.e de vous. À vous : Olympe de Gouges, Simone Veil, Simone de Beauvoir, Tarana Burke, Chimamanda Ngozi Adichie, Angela Davis, Gisèle Halimi, Aranya Johar, Marie Koré, Aoua Kéita, Gertrude Omog, Neera Desai, Hayat Mirshad, Vida Goldstein, Emilienne Rochecouste, Radha Poonoosamy, Shirin Aumeeruddy-Cziffra, … la liste est longue, merci Mesdames de vous être indignées et d’avoir persévéré. 

Merci aux féministes qui continuent de se mobiliser pour plus de protection et d’égalité.

Merci à celles et ceux qui choisissent d’élever leurs enfants dans plus de conscience et qui posent des actions concrètes dans ce sens.

À Maurice, 8 % des ministres sont des femmes.

18 % des sièges à l’Assemblée sont occupés par des femmes, dans une république où celles-ci représentent plus de la moitié de la population.

En ce qui concerne les salaires, l’écart de rémunération brut au niveau mensuel, entre les hommes et les femmes serait de 27,2 %, en 2024.

Les filles et les femmes sont beaucoup plus victimes de violences dans le monde et dans notre république. 

En moyenne, à Maurice, entre 2019 et 2023 :

Plus de 15 cas de maltraitance d’enfants sont signalés chaque jour aux autorités de protection, dont plus de 55 % concernent des filles. 

Plus de 87 % des victimes d’agressions sexuelles sur mineur.e.s sont des filles. 

Plus de 8 cas de violences conjugales sont signalés chaque jour au Ministère de l’Egalité des genres et du Bien-Être de la famille ; environ 80 % sont des femmes.

Plusieurs articles écrits en 2015, 2018, 2021 sur la situation à Maurice où je tente, de ma place de femme, de psychologue, de militante, de maman, de m’indigner, de dire, d’animer des sessions de sensibilisation, de faire des recommandations, de mobiliser pour faire évoluer la situation. Minuscules pas…

Quelques petites étincelles d’espoir surgissent comme en mai 2025, l’abrogation de l’article 242 du Code pénal, une loi de l’époque coloniale qui excusait le meurtre des femmes en cas d’adultère. 

Ou encore celle de l’annonce en mai 2025 du viol conjugal qui sera criminalisé…

Que la route reste longue…

Ouvrons nos yeux, nos esprits et nos cœurs. 

Nommons ces inégalités. Et agissons en conséquence.

Si nous avions, au moins un peu plus de considération :

– moins de promo d’électroménager pour le 8 mars ou la fête des mères, qui indiquerait un petit changement de mentalité et un questionnement sur le rôle « traditionnel » des femmes dans la société mauricienne.  

– Si nous avions moins souvent besoin de penser à tout ce qui entoure la planification et gestion du foyer et travail invisible gigantesque : gestion des enfants (rendez-vous médicaux, bien-être, modes de garde…), gestion de la scolarité des enfants (inscription, matériel, uniformes, chaussures, etc.) ;  gestion de la maison (courses, lessives, repas, nettoyage, etc.), mode de contraception, etc. 

Et là aussi la liste est tellement longue… 

Si cette surcharge mentale était déjà un peu plus équitable, si les femmes pouvaient déjà avoir moins besoin de « demander» aux partenaires de faire leur part et de contribuer aux tâches ménagères et familiales, comme le souligne Dre Myriam Blin dans son intervention en juin 2025 sur l’économie reproductive,  ce serait positif même si insuffisant. 

Pensez aussi Messieurs.

Ce  travail domestique terme employé par Céline Bessière, professeure de sociologie et Sibylle Gollac, sociologue et chercheuse au Centre National Recherche Scientifique en France, en 2020, qui expliquent les mécanismes qui favorisent l’appropriation masculine du capital et le lien avec la transmission des inégalités de richesse entre classes sociales de génération en génération. 

Merci donc au travail non rémunéré des femmes qui enrichit les hommes ; impacte les femmes, entre autres, sur leur carrière, leur état psychique et physique !

Qui les voit, les remercie, les valorise ? 

Quand ?

Qui les aide à prendre conscience de leur valeur, pas seulement pour ce qu’elles font, mais pour ce qu’elles sont ?

Quant à toi, homme, qui en me présentant récemment à toi m’a demandé, « Mélanie, femme de qui » ? Sache que nous sommes en 2025, que j’existe en tant que femme, que professionnelle, qu’humain, à part entière.

Je pense et j’espère que l’intensité de ma réaction t’a permis de comprendre la bassesse et l’énormité de ces propos réducteurs.

Le ministre de l’Éducation à Maurice mentionne à la mi-juin 2025 que la mixité sera reconsidérée dans les écoles ? D’où provient cette annonce qui ne pourra aucunement permettre aux jeunes d’ouvrir leurs yeux, esprits et leurs cœurs ? La mixité dans les écoles selon plusieurs recherches a de multiples effets bénéfiques notamment celui de lutter contre les stéréotypes. Cette mixité est d’autant plus essentielle dans un contexte patriarcal mauricien.

Je l’écrivais en 2021, 4 ans plus tard, j’y reviens : À nous, à vous Mesdames, super-héroïnes !

À nous femmes, de prendre conscience et de faire valoir notre valeur, nos droits.

Même si nous sommes appelées, non sans difficulté, à questionner éducation, traditions et croyances.

À vous hommes de vous remettre en question, de vous informer de comprendre les concepts de masculinité et d’oser aborder ces discussions.

Car, comme l’indique Kaouthar Trojette en juin 2025, nous avons tous.tes à gagner dans une société plus inclusive et paritaire : « plus de liberté, un partage du poids économique, une paternité épanouie, des relations plus authentiques, des entreprises plus performantes, une économie plus robuste et des politiques publiques plus inclusives ».  

À nous mesdames de continuer de nous indigner et de nous faire entendre.

À nous toutes et tous, ensemble, de transmettre et d’incarner cette égalité. 

 

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